La mobilité scolaire et universitaire des jeunes Africains: le dé de la réussite ?

La mobilité scolaire et universitaire des jeunes Africains: le dé de la réussite ?
Par :
Malang Mané – Psychologue – Conseiller d’orientation (Sénégal)
Novembre 2004

De plus en plus, ils sont nombreux, ces jeunes Africains, à choisir la mobilité comme voie d’éclosion et d’épanouissement intellectuels ou professionnels. Etudier ou travailler hors de son pays constitue ainsi, pour cette jeunesse, un pallier d’orientation réaliste voire pragmatique. Il s’agit également de l’expression d’une quête d’identité scolaire ou professionnelle « sécurisée » à travers l’émergence d’un curriculum académique ouvert, adapté et performant.

A vrai dire, dans un contexte global marqué par de fortes contraintes économiques et de fulgurantes mutations technologiques, il résulte des facteurs qui préposent à la mobilité dite géographique. En Afrique, outre les conflits géopolitiques quasi omniprésents, il y a la pauvreté et l’absence presque généralisée de cadres institutionnels favorisant l’insertion et l’intégration socioprofessionnelle. D’où pour de nombreux étudiants, la tentation à une sorte d’ « asile intellectuel » vers des cieux plus cléments et prometteurs. Bref une désertion justifiée des zones d’insécurité socioéconomique manifeste, d’instabilité politique aux conséquences lourdes sur la qualité de la formation, les stratégies d’insertion des diplômés etc.

Cependant, il faut également noter l’autre pan de mobilisation des ressources humaines caractérisé par la mise en valeur de créneaux souvent indépendants notamment les supports que sont : les bourses d’études, la coopération, le parrainage privé…

Par ailleurs, une lecture des destinations privilégiées, montre une inégalité notoire de répartition des candidats, selon le degré de prestige des espaces d’accueil. Si l’Europe et certains pays d’Amérique comme d’Afrique constituent des pôles d’attraction, ces mouvements intellectuels pour ne pas redire « fuite des cerveaux et de main d’œuvre » compromettent-ils pour autant le développement de l’Afrique ? Là est le débat !

L’on est tenté de le croire, au regard du rythme phénoménal des « départs – retour » et « départs – sans retour ». Déjà il y’a quelques années, l’Unesco situait le nombre d’Africains titulaires d’un doctorat et travaillant en dehors du continent à 30 000 (cf. Quotidien sénégalais le Soleil du 15 avril 2002). Qui plus est, entre 1985 et 1990, ils étaient 60 000 professionnels (scientifiques, docteurs, ingénieurs) à avoir quitté le vieux continent.

Toutefois des interrogations (fondées ou non) sur l’impact réel des flux migratoires ne peuvent occulter, il faut le souligner avec force, la très haute qualité de nos ressources humaines choyées dans les plus hautes sphères du monde. Dés lors, il faut avouer et reconnaître que l’échange des ressources humaines formées et qualifiées est une source de viabilité, de validité et de rentabilité. Ceci, parce que, les effets socioéconomiques, (malgré les difficultés que certains expatriés victimes de l’échec ont à retourner à la terre-mère), expriment de manière indéniable, les énormes possibilités et réalités d’investissements financiers et intellectuels que l’expertise africaine vivant à l’étranger apporte. A ce titre nous pouvons évoquer l’exemple du Sénégal où les immigrés, tous profils confondus, contribuent très fortement à investir et à promouvoir le développement socio-économique local.

Quoi qu’il en soit bouger n’est pas une mauvaise chose, pourvu que cela réussisse. Au total, le dé du succès n’est-il pas fondamentalement ailleurs ? L’excellence ! Partout valable, partout fière et partout rentable !!

Novembre 2004

MALANG MANE
Psychologue – Conseiller d’Orientation Scolaire et Professionnelle
Ancien Président de l’Amicale des Etudiants de Ziguinchor (AMEZIG)
E-Mail : [email protected]

Autre lecture
La fuite des compétences en Afrique francophone (Unesco, 2004)

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *