Congo – Les Fossoyeurs de l’Enseignement et de la Jeunesse Congolaise

Congo-Brazaville – Les Fossoyeurs de l’Enseignement et de la Jeunesse Congolaise

Les Trois Poltrons de l’Education : Pléthore des ministres de l’Education, ou l’art de gaspiller les deniers publics

Même si tous les chefs d’entreprise du monde ne s’appliquent pas à eux-mêmes et à leurs cadres des restrictions budgétaires, du fait de la terrible crise financière (devenue crise économique) qui secoue le monde depuis 2 ans bientôt, on observe ça et là des comportements, si ce n’est nouveau, néanmoins inhabituels, même de la part des patrons, directeurs commerciaux, DAF (Directeurs administratif et financier) lorsqu’il est question de sortir les deniers de l’entreprise.

Curieusement, si depuis 1986, on nous annonçait le PAS (Programme d’Ajustement Structurel), imposé par le FMI (Fonds de la Misère Instantané) et accepté par le gouvernement Congolais de l’époque, le mot économie n’est toujours pas au goût du jour des divers concepteurs des gouvernements mis en place depuis 23 ans au moins.

Je vous soumets aujourd’hui le cas de ce qui devrait être le ministère de l’Education nationale. Il est quand même curieux que le même chef de l’Etat Congolais qui nous avait amené le FMI au pays (sans consultation du peuple, faut-il le rappeler), le même chef de l’Etat qui expliquait entre autres ses retentissants échecs des années 80 par la baisse brutale des cours du baril du pétrole (de 80 à 89, ce prix oscillera entre 40 et 9$ US), le même qui se plaindra de trouver les caisses vides après son putsch de 97, eh! ben ce même président nous propose depuis des années un ministère de l’Instruction tricéphale.

Mme Rosalie KAMA NIAMAYOUA est en charge de l’Enseignement primaire et Secondaire, Chargée de l’Alphabétisation. M. Pierre-Michel NGUIMBI a quant à lui la charge de l’Enseignement technique et professionnel. Et pour terminer, au sommet de cette étrange pyramide, M. Henri OSSEBI, en charge lui de l’Enseignement supérieur! Pour un pays de moins de 3 millions d’habitants, ça fait quand même un peu trop !

Les Congolais devraient savoir qu’un pays comme la Finlande, de superficie à peu près comparable à la nôtre (338.000 km2 et un peu plus de 5 millions d’habitants, soit environ le double de la nôtre de population) se contente elle de 12 ministres, pas plus.

Les Finlandais ont deux yeux, comme nous. Ils mangent pour vivre, comme nous. Ils ont besoin d’oxygène pour respirer, comme les Congolais. Alors, à part le partage tous azimuts des postes pour que les copains, les amis puissent bouffer, qu’est ce qui peut motiver une telle pléthore de ministères?

Qu’est ce qui peut expliquer que pour un nombre d’élèves et d’étudiants aussi faible (et surtout d’écoles), on ait besoin de mobiliser 3 Personnes.

Un ministre, sauf erreur ou omission de ma part c’est: 2 véhicules de fonction; un directeur de cabinet; des conseillers de base comme le juridique, l’économique et financier et celui en charge des questions liées à l’intitulé même du ministère. Là, je fais le minimum car il faut en réalité ajouter des conseillers techniques (parfois 3, parfois 5).

Il faut aussi ajouter un secrétaire général par ministère. En 1991, lors de la Conférence Nationale Souveraine, il avait pourtant été crié dans toutes les oreilles des Congolais que notre Fonction publique était pléthorique (80 milles fonctionnaires pour 2 millions et demi d’habitants ! soit 3,2% de la population…)

Que d’économies on réaliserait si on mettait enfin un seul et même ministère de l’Education nationale ! il faut aussi ajouter que chaque conseiller a droit à sa voiture de fonction, sa secrétaire, son bureau (où on devrait retrouver un ordinateur, au moins). Dire que dès qu’ils regagnent leurs domiciles ils croisent des étudiants et élèves qui triment jour et nuit faute de locaux dignes de ce nom pour apprendre.

Combien le Congo Brazzaville compte-t-il d’universités ? Une seule, après 50 ans d’autonomie (le Burkina-Faso est déjà passé à 3, Yaoundé avait atteint cette étape il y a belle lurette). Franchement, a-t-on besoin d’un ministre plein pour s’en occuper ? Il passe ses journées à faire quoi, ce ministre, si on essaie de regarder son bilan depuis 2002, soit 7 ans ? Tout un septennat !

Faut-il rappeler que le Sieur OSSEBI enseigna jadis la sociologie avant d’être nommé ministre (sur je ne sais quelles bases) et qu’il y retournera sûrement après qu’il soit un jour remercié de son ministère. Qu’a-t-il fait pour l’Enseignement supérieur depuis qu’il est à ce poste ? Les étudiants peuvent-ils parler de l’action de ce ministre fantôme ? Un de ses vieux amis, qui le connaît très bien le conseillera même de faire quelques apparitions dans les facs. En vain…

Dans un pays sérieux comme l’Algérie peut l’être, régulièrement, le chef de l’Etat, accompagné de son Premier ministre et de chaque ministre, fait une revue des projets et programmes en cours. Je n’ose imaginer une séance de travail entre Denis SASSOU NGUESSO, Isidore MVOUBA (Président des sapeurs) et Henri OSSEBI ! Quelle catastrophe…

Si cet homme avait une once de bon sens, il y a longtemps qu’il aurait rendu son tablier, quand on voit l’Etat de décrépitude de notre université nationale. Mais bon, comment demander à un cabri au milieu d’un champ de pondu de partir de là ?

Enseignement technique, mais quel enseignement technique ?

Quant à Pierre-Michel NGUIMBI, il me fait sincèrement autant de peine que le précédent. C’est exactement le genre d’hommes sans conviction politique aucune, capable de militer en haut, en bas, à l’Est, à l’Ouest et de faire exactement le contraire le lendemain, pourvu qu’il y trouve son compte.

De toutes les façons, un ministre en plein exercice qui prend le temps d’aller organiser et animer un meeting politique dans un espace public, pendant que l’opposition n’a pas droit de cité ou pire encore, ne mérite pour moi aucune considération.

Notre capitale compte un seul lycée technique. Un seul lycée agricole. Quant au reste du pays, n’en parlons même pas. Quelques miettes de collèges techniques saupoudrées dans le pays par-ci par-là, et il nous faut tout un ministre plein pour s’en charger. Ils ont quoi comme matériels techniques et technologiques nos enfants et jeunes Frères et Sœurs dans ces écoles.

Il suffit de causer un peu avec eux pour avoir presque la larme à l’œil et se dire que ce n’est rien d’autre que du foutage de gueule ! Dans un pays qui regorge de matières premières, on n’est même pas foutus de mettre sur le marché du travail des BTS, des techniciens et des ingénieurs à disposition de toutes les Entreprises qui investissent chez nous, mais ça parade ça et là avec ce titre pompeux de « Ministre »

Pourtant quatrième pays producteur de pétrole en Afrique, le Congo Brazzaville n’a même pas une école de formation aux métiers du pétrole à tel point que le moindre soudeur doit venir de l’étranger. Les nombreuses sociétés qui travaillent dans les métiers du pétrole sont obligées de faire venir à prix d’or des Colombiens, des Vénézueliens ou autres non-Congolais pour travailler dans les chantiers faute de trouver des compétances sur place. Serait ce une volonté délibérer des autorités de paupériser les populations pour mieux les assujetir ?

Pauvre Mme Rosalie KAMA NIAMAYOUA ! Celle-là, je vais faire l’effort d’être court, pour ne pas être trop cruelle avec elle, une autre faire-valoir dans ce gouvernement. Encore un genre de ministres dont on ne sait pas quelle est la vision à moyen et à long terme pour les écoles primaires et secondaires du pays. Régulièrement, au téléphone, je questionne les enfants qui y vont, eh ! ben la situation empire années après années.

Faut-il rappeler que cette dame aussi est là depuis 2002 ? Pour quel bilan ? Les populations de nos grandes villes ne cesse d’augmenter, il n’y a point de nouvelles écoles primaires, pas de collèges non plus. Quant aux lycées… Les enfants s’entassent comme des graines de lentilles dans une boîte de conserve. Même les sardines sont plus à l’aise dans leurs boîtes et leur huile.

Lequel de ces ministres a fait bosser ses conseillers pour une révolution au sein de nos programmes scolaires et universitaires ? Cela ne leur fait rien que depuis bientôt 20 ans les bac+3, bac+4 de notre université soient obligés, arrivés en Occident, de reprendre en 2ème année par exemple ?

J’ai bien peur que le jour où ces ministres rendront leurs tabliers, il ne reste rien, alors là, rein du tout de leurs passages dans leurs ministères. Une page blanche, bien vierge de toute innovation, révolution.

Au-delà du gentil petit massacre juste que je viens de faire, il serait temps qu’un jour on nous mette un seul et même ministère en charge de l’Education nationale et de la Recherche (si ce mot a un sens vraiment dans notre pays). Que ce ou cette ministre soit accompagné(e) de directeurs centraux (pour les écoles primaires, pour les collèges…). Que ce ministère soit aussi pourvu d’un budget conséquent et que les gens travaillent véritablement pour une éducation Congolaise, Africaine (en matière d’histoire, de sciences humaines etc.) en y ajoutant ce qui se fait de mieux en matières d’innovations technologiques et techniques à travers le monde.

Il faut que cesse cette idée que l’ordinateur soit une sorte de télé inaccessible pour tous ces enfants qui ne manquent pas de qualités.

Par Obambé GAKOSSO
10 juin 09
Pour en savoir plus – http://www.kimpwanza.org

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