Cotonou, Bénin (PANA) – Initialement prévue pour le 15 septembre
avant d’être reportée au 6 octobre, la rentrée 2008-2009 risque
de ne pas être effective ce lundi au Bénin, du fait d’un
désaccord entre les différents acteurs du système éducatif.
Si, du côté du gouvernement, on estime que toutes les
dispositions ont été prises pour une rentrée des classes
effective et sans accrocs, les syndicalistes eux, pensent que
rien n’est fait pour permettre à l’année scolaire et académique
d’être apaisée.
Pourtant les trois ministres en charge de l’Education au Bénin
multiplient les sorties médiatiques pour expliquer aux
populations les actions engagées dans le secteur.
Du recensement de plus de 11.000 enseignants à former, le
recrutement de 4.000 autres à reverser parmi les agents
contractuels de l’Etat, la construction de 6.000 salles de
classe, la suppression des frais d’inscription en première année
d’université des étudiants non boursier, l’octroi de moyens de
déplacement au corps de contrôle, sont entre autres actions ayant
fait l’objet de plusieurs émissions sur la télévision nationale,
parfois relayées par d’autres chaînes partenaires.
De leur côté, les syndicalistes ne ratent aucune occasion de
révéler à l’opinion publique la mauvaise volonté des autorités
qui risque de faire connaître une fois encore au Bénin le spectre
des années perturbées.
En dehors des revendications relatives aux conditions de vie des
syndicalistes qui réclament une hausse indiciaire à deux chiffres
et face à laquelle le gouvernement ne promet qu’une augmentation
de 5 pour cent, l’année scolaire censée démarrer lundi risque
d’achopper sur les “Nouveaux programmes d’études” (NPE).
De sources proches du ministère des Enseignements maternel
primaire, les cours vont se dérouler cette année avec ces
programmes dénommés “Approche par compétence” et non avec le
programme intermédiaire.
Pour le gouvernement, ce programme malgré ses insuffisances est
le seul adapté à former des Béninois de type nouveau compétitifs
sur le plan international.
Des insuffisances certes, mais qui se corrigent au fur et à
mesure qu’elles sont découvertes et il est même envisagé de faire
venir des experts canadiens qui s’y connaissent mieux pour la
formation des formateurs, explique Mme Christine Ouinsavi, en
charge de ce département ministériel.
Se fondant sur les résultats de l’année en cours, les autorités
béninoises estiment que le taux de réussite des candidats à
l’examen du Brevet d’étude du premier cycle (BEPC) pour les NPE
est largement élevé à celui du programme intermédiaire.
Le taux de réussite est de 58,01% pour les NPE et de 46,86% pour
le programme intermédiaire contre 5% et 11,70% en 2007, a
confirmé Kakpo Mahougnon, directeur des Examens et Concours.
La Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB, la
plus représentative) et qui fait de la suppression des nouveaux
programmes son cheval de bataille, appelle tous ses membres à ne
pas démarrer les classes, tant que “ce programme préjudiciable à
l’avenir des enfants béninois sera toujours appliqué”.
Cette confédération dénonce “l’abêtissement, l’aliénation,
l’arriération des enfants et l’entêtement du gouvernement de les
maintenir”, malgré les nombreux cris d’alerte. Elle dénonce
l’attitude “trompeuse” du gouvernement qui, au lieu d’en finir
avec ces programmes, s’empresse d’organiser des fora et autres
conférences budgétivores auxquels ne participent pas les vrais
acteurs du monde éducatif.
Les responsables de la CSTB prônent l’instruction de tous les
citoyens béninois dans leurs langues maternelles respectives dès
la rentrée scolaire prochaine.
Selon Gaston Azoua, Secrétaire général de cette confédération, ce
programme ne peut s’appliquer que dans la langue maternelle de
l’enfant et nous exigeons qu’on les suspende pendant deux ans, le
temps de mettre en place toutes les dispositions permettant de
les appliquer convenablement.
La CSTB, qui a organisé durant toutes les vacances des marches de
protestation sur tous les ministères concernés par l’éducation, a
lancé pour demain lundi, un mouvement de débrayage de 72 heures
renouvelables en attendant d’engager d’autres actions.
Le Syndicat des enseignants du primaire et de la maternelle
(SYNAPRIM) projette d’organiser demain lundi, une grande marche à
travers la ville de Porto-Novo (siège du ministère de tutelle).
Pour plusieurs observateurs de l’école béninoise, si la CSTB,
elle, s’attaque aux NPE, d’autres confédérations lui emboîteront
le pas pour d’autres revendications pour lesquelles les
négociations risquent de traîner et de ronger fortement l’année
scolaire déjà amputée de deux semaines.
Des écoles encore sous l’eau dans plusieurs localités inondées,
d’autres qui se débattent toujours avec des effectifs
pléthoriques aggravés par la décision de suppression des frais de
scolarité, malgré le programme de construction de 6.000 salles de
classe lancé par le gouvernement, des enseignants qui
subordonnent la reprise des classes au paiement effectif des
différentes primes (dont le paiement n’a démarré que ce week-end),
le retard dans la formation et le recyclage des enseignants et la
mise en place des subventions, sont entre autres difficultés qui
risquent d’hypothéquer la reprise effective demain des classes
dans plusieurs localités du Bénin.