Cameroun – Fuite d’épreuves lors des évaluations harmonisées

Education : Fuite d’épreuves lors des évaluations harmonisées

Des collèges privés seraient la source de cette "eau" partagée aux élèves de Douala.

Véronique Chetmi (Stagiaire)

Jeudi 10 janvier 2008, lors d’un cours de physique sur les masses molaires dispensé en classe de troisième à l’Institut polyvalent Mitanyou, un élève fait une déclaration fort allusive. "Ce chapitre n’est même pas sur l’épreuve", indique-t-il. Une épreuve de physique et chimie qui devait être traitée le samedi suivant. Pris de court par cette remarque, le professeur informe le préfet des études de l’établissement. "Des investigations ont été faites et nous nous sommes rendus compte que plusieurs élèves de classe de troisième détenaient déjà cette épreuve de physique et chimie", déclare M. Toukam Cyrille, préfet des études à l’institut polyvalent Mitanyou. Cette fuite ne concerne d’ailleurs pas que l’épreuve de physiques et chimie. Les élèves sont également en possession des épreuves d’anglais, de français, de mathématiques, de dictée, etc. Les classes de 3ème ne sont pas les seules à avoir eu accès à "l’eau", comme on l’appelle couramment. Les classes de premières et terminales sont aussi impliquées dans la fraude. Plusieurs établissements scolaires de la ville de Douala sont ainsi touchés, et les réactions des responsables de ceux-ci sont différentes. Au lycée de la Cité des Palmiers, une fessée publique a été administrée à ceux qui ont été surpris par les surveillants en train de tricher. Au collège Saint Charles Borromée, les élèves fraudeurs ont été traduits en conseil de discipline.

Les responsables du collège Saint-Michel, eux, se rendant compte de ce que les élèves détenaient déjà certaines épreuves, les ont tout simplement annulées. A l’institut polyvalent Mitanyou, la première solution a été d’interdire l’entrée à tous les élèves qui n’étaient pas en cours le matin, et qui sont venus dans l’après-midi juste pour composer. "Cette sanction a donné lieu à des empoignades, des insultes et des jets de pierre. Le gardien s’en est sorti avec une blessure au front", affirme, l’air désolé, le surveillant général de cet institut. La deuxième fois, les données de l’épreuve de physique et chimie ont été changées. Les responsables d’établissement se sont retrouvés avec des copies dans lesquelles les élèves ont retranscrit la correction de la première composition (celle envoyée par la délégation). Cette fois-ci, ceux en possession de l’épreuve ont été traduits en conseil de discipline et leurs parents ont été convoqués. Dans d’autres établissements, les cas de fuite d’épreuves ont été aussi signalés. C’est le cas du collège Agape, de l’Institut Supérieur de Technologie, du lycée de Bepanda, du collège Malangue, du lycée de Ndoghem, du collège Saint Joseph, du collège La Cadenelle, du collège Dauphine et du collège Benedicte.

Soupçons
L’origine de la fuite d’épreuves reste encore inconnue. Cependant, un doigt accusateur est pointé vers les responsables de certains collèges privés. "Il y a certains établissements qui ne suivent pas le chronogramme de passage des épreuves distribué par la délégation des enseignements secondaires. Ils passent les épreuves en temps voulu et le plus souvent, avant la date et l’heure de passage officielle. Ce qui permet aux élèves fréquentant d’autres établissements d’obtenir les épreuves bien avant", déclare un inspecteur pédagogique des techniques industrielles. Selon un responsable d’établissement, ce sont ces collèges privés qui disent ne pas souscrire aux évaluations harmonisées, qui dispatchent les mêmes épreuves sous forme de travaux dirigés.
Approché, le Père Tsayem, préfet des études au collège Libermann, atteste que les élèves de ce collège privé confessionnel ne participent pas aux devoirs harmonisés organisés dans toute la province du Littoral.

Toutefois, il déclare ne pas savoir si les professeurs de Libermann reçoivent les épreuves provenant de la délégation des enseignements secondaires. A la délégation, on affirme que tous les établissements secondaires d’enseignement général ou technique de la province du Littoral reçoivent les épreuves trois ou quatre semaines avant le début des examens ; la date du lancement et l’ordre de passage des différentes épreuves étant fixés par cette délégation et distribués aussi à tous ces établissements. Les séquences harmonisées, pour ce trimestre dans la ville de Douala, n’auront donc pas atteint leur but, qui est "de jauger le niveau des élèves en classes d’examen et de savoir si le programme des cours est respecté et s’il pourra être achevé". Ces évaluations qui ne concernent que les élèves de classes de troisième, première et terminale, se déroulent tous les mercredis et samedis. Elles s’achèveront le samedi 26 janvier 2008.

Source: http://www.quotidienmutations.info

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