ALGERIE Conditions de vie des étudiants africains en Algérie

SOS : LE CALVAIRE DES ETUDIANTS AFRICAINS EN ALGERIE
(Afrique Education du 01 au 15 avril 2004 )

Il est exactement cinq heures trente du matin le jeudi 19 février quand les éléments de la police du 8e arrondissement d’Alger investissent l’immeuble du Sacré-Coeur (Douche Mourad) où résident plusieurs négro-africains. Le spectacle est désolant : hommes qui courent partout, filles et femmes en pleurs tandis que les portes ne résistent pas aux coups de pied et de barres de fer des policiers. L’opération dure trois heures et donne lieu à plusieurs dizaines d’interpellations. Les personnes interpellées croient dans un premier temps à une banale opération de vérification de papiers. Mais très rapidement, elles se rendent compte que ce n’est pas le cas. Si en Europe, l’expulsion se fait parce qu’on est clandestin, en Algérie par contre, même quand on est en règle, on peut être expulsé ou mis sous mandat de dépôt tout simplement parce que votre document ne vous ressemble pas. Moi personnellement, j’ai fait six mois de prison alors que je détenais une carte de réfugié que le policier avait pris pour un faux. Devant le procureur, j’ai été présenté pour un trafiquant de fausse monnaie, détenteur de faux papiers. Pourtant, j’avais été ramené au commissariat selon ce que m’avait dit le policier pour une simple vérification. Une fois sortie de prison, je suis allé à la police de l’immigration où je m’étais fait enregistrer pour manifester mon mécontentement. Là, ils m’ont prié de ne pas informer le HCR que j’avais arbitrairement été mis en prison. Je l’ai quand même fait sans avoir de réparation de ce dommage.
Les abus dont nous sommes victimes ici en Algérie sont nombreux. Une fois que la police interpelle un négro-africain, il est fouillé et s’il a quelques euros sur lui, il est déclaré trafiquant. Si on trouve un préservatif dans sa poche, il est considéré comme faisant de la prostitution, ce qui entraîne un mandat de dépôt. Rien qu’avec de simples comprimés, certains policiers racistes vous accusent de trafic de drogue. Conséquence, quatre mois de mandat de dépôt qui peuvent être renouvelés si le procureur lui-même est raciste.
Pour revenir aux événements du 19 février, les procès verbaux ont été rédigés en arabe. Dans cette langue inconnue de certains Sud-Sahariens, les policiers algériens avaient mentionné que les documents des personnes interpellées étaient faux et qu’ils devraient être reconduits à la frontière. Tout cela sans aucune possibilité de prendre ses affaires ou de justifier valablement les motifs de l’expulsion.
L’Algérie est une très grande nation de par sa richesse, ses sites touristiques, ses belles plages et ses constructions, mais le comportement de beaucoup d’Algériens n’a rien à voir avec l’évolution du monde civilisé. Les Algériens sont de grandes voyageurs au regard de leur forte communauté en France, au Canada, aux Etats-Unis et en Angleterre. Ils aiment exporter leur culture mais ne sont pas disposés à respecter celle des autres.
Tout récemment, un étudiant mozambicain rentrait tardivement d’un anniversaire avec sa copine main dans la main quand il fut interpellé par la police et conduit au commissariat. A sa grande surprise, les policiers ont écrit dans le procès verbal (en arabe) qu’il faisait l’amour en pleine rue. Heureusement pour lui que ses parents sont bien assis au pays et grâce à l’intervention de son ambassadeur, on a vite oublié cette affaire. C’est une habitude ici : quand on est interpellé et qu’on trouve un joli portable ou des euros sur vous, on vous dit de choisir : abandonner votre joli portable ou vos euros ou bien accepter de vivre des moments difficiles.
Un Malien marié à une Algérienne a été arrêté par la police. Sa femme s’est présentée à la police accompagnée de sa mère. Mais à leur grande surprise, les policiers leur ont fait savoir on ne sait par quel miracle que la photo sur le passeport du mari n’était pas la sienne. Malgré les plaidoiries des deux femmes, le Malien est resté incarcéré. La police fait les pieds et des mains pour éviter des relations entre des Algériennes et des négro-africains car ce serait une perte pour la nation algérienne, selon ce qui se dirait. Un policier a dit récemment ne pas comprendre pourquoi les filles algériennes s’entichent de noirs alors que le pays regorge de beaux garçons.
Un Camerounais est mort au cours de son incarcération à El Harrach. Venu de Belgique pour récupérer le corps, son grand-frère a trouvé qu’il avait déjà été inhumé, sans même prendre le soin d’avertir l’ambassadeur du Cameroun. On compte de nombreux morts africains qui, au moment de l’enterrement, ne disposent plus de tous leurs organes car prélevés entre temps par des chirurgiens.
Aux dernières nouvelles, certaines femmes ont adressé une demande d’audience au premier ministre dans le but de manifester leur mécontentement pour des tracasseries et des refoulements que subissent leurs maris et qui constituent, selon elles, un facteur de déstabilisation de la cellule familiale.
Correspondance particulière
Depuis Alger
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