L’Afrique nettement en retard sur le temps scolaire universel

Bamako, Mali (PANA) – Seulement la moitié des 900 heures annuellement
requises au titre du temps scolaire universel est assurée en Afrique,
ont révélé jeudi à Bamako, deux experts en Education, M. Beïfith
Kouak Tiyab et Mme Claudine Bourrel.

“Il est mondialement admis que pour qu’un élève inscrit à l’école
primaire puisse profiter de son année scolaire, il a besoin d’au
moins 900 heures de cours. Dans la plupart des pays africains, le
temps scolaire n’atteint que 450 à 500 heures, a-t-elle déclaré lors
d’un entretien accordé à la PANA.

Spécialiste principal des programmes d’éducation à la Banque
mondiale, Mme Bourrel a assuré que dans les conditions actuelles
“l’école en Afrique ne peut réaliser les mêmes performances que celle
des autres régions du monde”.

“Le temps scolaire est un élément extrêmement déterminant de la
qualité de l’éducation. On peut apporter les ressources
additionnelles qu’on voudra, on peut avoir les meilleurs supports
pédagogiques, on ne pourra jamais atteindre de bons résultats sans
respect de temps scolaire”, a-t-elle dit, en marge de la conférence
internationale sur l’abolition des frais scolaires

Mettant en garde contre les conséquences de la persistance du non
respect du temps scolaire, Mme Bourel a fait remarquer qu’une telle
situation pénalise surtout les enfants issus des familles
défavorisées qui ne bénéficient pas de soutien scolaire ou de suivi
familial.

“Quand l’école ne fonctionne pas bien, ce sont surtout les enfants de
pauvres qui en pâtissent. Car leurs parents ne peuvent ni leur
trouver de complément aux enseignements dispensés dans les écoles, ni
leur assurer un soutien à travers des exercices à la maison. Nous
devons faire attention”, a encore averti la spécialiste de la Banque
mondiale.

Expliquant les raisons du retard de l’Afrique en matière de temps
scolaire, M. Kouak Tiyab de la Conférence des ministres francophones
de l’Education nationale (CONFEMEN), a regretté “les problèmes
managériaux” de l’école africaine.

Il n’existe pas de calendrier scolaire dans de nombreux Etats
africains. Résultats : les rentrées sont souvent tardives, les
examens sont organisés de façon anticipée”, a dit l’expert de la
CONFEMEN.

“Dans ces conditions, il ne faut pas s’attendre à des miracles. Le
temps scolaire constitue incontestablement l’élément le plus
important de l’école. Il conditionne l’apprentissage de l’élève tout
comme l’exécution des programmes», a insisté M. Kouak Tiyab.

Il a par ailleurs souligné d’autres entraves au respect du temps
scolaire, citant le cycle de grèves d’enseignants et les déplacements
pour “toucher les salaires”.

“L’absentéisme des enseignants est une donnée importante dans le non
respect du temps scolaire. Dans certains pays africains, ils sont
obligés chaque mois de parcourir 100 voire 200 km pour toucher leurs
salaires. Ils prennent alors sur le temps scolaire pour effectuer ces
voyages”, a expliqué l’expert.

Pour lui et Mme Bourrel, il existe pourtant des “solutions simples”
aux entraves au respect du temps scolaire en Afrique.

“Il n’y a aucune solution miracle. Il suffit simplement que tous les
partenaires de l’école se mettent ensemble pour discuter des
solutions aux problèmes des uns et des autres”, a dit Mme Bourrel.

“Les enseignants ont bien le droit de faire aboutir leurs
revendications. Je ne suis pas sûr qu’ils aient absolument
besoin de continuer à recourir à la grève”, a martelé la spécialiste
de la Banque mondiale.

S’agissant de l’absentéisme des enseignants, M. Kouak Tiyab estime
qu’on pourrait y mettre fin en mobilisant les administrations
centrales des ministères de l’éducation nationale afin d’assurer une
bonne gestion de l’école.

“Il faut mobiliser les responsables de l’administration centrale et
les acteurs de l’école. Il n’est pas normal que les enfants africains
continuent d’être pénalisés par l’absentéisme des enseignants. C’est
un problème que les Africains peuvent régler sans l’aide d’aucun
bailleur de fonds», a-t-il encore dit.

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