Bujumbura, Burundi (PANA) – Des partenaires de la scolarisation
universelle ont estimé mardi que le Burundi pourra difficilement
atteindre les objectifs de l’Education pour tous (EPT) d’ici l’an
2015 avec tous les problèmes structurels qui minent aujourd’hui
encore le secteur de l’enseignement de base.
Au niveau de la petite enfance, la scolarisation dans les écoles
maternelles publiques et privées du Burundi ne dépasserait pas
aujourd’hui le taux brut de 1,5%, indique un rapport de la coalition
nationale pour l’EPT, “Barekebige”(“Laissez-les apprendre”, en langue
nationale Kirundi), rendu public mardi à Bujumbura.
L’accès à la maternelle ne toucherait essentiellement que les centres
urbains et semi-urbains à cause de l’insuffisance des
infrastructures, l’absence de ressources humaines et financières
suffisantes ainsi que la logistique nécessaire pour organiser ce
palier de l’éducation nationale, peut-on lire dans le rapport.
Au niveau du primaire, la scolarisation universelle reste
caractérisée par des disparités de sexes et de régions, relève le
rapport.
Sur la période 1999-2000, le Taux brut de scolarisation chez les
garçons était de 75%, contre 59% de petites filles du primaire,
selon la même source.
La récente politique gouvernementale de la gratuité de l’enseignement
de base aurait permis de réduire les écarts de Genre et le rapport
estime à 105,9% le taux de scolarisation de petits garçons, contre
96,7% de filles durant l’année scolaire 2005-2006.
Des disparités d’ordre régionales sont également assez prononcées au
Burundi où la moitié des 17 provinces du pays enregistreraient des
taux de scolarisation inférieurs à la moyenne nationale de 101,1%,
indique-t-on toujours dans le rapport.
La même source fait état d’autres failles dans la mise en oeuvre de
la politique de l’EPT, comme l’absence de programmes spécifiques pour
s’occuper de la scolarisation des enfants vulnérables,
notamment les orphelins, les handicapés, les gosses de la rue et ceux
de Batwa, la plus petite minorité ethnique au Burundi.
Par ailleurs, le rapport soulève le problème tout aussi inquiétant de
passage du primaire au secondaire si on en juge aux plus de 70% de
finalistes de l’enseignement de base qui n’accèderaient pas au palier
suivant alors qu’ils ne sont même pas préparés pour entrer dans la
vie active.
Le rapport épingle, en outre, l’échec de la politique de
l’alphabétisation des adultes qui ne serait aujourd’hui que de 49
pour cent et favoriserait plus les hommes que les femmes.
Concernant l’encadrement en milieu scolaire, la situation n’est pas
non plus rassurante à en juger aux conclusions du rapport faisant
état de 78 pour cent d’enseignants du primaire qui souhaiteraient
quitter le métier pour cause de salaires ne permettant pas de
couvrir les besoins élémentaires, comme l’hébergement, la nourriture,
l’habillement et le déplacement.
La formation initiale des enseignants resterait en outre archaïque et
les programmes, vieux de plus de 18 ans, seraient également inadaptés
aux exigences du moment.
Les infrastructures d’accueil pèchent aussi par le nombre insuffisant
avec seulement 17.222 salles de classe qui devaient accueillir près
de 1.600.000 enfants du primaire à la rentrée scolaire 2005-2006,
selon toujours le rapport.
Le texte du rapport met enfin en exergue le fait que les évaluations
scolaires sont archaïques et contraires au principe de l’EPT.