Cameroun — Yaoundé I : Les étudiants refusent de libérer les chambres
Face à cette résistance, les responsables de l’université crient à la manipulation.
Dorine Ekwè
L’atmosphère se voulait sereine hier, jeudi 02 août 2007, au campus de l’Université de Yaoundé I alors que le recteur, Dorothy Njeuma et ses proches collaborateurs réceptionnaient le restaurant universitaire en travaux depuis trois mois. Cependant, c’est une sortie du directeur des Œuvres universitaires, Bienvenu Nola, qui a mis la puce à l’oreille : "Nous faisons tout pour les mettre à l’aise. Ce restaurant était devenu une poubelle et voilà que nous essayons de lui donner une certaine allure. Pourquoi trouvent-ils suspect le fait qu’on leur demande de libérer les chambres, juste pour un mois pour que nous y effectuions les mêmes travaux d’assainissement?", s’étonnait-il.
Les étudiants installés dans la cité universitaire de l’Université de Yaoundé I sont appelés à libérer leurs chambres dès ce jour, vendredi 03 août. Ils en ont été informés le 20 juillet dernier à travers une note du vice-recteur, Guy Tsala Ndzomo. Dans cette note, M. Ndzomo qui agissait au nom du recteur de l’université prévenait: " […] Vu les nécessités d’assainissement et d’entretien de la cité universitaire; la cité universitaire de l’Université de Yaoundé I sera fermée pour compter du 03 août 2007. "
Le 31 juillet dernier, le président de l’Association pour la défense des droits des étudiants du Cameroun (Addec) a adressé une correspondance au vice recteur chargé de la recherche et de la coopération. Dans cette correspondance, Batogna Gnitchogna estime que les étudiants ne peuvent être appelés à libérer les chambres car: "Les contrats de bail signés l’ont été sous la contrainte par des étudiants acculés. Nous dénonçons vos collaborateurs [qui] usent de procédés si ignominieux de chantage au logement pour imposer des contrats léonins aux étudiants réduits à céder pour obtenir l’abri tant sollicité." De ce fait, alors que certains étudiants ont libéré leurs chambres, d’autres, par contre, font le pied de grue.
Ce qui fait frémir les responsables de l’université qui parlent de "mauvaise foi" de la part des étudiants et de l’Addec. Bienvenu Nola, directeur des œuvres universitaire brandit le contrat de bail et le règlement intérieur de la cité universitaire que "détient tout étudiant résidant à la cité universitaire. Ce sont des adultes et ils savaient très bien ce qu’ils faisaient en signant cet engagement. Nous ne les chassons pas nous voulons tout juste procéder à certains aménagements."
Face à cet imbroglio, il a signé, hier, jeudi 02 août, une note rappelant les modalités de libération des chambres par les étudiants. Dans cette correspondance qui a été placardée sur l’ensemble du campus, Bienvenu Nola précise ceux-ci peuvent conserver leurs effets personnels dans une cantine et déposer cette dernière auprès de la direction du logement qui mettra à leur disposition une bagagerie. La cité universitaire (dont le loyer varie entre 4.000 pour les chambres communes et 5.000Fcfa pour les chambres individuelles), sera rouverte dès 03 septembre prochain.
Pour ce qui est de la nécessité d’assainissement évoquée, le président de l’Addec y voit un "argument irrecevable. Il n’est pas techniquement possible d’assainir ou de réfectionner les bâtiments en attente de travaux avant la rentrée académique prochaine. […] L’état de délabrement avancé de la cité universitaire de Yaoundé I n’est pas dû à son occupation constante par les résidents mais, et vous en conviendrez, à la gestion indélicate et à l’irresponsabilité démesurée des autorités qui en ont eu la charge."
Ce que contestent les responsables en charge du logement qui affirment qu’il est impératif de faire des travaux dans les bâtiments et les chambres où, parfois, les étudiants sont contraints de faire leurs selles dans des sacs plastique qu’ils parachutent ensuite par les fenêtres à cause des latrines défectueuses. " C’est vrai que les moyens dont nous disposons ne peuvent pas financer les travaux de fond en comble mais ce sera déjà un acquis." affirme-t-on à la direction des œuvres universitaires. On y évoque plutôt un complot et crie à la manipulation des étudiants et de l’Addec par certains individus aux desseins obscurs et qui ont intérêt à semer la zizanie au sein du campus de Ngoa-Ekellé. "A Douala, Buea, Dschang et Ngaoundéré, les cités sont fermées. Pourquoi l’Addec ne s’insurge pas contre ce fait et parle seulement de Yaoundé?" s’interroge Bienvenu Nola qui assure que tous les étudiants, anciens et nouveaux, auront droit à des chambres dès septembre prochain. Cette situation rappelle celle vécue en août 2006. Mais cette année, les responsables de l’Université affirment qu’ils ne cèderont pas.
Source: http://www.quotidienmutations.info
3/08/07