Cameroun- Citoyenneté: Se réconcilier avec la France.

Personne ne peut nier que le sentiment anti français est très vif dans certains pays d’Afrique. De nombreuses manifestations de ce sentiment sont perceptibles surtout lors des manifestations de rue. La publicité faite dans les milieux africains autour de certains livres comme « l’Afrique sans la France »de l’ancien Premier Ministre Centrafricain, Jean Paul Ngoupandé, atteste également de ce sentiment qui se généralise. Des articles de journaux prédisant la perte par la France de son pré-carré africain insistent sur ce sentiment antifrançais ressenti depuis les époques Bob Denard jusqu’au sauvetage récent du régime de Ndjamena et au soutien apporté par Paris à Monsieur Biya lors des élections présidentielles de 2004 ou à la modification constitutionnelle du 28 Avril 2008 qui autorise Monsieur Biya à se représenter aux élections de 2011.

Ils sont nombreux ceux qui estiment ici que la France est contre les intérêts des peuples africains par son soutien actif aux dictateurs corrompus et assassins qui appauvrissent ces peuples.

Je suis conscient d’aborder ici un sujet douloureux et sensible dont les conséquences pour mon propre avenir (si j’en ai un) pourraient être désastreuses. Les blessures sont encore ouvertes dans les cœurs de ceux qui ont perdu des êtres chers et qui pointent plus ou moins du doigt la France comme étant la coupable de leur infortune. Les intérêts en jeu sont si colossaux que le risque de les perdre en tout ou en partie peut autoriser des actes désespérés ou ma mise en quarantaine. Cependant je dois à ce que je crois comme étant la vérité et à mon franc parler d’aborder cette question pour en ouvrir le débat.

Les émeutes de février 2008 au Cameroun ont encore démontré qu’une partie importante de nos concitoyens tient la France, un Etat souverain et ami du Cameroun, pour responsable de la misère et de la tyrannie au Cameroun. Le passé colonial de la France au Cameroun et son soutien politique depuis l’indépendance aux régimes qui gouvernent le Cameroun autorisent ces ressentiments anti français de la part de nos compatriotes.

L’état des lieux : La France est accusée à tort ou à raison d’avoir placé un régime fantoche qui sert ses intérêts. A en croire cette opinion le Cameroun serait la chasse gardée de la France, mieux le Cameroun serait son champs, c’est –à-dire son réservoir de pétrole, son grenier des ressources minières, sa plantation de banane entre autres et l’un de ses plus grands marchés de la consommation de ses produits pharmaceutiques, alimentaires, de service etc. Bref elle est accusée de piller nos économies exsangues et nos ressources du sous-sol et du sol, minerai, bois etc. Les conventions de coopération signées entre la France et le Cameroun à l’indépendance lèsent profondément le Cameroun. Certaines contraignent le Cameroun à vendre en priorité et à un prix hors du commerce les ressources du pays à la France. D’autres, pour protéger le régime fantoche placé par la France donnent pouvoir à l’Ambassadeur de France au Cameroun de faire appel à l’armée française pour rétablir au pouvoir le cas échéant le président camerounais au cas où une révolution populaire ou un coup d’état l’aurait renversé.

Une kyrielle de griefs formulés contre la France

Plusieurs conventions de coopération, qui sont restées hors de portée du public, sont indexées et devront pouvoir faire l’objet de révision cinquante ans après et alors même qu’elles sont du domaine public, elles devront pouvoir être accessibles aux citoyens camerounais.

Les griefs formulés contre la France sont nombreux et vont de la colonisation aux travaux forcés, des tortures atroces de nos patriotes à leur assassinat pur et simple. Le Docteur Félix Moumié, Le Président de l’UPC Um Nyobé entre autres patriotes.
On parle de plus en plus même du génocide Bamiléké et accuse le France d’avoir voulu retirer « un caillou dans sa chaussure » en éradiquant la tribu bamiléké de la carte du Cameroun à l’accession de celui-ci à l’indépendance. Les troupes françaises auraient rasé des villages entiers en pays Bamiléké, tuant femmes, enfants et vieillards, incendiant les maisons et faisant place nette.

Le Maire de Njombé, Eric Kingué qui croupit actuellement en prison à la suite des émeutes de février 2008 a écrit au Président de la République que sont arrestation est le résultat des intrigues orchestrées par des dirigeants français de la société qui exploite la banane dans sa localité. Dans cette lettre aux relents de réquisitions contre les exploitants français, il dénonce le fait que non seulement ceux-ci ne paient pas les impôts afférant à leurs activités pour permettre à sa petite commune de vivre mais également ils exploiteraient les populations en les rendant pratiquement esclaves dans les plantations. Les salaires payés en dessous du SMIG légal pourtant déjà si décrié (23.514 Francs soit un salaire de moins de USD$50). Les exploitants français de la banane camerounaise paieraient des salaires de l’ordre de 15.000 Francs CFA (USD$25) ! Une véritable misère. L’absence de couverture sanitaire et d’assurance des employés esclaves. Malgré ses cris de détresse, le Maire, pourtant RDPC, n’a pas été secouru par son Président. Il semble qu’il lui est reproché d’avoir dit sur les antennes de la télévision, pendant les émeutes, que les soldats de Monsieur Biya avaient tué tel nombre de personnes. Le pauvre, il avait naïvement rapporté la vérité sur les antennes de la télévision, révélant les atrocités qui se déroulaient sous ses yeux. Alors meurt-il sous les coups de la France ou de ceux de son patron ? En tout cas certains y voient la … [lire la suite]

Source : Camer.be

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