Centrafrique: situation humanitaire difficile dans le nord
BANGUI (AFP) 12/10/07 — La situation humanitaire reste difficile en Centrafrique, malgré une amélioration dans le nord-est depuis que les rebelles ont posé les armes en avril; le nord-ouest restant le théâtre d’exactions conjuguées de bandits armés, de rebelles, et surtout de l’armée.
Un nombre évalué à 212.000 Centrafricains ont été déplacés par les violences depuis 2005 dans le nord, et quelque 80.000 ont franchi les frontières camerounaise, tchadienne et soudanaise. Depuis plusieurs mois, ONG et agences de l’ONU tirent la sonnette d’alarme.
Certes, "dans le nord-est, il n’y a plus de problèmes de rebelles", depuis l’accord signé par les rebelles de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), explique une source sécuritaire à la présidence centrafricaine. Et 250 soldats français, déployés en soutien à l’armée centrafricaine à Birao – 800 km au nord-est de Bangui – que l’UFDR avait prise en octobre et occupé durant un mois, surveillent la situation.
"Mais on n’est pas à l’abri d’un dérapage", nuance la même source.
"Pour l’instant, Damane (Zakaria, chef de l’UFDR) joue le jeu, mais est-ce que les autorités vont avoir les moyens de remplir leurs obligations ?" contenues dans l’accord de paix, s’interroge un diplomate à Bangui.
D’autant que la région subit les contrecoups du conflit au Darfour soudanais voisin. Environ 2.500 Soudanais ont récemment trouvé refuge à Sam Ouandja après l’attaque, à la mi-mai, de leurs village de Dalak (sud du Darfour). Parmi eux s’étaient mêlés une soixantaine de rebelles soudanais, qui, bien qu’officiellement désarmés par les Forces armées centrafricaines (Faca), "restent une menace potentielle", selon un humanitaire.
Une centaine d’autres ont été recensés autour de la frontière, sans que l’on sâche exactement de quel côté ils se trouvent.
Le point noir reste le nord-ouest du pays. "Il y a de gros problèmes de sécurité dans l’ouest et le nord-ouest", où les populations subissent les exactions de bandits armés – les "coupeurs de route" ou "zaraguinas" – de groupuscules rebelles, mais aussi des Faca, explique la source à la présidence.
"La psychose s’est installée progressivement dans les populations. La situation sécuritaire est très mauvaise", confirme un responsable d’une ONG.
Une volontaire de Médecins sans frontières (MSF) a été tuée en juin par un tir rebelle sur une route. Il y a quelques semaines, un véhicule de missionnaires a essuyé des tirs à Ndim et un accrochage a opposé des rebelles de l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD) à des militaires de la Force multinationale de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Fomuc) à Kaga-Bandoro.
Face à la violence quotidienne, près de 100.000 personnes ont quitté depuis septembre 2005 leurs villages pour la brousse.
Rançonnée par les "coupeurs de route" qui attaquent les villages, kidnappent femmes et enfants ou dépouillent voyageurs et commerçants; rackettée par les rebelles, la population est, en outre la cible des représailles d’une armée centrafricaine incapable de ramener l’ordre.
Dans un rapport publié mi-septembre, l’ONG Human Rights Watch accuse l’armée, notamment la "Garde présidentielle", d’avoir tué depuis mi-2005 des centaines de civils et incendié plus de 10.000 maisons.
Des contacts sont en cours entre le gouvernement et l’APRD, ainsi qu’avec au moins un groupe de "zaraguinas", en vue de leur faire déposer les armes, selon plusieurs sources à Bangui.