MAROC – «L’Université marocaine à l’épreuve»

«L’Université marocaine à l’épreuve»
de Mustapha Bencheikh.
Editions Okad,107 pages

«L’université marocaine à l’épreuve» de Mustapha Bencheikh : Un constat alarmant
10.02.2005 | 15h48
Source : http://www.lematin.ma

«L’université marocaine à l’épreuve» est l’intitulé de l’ouvrage de Mustapha Bencheikh, paru récemment aux Editions Okad, à travers lequel cet enseignant et ancien responsable de Faculté a voulu donner des éclaircissements préliminaires sur la réforme universitaire au Maroc, en étudiant sa démarche et en réfléchissant à notre éducation pour y apporter les corrections éventuelles.

Motivé aussi par le discours de SM le Roi Mohammed VI, adressé à la Nation en juillet 2004, qui a « implicitement encouragé le débat démocratique et invité tous les acteurs concernés à retrousser leurs manches et à travailler dans la clarté et la transparence», M. Bencheikh nous invite par cette recherche à dialoguer et non pas pour nous donner des leçons ou apporter des résultats définitifs et encore moins un bilan exhaustif, estimé prématuré par certains responsables avant l’écoulement de huit années successives.

Ainsi, évoluant dans le domaine universitaire grâce à son titre professionnel, l’auteur a pu suivre avec attention, durant plusieurs années, le débat sur l’enseignement au Maroc et souhaite apporter, dans ce livre, «une parole de dialogue, ouvrir des possibilités de discours, mêler ma voix à celle de mes collègues, relever des erreurs commises, sans doute involontairement ou sous la pression des événements, commettre peut-être moi aussi certaines erreurs d’analyse, mais faire connaître à ce terme ce qui se passe dans l’Université marocaine, que les Marocains aiment et à laquelle ils voudraient faire confiance», nous dira-t-il dans l’introduction de l’ouvrage.

De ce fait, pour mettre le lecteur dans le bain du problème, l’enseignant et chercheur, Mustapha Bencheikh, a relaté, en bref, tous les stades parcourus par l’Université marocaine, depuis l’instauration à Rabat du premier établissement, calqué sur le modèle français, (Université Mohammed V) en 1957 jusqu’à nos jours, en passant par les années 80 où «les universités ont connu une crise larvée qu’aucune loi n’arrive à juguler, accusant une baisse de niveau aussi bien chez les étudiants que chez les professeurs», aggravée par l’arrivée des bacheliers arabisés en 1989 et la création du nouveau corps des diplômés-chômeurs.

Un constat alarmant s’étant intensifié par le fait que l’Université est devenue, en quelque sorte, le seul refuge pour tous ceux qui n’ont pas obtenu de bons résultats ou d’autres qui ne possèdent pas les moyens matériels pour s’orienter vers d’autres structures plus confortables au Maroc ou à l’étranger. Ainsi, tous ceux qui se rabattent sur la faculté, par obligation, le font «avec le double sentiment d’un demi échec et d’une longue aventure à tenter sans promesses de lendemains meilleurs» et seront confrontés à des enseignants qui, dans leur majorité, ont perdu confiance dans leur propre système, dont certains cherchent même à quitter leur établissement, laissant la place à quelques ignorants venus à l’enseignement, parfois, au hasard des circonstances.

«On entre, donc, à l’Université pour des raisons essentiellement sociales, sans en connaître les tenants et les aboutissants, sans l’aimer, sans prédisposition intellectuelle qui fait de vous un vecteur de connaissance et de savoir, travaillé par un code de déontologie et épris de justice et de vérité».
L’auteur nous explique, en détail, tous ces problèmes que vit l’enseignement supérieur marocain, sans omettre d’expliquer le rôle des fonctionnaires de l’Université, livrés à eux-mêmes, et que rien n’est prévu pour les aider à progresser pour mieux communiquer avec des étudiants parfois indisciplinés, parfois connaissant leurs droits mais rarement passifs.

Donc, Mustapha Bencheikh a essayé dans son livre de mettre à nu toutes ces difficultés qui entravent la bonne marche de notre système universitaire qui nécessite une réforme urgente. Ce qui est tout à fait logique, car il n’est pas de système éducatif qui n’a jamais été mis en cause quelle que soit sa valeur, puisque ceci entre dans le cadre du changement que connaît, au fur et à mesure, le Maroc et que l’Université doit suivre pour être mieux adaptée à son environnement économique, social et culturel.

«Or, il n’est pas de réforme sans quelques décisions désagréables, aux yeux de certains, voire impopulaires», précisera l’auteur.

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