Burkina-Faso – La scolarisation des filles progresse grâce aux mesures incitatives

Burkina-Faso – La scolarisation des filles progresse grâce aux mesures incitatives
IPS News – [20/04/04]

La fille en milieu urbain au Burkina Faso a quatre fois moins de chance que le garçon d’aller à l’école, selon l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD).

Toujours selon l’INSD, 56 pour cent des enfants en âge scolaire étaient exclus du système éducatif en 2003 dans ce pays d’Afrique de l’ouest, parmi lesquels les filles constituent encore le plus grand nombre.

Toutefois, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) estime que le nombre de filles inscrites à l’école primaire lors de la rentrée scolaire 2003-2004 – plus de 127.000 – dans tout le pays contre 89.981 filles l’année dernière, symbolise un bon en avant dans la scolarisation des filles. Ce chiffre record, réalisé pour la première fois dans l’histoire du pays, a été atteint grâce aux mesures incitatives adoptées par le gouvernement burkinabè pour susciter l’adhésion des communautés à son engagement d’atteindre une parité filles-garçons à l’école primaire en 2005.

Le nombre de filles inscrites à l’école a augmenté de 38,4 pour cent cette rentrée scolaire (2003-2004) contre 15,6 pour cent lors de l’année précédente. Ces bons chiffres permettent d’atteindre un taux moyen d’inscription de 41,14 pour cent de filles à l’école contre 38 pour cent il y a deux ans.

”Les plus importantes stratégies devraient être orientées vers le maintien et le renforcement du rythme de la mobilisation sociale qui a permis cette avancée considérable”, suggère Joan French, la représentante de l’UNICEF au Burkina.

L’UNICEF annonce l’accentuation de sa collaboration avec les associations des mères éducatrices, les administrations locales et le ministère de l’Enseignement de Base pour renforcer cette mobilisation sociale pour un meilleur suivi et s’assurer que les filles, qui sont inscrites à l’école y resteront.

”Quand une fille n’est pas à l’école même pour une seule journée, on doit savoir où elle est ou si elle est malade; et si elle est bien portante, la conduire à l’école afin qu’elle poursuive son instruction”, indique French à IPS.

”Nous devons éliminer tous les obstacles si nous voulons donner une chance à la jeune fille pour l’éducation qui est un droit pour tous les enfants, y compris les filles”, ajoute-t-elle.

Les mesures incitatives, introduites par le ministère de la l’Enseignement de Base et ses partenaires, comprennent celles appelées ”discrimination positive” comme des bourses scolaires aux filles, la suppression des frais d’inscription et des cotisations pour les filles à l’école depuis la rentrée 2003-2004. Des kits scolaires ont été également distribués aux filles comprenant des cartables et des livres.

Ces cotisations des parents d’élèves, qui varient entre 1.000 francs CFA et 5.000 FCFA (entre deux et dix dollars US environ), sont souvent perçues comme des mesures démobilisatrices empêchant les parents d’envoyer tous leurs enfants à l’école.

”Nous savons que lorsque les parents n’ont pas assez de moyens pour envoyer tous les enfants à l’école, c’est la fille qui, finalement, est sacrifiée et reste à la maison. Nous avons voulu donc réduire la charge des parents à travers ces mesures afin qu’ils ne nous disent plus qu’ils n’ont pas les moyens”, a expliqué à IPS le ministre de l’Enseignement de Base et de l’Alphabétisation, Mathieu Ouedraogo.

”Il y a une réponse positive à nos mesures et nous allons poursuivre dans cette direction dans les années à venir en diminuant l’impact de la pauvreté sur la scolarisation”, ajoute Ouedraogo. Pour lui, si les mesures sont maintenues, la parité filles-garçons pourrait être atteinte en 2005.

Le Burkina fait partie de l’Initiative 20-25 lancée par l’UNICEF pour une parité filles-garçons dans 25 pays du monde. Mais, reconnaît l’institution, la pauvreté et les pesanteurs socioculturelles auront encore un impact sur la scolarisation des filles si les campagnes de sensibilisation, les explications auprès des parents, ne sont pas permanentes. Elles doivent porter sur des exemples selon lesquels l’éducation d’une fille à l’école permet de générer plus de ressources.

Pour l’UNICEF, ”les parents d’élèves et la communauté tout entière doivent toujours savoir que la jeune fille doit être éloignée des travaux domestiques qui l’empêchent de faire des progrès à l’école”, souligne French.

”Avant, on mettait l’accent sur l’éducation des garçons car la tradition le voulait ainsi. Mais, avec la sensibilisation, on inscrit les filles aujourd’hui au même titre que les garçons”, explique Dieudonné Tankoano, chef de Matiaboani dans le Gourma, une zone prioritaire où l’UNICEF et le Programme alimentaire mondial (PAM) appuient les populations dans une campagne de sensibilisation en faveur de l’éducation.

”On a même constaté que la fille qui réussit s’occupe mieux des parents alors que le garçon tend à investir dans son propre foyer qu’il place avant tout”, ajoute Tankoano. Dans certaines régions du Gourma, dans le sud-est du Burkina, le taux de scolarisation des filles effleure à peine les 42 pour cent. Pour une meilleure surveillance de la scolarisation des filles, l’UNICEF a remis des dizaines de vélos aux associations des mères éducatrices pour faciliter leur déplacement dans les zones rurales où la pauvreté, mais aussi la tradition, continue d’entraver la scolarisation des filles.

L’UNICEF a également offert des tentes dans les zones où les inscriptions des enfants provoquent une ”surpopulation” des classes afin, disent les autorités, de ”rassurer les parents et leur dire de rester patients avant la construction de classes supplémentaires pour de meilleures conditions de travail des élèves”.

En 2002, le gouvernement avait lancé un plan décennal de 235 milliards de FCFA (environ 451,9 millions de dollars US) pour la scolarisation au Burkina. Une récente enquête gouvernementale a montré que le taux de pauvreté était lié en partie au bas taux de scolarisation et d’alphabétisation. Quelque 46,2 pour cent des 12 millions d’habitants du Burkina vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Le plan vise un taux de 70 pour cent de scolarisation en 2010 et 40 pour cent d’alphabétisation contre 47,5 pour cent et 22 pour cent respectivement en 2002.

Source: http://www.ipsnews.net/fr/interna.asp?idnews=2169

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