Cameroun/Tchad – Baccalauréat tchadien : pourquoi la ruée ?

Cameroun/Tchad – Baccalauréat tchadien : pourquoi la ruée ?
Cameroon Tribune – [11/08/05]
Luc ANGOULA NANGA

L’enseignement privé a développé, ces dernières années, un type nouveau d’établissements qui, tout en préparant aux examens officiels organisés par le gouvernement à travers l’Office du baccalauréat du Cameroun, ouvrent leurs portes aux jeunes tentés d’aller obtenir le précieux parchemin en composant dans certains pays voisins. La destination du Tchad est, de ce point de vue, la plus prisée des élèves de ces " terminales spéciales ", qui fonctionnent notamment à Yaoundé et à Douala. Cette année, sur les 35.000 candidats inscrits par l’Office du baccalauréat tchadien, près de 10 000 venaient du Cameroun.

L’orientation se fait à partir de la représentation diplomatique tchadienne, à Yaoundé. Début janvier, chaque année, cette ambassade publie un communiqué invitant les éventuels postulants à déposer leurs dossiers comprenant, une copie d’acte de naissance, un certificat de nationalité, une copie légalisée du probatoire, quatre photos d’identité et un certificat de résidence à N’Djamena. Ces personnes ayant le statut de candidats libres doivent, en plus, s’acquitter des frais d’examen fixés à 41 000 FCFA. Pour la session 2005, la chancellerie a reçu et acheminé, moins d’une centaine de demandes conformes à ces dispositions.

Le reste des dossiers provient des réseaux parallèles, difficiles à contrôler : " Nous recevons des chefs d’établissement qui viennent solliciter des renseignements. Et l’on ne les revoit plus jamais ", indique une source à l’ambassade du Tchad. Les responsables de ces établissements organisent à leur manière la réception des demandes, et leur dépôt à l’Office du baccalauréat du Tchad. Ils mettent aussi en place les modalités du voyage de leurs candidats.

A côté de ce système, qui se renforcera lors de la prochaine session, avec l’entrée en scène d’autre institutions, à l’instar de l’Institut Siantou, évoluent des individus jouant le rôle d’intermédiaires. Ils sillonnent quartiers et bureaux, à l’effet de débusquer une clientèle facile à tromper. Certains ont installé leur base à Kousseri, en face de N’Djamena, et font tourner, dans le pays, de véritables entreprises qui recensent, et se chargent du reste des procédures d’inscription. La troisième filière est la plus risquée: ceux qui la choisissent sont rarement sur la liste des candidats autorisés à composer. " Nous sommes régulièrement saisis des cas de Camerounais qui ont tout payé, mais dont les noms, à la fin, ne figurent sur aucun document officiel de l’Office du baccalauréat. Alors que nous sommes là pour aider, conseiller, et améliorer les choses dans ce domaine, dans le cadre des bonnes relations qui existent entre les deux pays. Mais nous observons, au contraire, que le Camerounais aime bien être arnaqué par son frère ", s’indigne un diplomate tchadien ayant requis l’anonymat.

Ces mésaventures ne peuvent pas décourager, et couper la ruée, loin s’en faut. Pour deux raisons simples : l’examen tchadien s’avère toujours abordable face aux candidats camerounais, généralement à l’aise et à jour par rapport aux programmes de terminale. Et le succès donne aux admis, le privilège de brandir un sésame validé et reconnu par le Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur ( CAMES). Cette distinction permet d’accéder à toutes les universités et grandes écoles du monde entier, ce qui n’est pas donné aux titulaires du baccalauréat camerounais, qualifié " diplôme national. " Du coup, apparaissent quelques éléments qui contribuent à éclairer certains points d’une étude récemment prescrite par le Premier ministre, chef du gouvernement , Ephraïm Inoni, sur les raisons de l’exode des candidats au baccalauréat.

2 Comments

  1. Kueda yanick

    Bonsoir peut on avoir un bac tchadiens sans probatoire ayant fais la classe de première?

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