FEMMES – Des notes sexuellement transmissibles au travail sexuellement transmissible: une gangrène à tous les niveaux

Si avec le temps cette pratique des notes sexuellement transmissibles est devenue une sorte de monnaie dans le milieu de l’éducation, toujours est-il que c’est un frein dans tous les domaines.

Dans l’éducation – La plupart des élèves qui sont habitués à utiliser ce langage pour obtenir des faveurs auprès des enseignants. Les élèves qui acceptent les Nst la plupart du temps ne veulent plus fournir d’efforts d’eux-mêmes pour obtenir de bons résultats scolaires. À cet effet Monique témoigne « je suis sortie avec un professeur, au début je n’étais pas d’accord mais avec le temps j’ai su que je pouvais tirer d’énormes avantages de notre relation et du coup je n’apprenais plus. Il suffisait que je lui dise que je ne me sens pas bien pour qu’il organise un devoir spécialement pour moi, ou qu’il me mette une note ou encore qu’il intervienne si cela arrivait dans la matière d’un de ses collègues ». Aussi même si ces élèves ont de bonnes notes durant l’année scolaire où elles s’offrent les faveurs de ces professeurs, toujours est-il que quand le professeur est affecté dans un autre établissement, quand il n’est plus son professeur ou encore quand il jette son dévolu sur une autre fille, la différence se fait ressentir. Il n’est pas rare de voir qu’une élève ayant de bonnes notes dans une matière obtienne des notes nulles dans la même matière pour la classe suivante.

À l’Ecole normale de Bambili par exemple, une session entière d’examens de fin de semestre a été reprise ce mois de mars 2013 à cause d’une rumeur de fuite d’épreuves chez les étudiants et pour cause, John étudiant dans cette école affirme « il parait que des professeurs auraient donné des épreuves à des étudiantes avec qui ils ont une relation intime, celles-ci les auraient à leur tour donné à leurs amis et ainsi tout le monde a eu accès aux épreuves. Résultat nous sommes obligés de composer à nouveau ».

Même si au début les étudiantes sont des victimes, toujours est-il qu’il ne leur faut pas une grande période pour coopérer et ne plus fournir d’effort pour évoluer sur le plan scolaire. Ainsi ayant pris goût, l’étudiante voit en cela le seul moyen par lequel elle pourra parvenir à ses fins : de bonnes notes et des diplômes avec mention ou encore des bourses.

Dans le domaine professionnel – Une fois sortie de l’école, la plupart des étudiantes sont surprises de ne pas être retenues lors des offres d’emploi. Les employeurs quant à eux sont le plus souvent surpris de constater que le profil de formation d’une candidate ne corresponde pas à ses compétences une fois en entreprise. À cet effet M. Cletus Fongu, directeur de publication d’un mensuel témoigne « désormais je ne me fie plus aux diplômes car il m’est arrivé de constater que sur les relevés de notes, ou les diplômes, un candidat ait de bonnes notes et qu’une fois recruté, il n’arrive pas à produire un article, pourtant sur son diplôme il est mentionné qu’il a été le plus brillant. À mes yeux le diplôme n’est plus un élément de sélection, je privilégie le vécu du candidat sur le terrain ».

Des cas pareils sont devenus légions dans les entreprises où la plupart des recruteurs doutent de la provenance et l’authenticité des diplômes surtout en ce qui concernent la gente féminine. Clarisse, diplômée d’une école de formation avoue « j’ai été choquée la première fois où j’ai postulé pour un emploi et que lors d’un entretien en parlant de mes diplômes, un membre du jury m’a dit qu’il savait comment les femmes obtenaient leurs diplômes ».

Avec tout ceci, le fossé entre les hommes et les femmes se creuse encore plus car il est de croyance populaire que les hommes se sacrifient plus que les femmes. Il suffirait pour ces dernières de jouer avec leurs atouts naturels pour tout obtenir. En entreprise c’est encore plus visible car les filles se sentent simplifier par rapport aux garçons. Stella, étudiante dans une école de formation explique « je n’ai jamais compris le fait qu’une fois étant en stage avec un de mes camarades de classe, notre encadreur s’il s’agissait d’un document à rédiger, relisait le mien plusieurs fois avant de donner son accord alors que pour mon camarade c’est à peine s’il lisait deux lignes de son document ».

Qu’elle ait coopéré ou pas en ce qui concerne les NST, la fille se retrouve toujours connoté à cette image de celle qui passe par «d’autres moyens» pour obtenir ce qu’elle veut. Aussi il n’est pas rare de voir que les NST se transforment quelques années plus tard en TST « Travail sexuellement transmissible ». L’emploi pour la fille est précaire, incertain car face au harcèlement sexuel, très peu d’entre elles ne cèdent pas. Une fois qu’elle cède, elle n’a toujours pas la garantie de garder son emploi car une fois qu’une autre fille se présente, sa place est menacée et elle peut perdre son emploi à tout moment. Pour le garçon, il n’a la plupart du temps pas de grands ennuis en la matière, au contraire, bien souvent, il est, ou devient le bourreau.

Salma Amadore pour ExcelAfrica
21 mars 2013

 

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