Côte d’Ivoire: Remous dans l’enseignement privé-Camara Oumar

Côte d’Ivoire: Remous dans l’enseignement privé-Camara Oumar (S.G du SYNEPLACI), "nous réclamons les salaires proprement dits"

Les enseignants du privé laïc sont depuis un moment en grève pour soutenir leurs employeurs qui ont mis les élèves dehors. Dans cet entretien, M. Camara Oumar, secrétaire général du Syndicat national des enseignants du privé laïc de Côte d’Ivoire (SYNEPLACI) explique les motivations des grévistes.

Depuis un moment, les élèves sont dans la rue. Quel est le problème ?
Ecoutez, ce sont les fondateurs d’établissement qui ont entrepris de mettre les élèves dehors. La raison qu’ils avancent, c’est que l’Etat leur doit des arriérés de subvention…

Mais vous aussi enseignants vous êtes depuis un moment en grève ?
Effectivement, nous sommes en grève pour soutenir les fondateurs. Car c’est avec l’argent qu’ils vont obtenir que nous seront payé. Par ailleurs, nous avons beaucoup d’autres problèmes qui expliquent notre grève.

Quels sont ces problèmes là ?
Il y a les récurrents problèmes de réglementation de l’enseignement privée. Pourquoi ne pas créer un ministère de l’enseignement privé. Il y a le problème du reliquat des dettes de l’UE qui n’est pas encore payé. Il y a aussi l’argent de l’année blanche de 1999 qui n’est pas totalement payé. Il s’agit de plus de 139 millions CFA. Nous réclamons un reliquat de 134 millions CFA.

Pensez-vous que c’est opportun de faire de telles revendications dans la situation actuelle du pays ?
Ecoutez, le pays est certes dans une situation sensible. Mais en même temps, le pays est consommateur de biens et de services. Le pays envoie des élèves se former. Le pays se doit d’assurer le coût de la formation. Sinon, tous les enseignants seront des bénévoles. Nous sommes obligés d’aller à la grève. Par ailleurs, depuis près de dix ans, les enseignants du privé sont toujours restés sages, malgré leurs nombreux problèmes.
Les autres rentrent en grève pour des accessoires de salaires. Nous faisons grève pour réclamer le salaire proprement dit. Le cas le plus récent c’est celui des instituteurs qui réclament des accessoires de salaires. Ecoutez, nous sommes dans une situation un peu compliquée. En même temps que nous sommes des éducateurs, nous sommes également des parents d’élèves. Nos enfants rencontrent des problèmes à cause de cette situation. Il y a aussi que l’enseignement privé laïc se sent marginalisé à un certain niveau. Nous avons des problèmes d’argent. Nos collègues du confessionnel ont été désintéressés et on nous a royalement oubliés.

Vous avez quel problème d’argent ?
Nous parlons des arriérés de frais d’écolage pour lesquels nous n’avons pas encore été désintéressés, contrairement à nos amis du confessionnel. Nous avons une impression de deux poids deux mesures. Par ailleurs, il y a encore beaucoup d’autres problèmes dans l’enseignement privé laïc. La grève ne concerne que 200 établissements, les établissements subventionnés. Sinon les 1000 autres rencontrent aussi les mêmes problèmes.
C’est vous dire que le problème est beaucoup plus grave que ce qu’on sait. Les enseignants qui ont fait l’université, reçoivent souvent 30.000F comme salaire. Souvent, ils sont payés six mois sur 12. Il y a aussi que la convention est bloquée parce que l’Etat et nos employeurs n’arrivent pas à s’entendre. En plus, nous réclamons les frais d’écolage de l’année dernière.

A combien s’élèvent les frais d’écolage que vous réclamez ?
Il s’agit d’environ sept milliards. Mais au-delà de ce montant, il y a d’autres problèmes, notamment les 14 milliards. Cette somme représente l’ensemble des dettes de l’enseignement privé que l’Union Européenne (UE) a décidé d’éponger. Après l’aide de l’U.E, on se retrouve encore à plus de 19 milliards de dette. A quoi sert ce jeu là ? On affecte des élèves pour un montant donné. Et après on nous apprend en conférence budgétaire qu’on ne peut que pour 70% d’entre eux. Ce qui signifie que pour 30 % des élèves affectés, l’Etat ne paiera pas. Alors qu’on sait que les enseignants sont recrutés en fonction des élèves qu’on y envoie.
Automatiquement, ça fait 30% d’enseignants sans salaire. C’est difficile. Il faut que l’Etat fasse l’effort de payer les arriérés de l’année dernière. Et qu’il fasse une planification de sorte à être régulièrement à jour. On ne peut pas affecté un enfant si on n’a pas les moyens de payer. L’Etat ne doit pas se comporter comme un parent d’élève indélicat.

Quel bilan faites vous de l’action que vous de votre mouvement de grève ?
Selon les informations qui nous reviennent, le mouvement est largement suivi dans les 200 établissements repartis sur le territoire national.

Source:
Notre Voie
27 Janvier 2007
Faustin. Yao. K

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