CAMEROUN – Rentrée Scolaire 2011: Survivre aux élections et aux mauvais résultats

Difficultés financières, élections en perspective, spectre des mauvais résultats, l’année scolaire 2011 débute sur de nombreux challenges

Ce lundi 5 septembre 2011 est jour de rentrée scolaire au Cameroun. Les autorités la veulent effective, mais sur le terrain de nombreux aléas subsistent. Au Lycée de Nkoleton un quartier de Yaoundé la capitale du pays, on vit ces difficultés dès le premier jour. Si de nombreux élèves étaient présents très tôt le matin, plusieurs autres ne pourront débuter ni aujourd’hui, ni avant la fin de la semaine. Problème, la liste des nouvelles recrues n’est pas encore disponible. Une conséquence de la décision prise un mois plus tôt par le ministère des enseignements secondaires de geler les opérations de recrutement dans les établissements publics. Il fallait d’une certaine façon éviter une situation où les lycées se retrouvent en sur effectivité, du fait d’une allocation anarchique des places, a justifié Evelyne Ngolle, inspecteur générale au ministère des enseignements secondaires, dans un entretien accordé à la télévision nationale. Cette représentante du ministère le reconnait néanmoins, face au vrai problème qui est celui de la vente des places, l’administration seule n’y peu grand-chose. Il y a des parents qui bien que leurs enfants ne répondent pas aux critères, tiennent à ce que ceux-ci soient retenus dans un lycée précis, à la fin les responsables d’établissement subissent une telle pression qu’ils cèdent, explique-t-elle. Mais elle reconnait aussi que la demande en structure d’éducation croit plus que ce que l’Etat ne peut offrir. Presqu’un aveu d’échec, alors que sur les dix dernières années, la part de dépenses publiques réservées au secteur éducatif a toujours été proche du cinquième du budget de l’Etat.

Autre préoccupation pour les parents, le coût de la rentrée. Pour les plus nantis et aussi les moins nombreux, l’incidence financière de la rentrée scolaire est presque supportable. Pour les familles à revenus moyens, cela reste un parcours du combattant. Toujours au lycée de Nkoleton ce matin, une dame est inquiète. Sa fille est admise à y effectuer la sixième, mais elle n’a pas encore payé les frais d’inscription. Cette fois un des surveillants de l’établissement est indulgent. Vous pourrez toujours le faire d’ici la fin de la semaine, mais il faudra le faire ! lui répond Monsieur Baba. Les frais exigibles en eux même ne sont pas importants. Le gouvernement a fixé la somme à 7500 francs CFA pour le premier cycle. Mais sur le terrain les parents se plaignent. Les frais d’association de parents d’élèves(APE) sont exorbitants. Jusqu’à 20 000 FCFA dans certains établissements. A cela il faut ajouter d’autres exigences non définies. L’achat du savon, du papier hygiénique, les frais de formation en informatique, l’achat de l’uniforme de sport et bien d’autres. Au final une inscription revient à près de 50 000 FCFA par enfant. Et il faut y ajouter le prix des manuels scolaires, non subventionnés et qui change au fil des ans. C’est vraiment très dur, ma cotisation me demande d’attendre, nous sommes nombreuses à avoir demandé le crédit j’attends de voir ce que cela donnera déclare la maman de la jeune fille, sur les raisons du retard d’inscription.

Au-delà des préoccupations liées aux tracasseries, la rentrée 2011 démarre avec les problèmes classiques de la communauté éducative. Des enseignants qui se plaignent des mauvaises conditions de travail, des établissements qui continuent de ne pas avoir tout le matériel requis pour dispenser les enseignements, la lutte contre des établissements clandestins. Cette année le spectre des mauvais résultats de l’année précédente domine. Selon une rumeur alimentée par des enseignants, on serait allé jusqu’à 06/20 de moyenne pour libérer le Baccalauréat. Faux ! Rétorque l’administration : Je suis en colère lorsque j’apprends de telles choses. On ne peut pas et on n’a jamais délibéré un examen à 06 de moyenne dans ce pays, en tout cas pas depuis que je travaille dans cette administration. Il y a un processus clair et défini pour les délibérations et cela n’implique pas de telles choses a fait savoir madame Ngolle, dans le même entretien accordé à la CRTV. Elle se refuse par contre à donner les règles qui entourent cette procédure, sous le socle de la confidentialité. Elle s’est aussi refusée à admettre une baisse de la qualité des enseignements, en raison du manque de motivation chez les enseignants, mais aussi de la perte de crédibilité de ceux-ci aux yeux des élèves. Mais relève la responsable du ministère, il y a aussi la démission des parents, qui ne jouent plus le rôle de relais à la maison. Une situation logique qui découle de l’environnement socio économique du pays. Face aux difficultés de la vie, les parents ont désormais peu de temps pour leurs enfants. Mais le ministère est confiant, la rentrée 2011 est basée sous le prisme de la performance. Un optimisme qui semble purement administratif. Avec deux élections en perspective, les perturbations risquent d’être encore plus fortes au cours de cette année scolaire.

Par Idriss Linge – 05/09/2011

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