La problématique de l’éducation pour tous
Le taux brut de scolarisation était de 29,5 % en 1996. Quatre ans plus tard, il est passé à 34,1 %. Insuffisant, au point de dire aux auteurs d’une récente étude intitulée « Nourrir, éduquer et soigner tous les nigériens :la démographie en perspective » que la situation est délicate. « Avec un rythme d’accroissement annuel moyen de 1 point, le taux brut de scolarisation en 2015 serait d’environ 50 %, encore très loin donc de l’objectif de scolarisation de 84 % des garçons et des filles retenu par la SRP », indique l’étude dirigée par MM. John F. May, Soumana Harouna et Jean-Pierre Guengant, et dont la diffusion vient d’être faite à l’attention des journalistes, des directeurs centraux et secrétaires généraux des Ministères, des membres du gouvernement, et des parlementaires.
La faiblesse du taux de scolarisation peut être imputée à divers facteurs dont l’accès différentiel au moment des recrutements pour les filles (en 1998, le taux brut de scolarisation des filles de 7 à 12 ans par ailleurs victimes de mariages précoces, de grossesses non désirées était de 21 % contre 31 % pour les garçons), le recours au système des vacations doubles dans les milieux à forte concentration démographique, ce qui ne permet pas l’accès à l’enseignement pendant la totalité du temps disponible, l’efficacité de l’enseignement sacrifiée au profit de la quantité, les déperditions scolaires qui touchent les couches de la population qui manquent de revenus… Conclusions : taux de redoublement très élevés, faibles taux de réussite aux examens et une déperdition scolaire importante qui remet à la rue 40 % des enfants scolarisés. Sur 100 élèves inscrits au cours d’initiation (CI), une trentaine seulement arrivent au certificat de fin d’études du premier degré (CFEPD), note l’étude citée ci-haut.
Au total, il y a d ‘énormes efforts à fournir en termes de construction d’infrastructures scolaires, d’achat de matériels didactiques et de recrutement d’enseignants… Quelques chiffres indicatifs : en 1998, le Ministère de l’Education a relevé une moyenne de 60 élèves par classe dans l’enseignement primaire public à Niamey ; la population scolarisable de 6 – 7 ans qui était de 359.000 en 2000 augmentera de 18.000 enfants par an supplémentaires avec les niveaux actuels de fécondité et de mortalité : en 2010, on enregistrera 538.000 enfants, et 3 millions en 2050, tandis que pour les 6 – 12 ans qui étaient de 2,2 millions en 2000, ils seront 3,3 millions en 2010. Un avertissement en plus : la pression de la demande ne s’atténuera pas avant l’an 2020. Ce qui justifie cette pression, c’est qu’en considérant les 18.000 enfants en âge d’être scolarisés dans le primaire, avec des taux de 40 élèves par classe, les besoins supplémentaires en classes vont se chiffrer à 450 et en enseignants 473 par an.
Les disponibilités actuelles sont loin de satisfaire l’objectif de scolarisation pour tous, car sur les 4.112 écoles primaires du pays, seules 1.041 proposent l’intégralité du cycle de l’enseignement primaire (certains établissements n’ont qu’une seule classe et un seul enseignant).
Ces 4.112 écoles totali-sent 13.460 classes ; 579.486 élèves sont inscrits, encadrés par 14.249 enseignants.
Les défis sont donc énormes : pendant que les enfants scolarisables aug-mentent (avec l’accroissement rapide de la population), les moyens pour y faire face ne progressent nullement. Une terrible équation.
Source : Republicain-Niger
http://www.planeteafrique.com/Republicain-Niger
N° 617 du 15 au 21 avril 2004