COTE D’IVOIRE – Visa: Le calvaire des demandeurs

Visa: Le calvaire des demandeurs
Source : http://www.lintelligentdabidjan.org

Le visa est un sceau. Une signature ou paraphe apposée sur un document pour valider ou pour attester du paiement d’un droit, un cachet authentique valant autorisation de séjour sur un passeport par les services diplomatiques (consulats, ambassades) des pays où désire se rendre le demandeur. Si, naguère, son obtention était facile, tout est devenu compliqué. Les demandeurs sont à la peine.

Pour parler de visa, il faut d’abord obtenir un passeport en règle. « Il y a trois catégories : le passeport en règle. Le passeport ordinaire, le passeport de service et le passeport diplomatique. Pour les deux derniers, tout est question de hiérarchie », explique Armand Oua, adjoint administratif au ministère des Affaires étrangères et des Ivoiriens de l’étranger.

S’il fallait payer le timbre du passeport à 5000f Fcfa, il y a quelques années, aujourd’hui il faut débourser 20 000 Fcfa, soit 15 000 Cfa de plus. Une fois titulaire, d’un passeport, il faut frapper aux portes du consulat ou de l’ambassade du pays sollicité pour demander un visa. Généralement, il faut être muni d’un certificat de séjour, de la photocopie de votre carte nationale d’identité, d’un travel-chèque et d’un certificat d’hébergement du pays d’accueil. Ces pièces réunies, le visa est presque acquis. Mais, depuis septembre 2002, les données ont changé. Après le passage des « patriotes » qui ont démoli tout à l’entrée du consulat de France, les grilles ont été doublées. Dès lors, que de difficultés pour y accéder, ne serait-ce que pour une information. Par le passé, les étudiants du 3e cycle et les artistes étaient prioritaires pour la France. Ce n’est plus le cas. Un demandeur, Victor Bénié, a rendez-vous à 10 heures avec le fonctionnaire en charge des visas du consulat de France. Alors, depuis 8 h 30, il est sur le lieu de rendez-vous. M. Bénié est un artiste-musicien qui a déjà parcouru l’Europe. Il en sait beaucoup sur les difficultés d’obtention du visa. « Nous, les artistes, n’avions pas de problème pour nous rendre en France. Mais, depuis que les zaïrois et autres congolais ont fui leur pays colonisateur, la Belgique, au profit de la France, tout s’est dégradé. Ils se sont tristement illustrés en Europe en trafiquant les visas et les passeports. Et depuis, les services de l’Immigration en France ont mis les artistes dans le même sac », révèle-t-il. Il ajoute « il suffisait de remplir un formulaire et mieux, avec des sauf-conduits nous, artistes ivoiriens, allions en France. Dans mon cas, je suis arrivé à paris avec seulement ma carte nationale d’identité ; oui Abidjan était Abidjan, et Paris était la ville lumière ». Ce temps est bien loin et Bénié le regrette amèrement.

Invité par sa sœur aînée qui vit sur les bords de la Seine, il vient solliciter un visa pour se rendre à Toulouse (France). Mais depuis deux mois, il ne fait que des « va et vient » entre son domicile à Yopougon Selmer et le Plateau. Il espère que cette fois sera la bonne. Non loin du consulat, des jeunes très en colère, devisent : « ces Français du consulat ne nous accordent aucun respect. A peine s’ils nous écoutent. Et pourtant, c’est notre jour de rendez-vous et il est bientôt 11 heures ». Quand on sait que les bureaux du consulat vont se refermer sous peu. Justement, c’est une des conditions à remplir, qui consiste à composer le numéro suivant : 900 30 900 du consulat pour obtenir un rendez-vous. Ceci fait, le guichetier, emmuré vous remet a travers un « chaos » (un petit trou) un formulaire à remplir, que vous joignez au passeport et c’est après toutes ces gymnastiques qu’on décide de votre sort. Beaucoup d’appelés, peu d’élus serait-on tenté de dire. Tout autour du combat se trouvent, des hommes peu recommandables. Ils abordent souvent les demandeurs en ces termes : « vous voulez un visa pour quel pays ? Si c’est à Londres eu en France, je connais des fonctionnaires dans ces ambassades qui, moyennant telle somme peuvent vous satisfaire en peu de temps ». Obnubilés par leurs décisions de partir à l’aventure, à tout prix, certains demandeurs naïfs mordent à l’appât. Pas un jour où la justice n’enregistre de plaintes à cet égard. A la Maca, ils sont nombreux qui méditent sur leurs agissements dégradants. C’est le lieu de rappeler que tant-il y a des corrupteurs il y aura des corrompus. Mme D. Sidonie ne dira pas le contraire, elle qui a perdu la somme de 500 000 Fcfa qu’un quidam lui a subtilisées, prétextant lui trouver un visa pour la Grande-Bretagne. Et elle n’est pas seule dans ce cas. A l’ambassade des Etats-Unis, on se croirait en Afrique du sud d’hier, du temps de l’apartheid. Tout est barricadé – on ne sait jamais et c’est à peine si les agents écoutent les visiteurs. Une fois dans le hall, c’est d’abord des fouilles corporelles minutieuses. Vous ne disposez pas du temps de vider nos poches, le détecteur émet un son. La première question est : parlez-vous anglais ? Ensuite : Pourquoi voulez-vous aller aux Etats-Unis ? Qu’avez-vous comme garantie dans votre pays ? Avez-vous une maison ?

Dans les ambassades de Grande-Bretagne, de Suisse, d’Allemagne, on est respectueux des droits de l’Homme. Vous remplissez un formulaire et vous attendez la suite, qui ne tardera pas. Il est 10 heures, ce vendredi 18 mars 2005 au centre culturel Allemand sis à Cocody. Tous les renseignements concernant l’immigration en Allemagne sont affichés. Là bas, on est pragmatique. Vous entendrez l’attaché culturel dire : « Qu’allez-vous faire en Allemagne ? Pour combien de temps ? » Etc. et les visas sont délivrés au cas par car, sans frustration, pourvu que vous remplissez les conditions requises.

Les pays qui enregistrent assez de demandes des visas sont la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada etc… Pour tout demandeur ‘approcher les agents assermentés dans les consulats et ambassades, à délivrer les visas.

D. Adham

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