INSTITUT BOURGUIBA DES LANGUES VIVANTES
Plus de 900 étrangers inscrits aux cours d’arabe
Source : http://www.tunishebdo.com.tn/
Ils sont italiens, français, américains,
espagnols, togolais, sénégalais, congolais, argentins, malaisiens, japonais, coréens… Et pourtant, ils ont une passion et une motivation communes : la langue de Sibawayh.
Chaque année, l’Institut Bourguiba des Langues Vivantes se transforme, le temps d’une session, en une véritable tour de Babel où des centaines d’étudiants affluent de par le monde, qui pour apprendre l’arabe, qui pour le perfectionner.
Plus de 900 étudiants ou apprenants de plus de 40 nationalités sui
Situé sur l’avenue de la liberté, à quelques encablures de RTCI, l’Institut Bourguiba des Langues Vivantes, malgré un bâtiment quelque peu décati par le poids des âges, reste l’un des hauts lieux de l’enseignement et de la promotion des langues vivantes, tout en continuant à susciter toutes les convoitises.
Les rênes de ce prestigieux institut sont tenues, depuis quelque temps, par M. Ali Ghidhaoui. Universitaire chevronné et professeur de littérature arabe classique à la Mannouba, l’homme a cette humilité propre aux doctes de sa trempe.
L’Institut Bourguiba, une réputation intacte
Fondé en 1958 par l’ambassade des USA, cette prestigieuse institution sera tunisienne à partir de 1960, mais ne devient fonctionnelle sous sa tutelle qu’à partir de 1964. A l’époque, l’Institut était rattaché à l’Université tunisienne qui dépendait elle-même du Secrétariat d’Etat à l’éducation nationale, le ministère n’étant créé qu’à partir de 1978.
Resté pendant des décennies le seul au monde arabe de grande renommée et censé enseigner exclusivement les langues vivantes, l’Institut s’est désormais diversifié et dispense d’autres cours aussi nombreux que variés.
A partir de 1996, l’Institut étala ses tentacules avec l’ouverture, à travers le territoire, de différentes annexes. On en compte aujourd’hui 24 dont 19 sont fonctionnelles, le reste étant périodique.
Les étudiants étrangers inscrits aux cours d’arabe
On compte durant les sessions de juillet-août environ 970 étudiants répartis entre 43 nationalités, dont la moyenne d’âge varie entre 20 et 25 ans.
Les Italiens, grâce à la proximité géographique, tiennent la palme, et sont au nombre de 200, originaires d’une vingtaine d’universités italiennes. Viennent ensuite les Français (50 à 60), les Espagnols (47), les Américains (43), les Japonais (40), des étudiants de l’Afrique noire envoyés par la Banque Islamique de Développement (une quinzaine de Togolais et Sénégalais).
Par ailleurs, une centaine de Tunisiens de l’étranger, quelque peu coupés de leurs racines ou souvent «hybrides culturels», viennent se joindre à ce melting-pot. Ces derniers sont à la charge exclusive de l’Office des Tunisiens de l’Etranger (OTE).
Selon le directeur, l’Institut accorde, par session, 95 bourses spécialement destinées aux étudiants étrangers appartenant à une université ayant signé une convention avec lui.
Pour leur hébergement, l’Institut a signé un contrat de location avec des foyers universitaires relevant aussi bien de l’OOUN que du privé.
Nature et contenu des cours
Doté d’un corps professoral expérimenté et compétent et d’un matériel technique approprié, les cours sont dispensés en arabe littéraire (sauf exception), suivant un test de niveau préalable afin de permettre une certaine hiérarchisation. Avec son laboratoire de langues équipé d’instruments acoustiques pour la phonétique et la prononciation, l’accent est mis, entre autres, sur l’expression orale, le vocabulaire, la grammaire et tutti quanti.
Au cours de la session de juillet (première manche de l’été) qui vient de s’achever, les étudiants ont pu bénéficier de 80 heures d’enseignement. Ces cours sont généralement agrémentés d’excursions touristiques et culturelles bien ciblées. Les étudiants sillonnent une kyrielle de sites touristiques, monuments importants, musées… à travers le territoire et vont à la rencontre d’une population qu’ils aiment côtoyer et évaluent au passage leurs acquis linguistiques.
Au-delà de ces sessions, il est des étrangers, étudiants en littérature comparée, qui viennent passer 9 mois dans nos murs afin d’affiner et découvrir davantage certaines arcanes de cette langue sémitique que la plupart jugent à la fois complexe et élégante.
Les raisons d’une telle motivation
A la question de savoir ce qui motive ces étudiants à venir de contrées souvent lointaines pour l’apprentissage de l’arabe, Daniel (24 ans) et Caterina (25 ans), tous deux italiens et étudiants en langues appliquées, estiment que, outre leur amour du Monde arabe et de ses traditions, la langue arabe est celle de l’avenir.
Sans manquer de souligner l’assouvissement de leur curiosité vis-à-vis d’une langue qui les a séduits par le mystère de son alphabet et ses signes diacritiques abscons.
Karim, 26 ans, étudiant en finances et Tunisien né au Canada, estime que ces cours, très bénéfiques, lui permettent de garder le lien affectif avec son pays d’origine.
Par contre, Che (23 ans), Congolais inscrit à l’INTAC de Tunis, trouve du plaisir à découvrir cette langue. Depuis l’été dernier, il s’investit énormément avec une volonté à en revendre, pour percer ses mystères.
M. Ghidhaoui, lui, a son idée sur la question. Avec la mondialisation galopante, beaucoup de gens apprennent les langues étrangères, histoire de s’ouvrir aux autres cultures. Partant du principe que l’acquisition de la langue arabe est un plus, leur permettant de trouver facilement des débouchés une fois chez eux.
La toquade du Département d’Etat américain et du Pentagone pour les arabophones, par les temps qui courent, en est l’expression éloquente.
Des policiers italiens viennent aussi dans le cadre de conventions particulières pour apprendre l’arabe dialectal.
Parlé par quelque 230 millions de personnes sous ses différentes variantes, à travers l’Afrique du Nord, le Proche-Orient et la Péninsule arabique, cette langue du sémitique occidental, celle du Coran, n’a pas fini, par la beauté de sa prose, le charme de sa poétique ainsi que la singularité de sa symphonie, de séduire et d’émerveiller.
O.D
Pour en savoir plus :
INSTITUT BOURGUIBA DES LANGUES VIVANTES
http://www.iblv.rnu.tn/