Cameroun – Yaoundé I : Un enseignant accusé de trafic de notes

Cameroun – Yaoundé I : Un enseignant accusé de trafic de notes
13/02/07
© Jean Baptiste Ketchateng, Mutations

Selon le doyen de la faculté des Arts, Désiré Atangana a plutôt débusqué un réseau.

L’enquête de notre confrère anglophone The Post, dans son édition du 5 février dernier, a conclu à l’existence d’une maffia des évaluations des étudiants de l’université de Yaoundé I, notamment dans sa faculté des Arts et lettres. Pourtant, Désiré Atangana, professeur de langue française, accusé par l’un des trente étudiants sanctionnés à l’issue du conseil de discipline de janvier dernier, Noah Chia, de l’avoir contacté pour " rassembler les étudiants qui voulaient monnayer leurs notes à l’examen du second semestre " de l’année académique dernière ; soutient ne rien " savoir de cette affaire " et ne pouvoir " ni confirmer, ni infirmer ".

Au conseil de discipline d’ailleurs, Noah Chia, étudiant de 3ème année de lettres modernes anglaises, exclu pour deux années de l’université, tandis que quatre de ses camarades ont vu leurs résultats en français annulés comme la vingtaine d’autres étudiants sanctionnés pour tricherie, n’a pas accusé son prof. " J’ai dit que je le connaissais comme mon enseignant et que nos relations étaient limitées à cela ", explique le jeune homme qui espérait, en reconnaissant sa faute, la clémence du jury. Noah Chia prétend que toute "cette affaire n’aurait jamais existé si on ne considérait pas les profs comme des dieux dont on exécute les volontés sans rechigner ".

De fait, témoigne-t-il, c’est M. Atangana " qui m’a contacté parce que j’étais populaire en classe. Il voulait que je serve d’intermédiaire entre ceux qui voulaient monnayer leurs notes et lui-même. La première fois, je lui ai donné neuf noms. La deuxième liste était tellement longue qu’elle recouvrait les deux faces d’une feuille de papier de format A4. " En dehors du campus, les deux " complices " auraient pris des rendez-vous pour se tenir au courant de l’évolution de " leur deal ", comme dit l’étudiant exclu qui avoue n’avoir pas pris la peine de faire des copies des " listes " de ses camarades acheteurs de notes. " Quand vous êtes pris dans un engrenage par un prof, vous n’avez qu’à vous exécuter. Je ne savais pas que ça ferait problème jusqu’à ce qu’il m’appelle pour m’avertir des soupçons. "

Réseaux de tricherie

Daniel Abwa, le doyen de la faculté des Arts, ne dément pas l’existence de contacts entre Noah Chia et son collègue Désiré Atangana. Seulement, soutient M. Abwa, il s’agissait d’un piège tendu aux étudiants tricheurs. " M. Atangana a débusqué un réseau. Il a aidé à empêcher que les fraudes se réalisent, voilà pourquoi l’on fait tout ce bruit autour de cette suspension qui est une mesure ordinaire comme nous en prenons dans nos conseils de discipline à la fin de chaque session d’examen." Pour autant, dans les allées de l’université, les conversations sur l’existence de réseaux de tricherie parrainés par des profs sont ordinaires.

Mais pour le doyen de la faculté des Arts, les enseignants, le cas échéant, ne sont pas " intouchables ". Et de rappeler des sanctions qui ont frappé un enseignant de philosophie. Pour lui, les nouvelles mesures prises en vue des examens du premier semestre de l’année en cours devraient réduire les tricheries traditionnelles comme les plus sophistiquées. " Désormais tous les surveillants auront un badge et nous ne mélangerons plus les étudiants des filières différentes ", annonce M. Abwa. Quid de l’identification des étudiants qui profitent du cafouillage créé par le retard des paiements des droits universitaires pour se présenter en salle d’examen avec des reçus de banque, évitant ainsi le contrôle de la carte d’étudiant, ce qui leur permet de passer l’épreuve pour d’autres ? " C’et fini ! Désormais n’entreront plus en salle que les étudiants munis d’une fiche d’inscription avec photo. "

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