Les grands écrivains russes, des passionnés du jeu

Les grands écrivains russes, des passionnés du jeu

MOSCOU, 12 août (AFP) – 12/08/2004 09h09 – Pouchkine et Lermontov, Tolstoï et Dostoïevski, les grands écrivains russes étaient des passionnés du jeu: ils y perdaient leurs fortunes, jouaient parfois l’argent promis par les éditeurs pour leurs textes futurs, dont certains expliquent la nature de la manie destructrice que l’on prête aux Russes, avec quelque raison semble-t-il.

Alexandre Pouchkine jouait aux cartes "beaucoup et avec passion. Parfois il utilisait comme mises des chapitres d’Eugène Oneguine" encore en gestation. "Cet homme remarquable faisait pitié lorsqu’il était en proie à cette passion bête et brutale", se souvenaient les témoins de l’époque.

Le poète se promettait maintes fois d’en finir mais dès qu’une occasion se présentait, il passait des nuits entières à une table de jeu.

Dans ses oeuvres, notamment la nouvelle "La Dame de pique" sur la progression de la folie d’un joueur de cartes, Pouchkine utilisait de nombreux termes spécifiques qui trahissaient en lui un expert.

Fiodor Dostoïevski a pris le goût du jeu lors d’un voyage en Europe destiné à soigner son épilepsie. Mais au lieu de traiter une maladie, il en attrape une autre dans une salle de jeu à Wiesbaden, en Allmagne: la roulette, une passion qui le possédera pendant huit ans.

C’est après avoir perdu gros qu’il conçoit "Crime et châtiment", selon ses biographes.

Pressé par les créanciers, il interrompt le travail sur ce roman et écrit en 25 jours un autre, autobiographique, "Le Joueur", l’histoire d’un homme qui vient pour la première fois au casino pour gagner de l’argent pour sa femme aimée mais s’enlise dans je jeu qui l’emporte sur l’amour.

Vivant à l’étranger, Dostoïevski et sa jeune épouse Anna étaient souvent contraints de mettre en gage leurs vêtements après des jeux malheureux de l’écrivain.

Léon Tolstoï jouait aux cartes et à la roulette.

Pour s’acquitter de ses dettes, le jeune écrivain a d’abord vendu en partie la forêt du domaine familial, puis a écrit le roman "Les Cosaques" promis à un éditeur qui lui avait prêté de l’argent.

"Je suis très content, autrement ce roman prêt à moitié aurait traîné éternellement et serait utilisé pour calfeutrer les fenêtres", écrivait-t-il sur cet épisode.

Mikhaïl Lermontov avait une vision moins radieuse de sa passion du jeu.

"Les jeux de hasard sont un filet dans lequel le Satan attrape les âmes", estimait-il.

Il passait des heures à jouer au "stoss", ancien jeu populaire parmi les officiers qui a donné le nom à une nouvelle éponyme inachevée, mélange de récits réalistes et de fantaisies sombres de l’auteur.

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