ALGERIE – L’examen qui crée la polémique

L’Office national des examens et concours (ONEC) jette la responsabilité sur les enseignants qui n’auraient pas respecté le programme.

Les candidats au Brevet d’enseignement moyen (BEM) ont passé les dernières épreuves hier. Les sujets de sciences naturelles et de français ont laissé une touche de douceur pour les candidats, qui ont terminé l’examen avec un brin d’espoir d’obtenir une moyenne permettant d’emprunter le chemin du lycée. Mais la polémique accompagnant la question «hors programme» du sujet d’éducation islamique se fait plus pesante pour perturber la sérénité des candidats qui craignent d’être sacrifiés. Des craintes qui restent justifiées, en l’absence d’une réponse claire de la tutelle concernant cette question.
Le ministère de l’Education nationale a affirmé lundi soir que pour le moment «aucune décision n’a été prise au sujet de l’ajustement du barème de notation des copies de la matière d’éducation islamique des candidats du Brevet de l’enseignement moyen (BEM), session de juin 2012, suite à l’introduction d’une question hors programme scolaire».

Dans une déclaration à l’APS, un responsable du département de Benbouzid précise qu’«une enquête a été ouverte à ce sujet». Comme précisé dans l’édition d’hier, la question concernée est notée sur six points et porte sur l’écriture avec vocalisation des versets coraniques 34 à 36 de la sourate Fossilat. Dans cette question liée à un sujet, supprimée du programme de cette année scolaire, il est demandé aux candidats de relever trois orientations contenues dans les versets de la même sourate.  Dans ce genre de situation, «si un problème survient dans une des matières lors des examens officiels, la question est annulée et la note de cet exercice répartie sur les autres questions de la même matière», a expliqué Nadir Boulekroun, directeur de l’éducation d’Alger, dans une déclaration à la même agence.
Les enseignants tenus pour responsables
L’ONEC n’a pas attendu la conclusion de la tutelle pour endosser la responsabilité aux enseignants. Dans son intervention sur les ondes de la Chaîne 1, son directeur a contredit les accusations des syndicats et des élèves : le cours relatif à la question de l’épreuve d’éducation islamique «existe» dans le manuel scolaire de 4e AM, a-t-il affirmé, en soulignant qu’«il avait été dispensé par la plupart des établissements scolaires». M. Salhi a ajouté que le cours en question était «effectivement» prévu dans le programme officiel.
Le directeur de l’ONEC a ajouté que les enseignants et les inspecteurs ont confirmé que «les versets coraniques figurent officiellement dans le programme et le cours y afférent a été dispensé aux élèves». Le même responsable impute cette situation «aux enseignants qui n’ont pas respecté le contenu du livre scolaire», a-t-il soutenu.

Des déclarations que les représentants des enseignants rejettent en bloc. «C’est inacceptable», estime M. Amraoui. Attribuer la responsabilité aux enseignants «ne répond à aucune logique», fulmine le responsable de l’Unpef, en rappelant que le ministère doit prendre «ses responsabilités en tenant en compte l’intérêt des élèves qui ne doivent, en aucun cas, payer pour une erreur dans la programmation».
L’Unpef a renouvelé son appel au ministère afin d’annuler la question et de redistribuer les notes sur les autres questions. Les épreuves du BEM se sont terminées sur fond d’inquiétude, même si les dernières épreuves ont été «abordables» et «sans questions hors programme».

Les élèves interrogés hier devant un centre d’examen à Mohammadia (Alger) étaient plutôt rassurés. «En ce qui me concerne, nous avons eu ce cours, bien qu’il ait été annulé. Que le ministère garde la question ou la supprime, je ne suis pas pénalisée», répond une collégienne. Des candidats interrogés devant l’établissement Pasteur à Alger-Centre affirment que «cela ne peut pas être une source d’inquiétude. Certes, nous n’avons pas répondu à la question, mais nous sommes certains qu’une solution sera trouvée. L’essentiel est que le message est passé, c’est au ministère de trouver une solution pour ne pas pénaliser les élèves».

Fatima Arab – El Watan 13/6/12

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