Sénégal – Agressions sexuelles contre les filles à l’école – 20 % des cas de viols sont l’oeuvre des enseignants
Dans 20 % des cas de viols recensés sur des filles allant à l’école, les enseignants sont indexés comme étant les auteurs de ces agressions sexuelles. C’est ce qui ressort d’une étude datant de 2008 de la Direction de l’enseignement moyen secondaire général (Demsg) du ministère de l’Education.
Chargés de donner un enseignement de qualité aux élèves, certains enseignants font du viol des filles dont ils ont la responsabilité à l’école leur sport favori. Fréquemment, les pages faits divers des journaux rapportent des cas d’une élève violée ou engrossée par son enseignant. Une étude de la Direction de l’enseignement moyen secondaire général (Demsg) qui date de 2008 portant sur 46 cas de viols d’élèves révèle que 20 % des cas sont l’oeuvre des enseignants ou du personnel de l’école. La même étude de la Demsg montre également que c’est la région de Kolda qui enregistre le triste record des agressions sexuelles contre les filles à l’école. Pour preuve, selon Marie Siby, chargée des questions de genre à la direction des ressources humaines du ministère de l’Education, en 2008, 100 cas de grossesses non désirées ont été enregistrées dans la capitale du Fouladou sans parler des mariages forcés.
Mme Siby qui faisait une communication sur ce phénomène très répandu dans le système éducatif sénégalais à l’occasion de l’assemblée générale de l’association Fawe tenue ce week-end, a fait également remarquer que 52 % des filles et près de 40 % des élèves interrogées ont reconnu avoir été l’objet de violences physiques ou morales à l’école. Des chiffres qui cachent certaines disparités. Car, les violences à l’école étant plus marquées dans certaines zones plus que d’autres. ‘La violence à l’école a été d’une ampleur telle que, malheureusement on ne s’est pas encore mobilisé pour venir à bout de ce phénomène’, regrette-t-elle. Or, d’après, cette responsable des questions genre à la direction des ressources humaines du ministère de l’Education, les conséquences de ces agressions sexuelles ont un impact direct sur la scolarisation des filles. Selon Mme Siby, en effet, si elles ne tombent pas enceintes, elles risquent d’attraper le Vih/Sida. ‘Je suis convaincue que certaines contre-performances des filles sont liées à cette violence.
Lorsque les enfants subissent des violences à l’école, il y a un problème de démotivation. Les filles s’absentent ou quittent définitivement l’école’, soutient-elle. Par les causes explicatives de cette violence à l’école, Marie Siby pointe un doit accusateur sur les croyances socio-culturelles qui n’accordent toujours pas à la femme ses droits et sur l’école qui, à ses yeux, est ‘une fabrique de violence’ puisqu’elle perpétue certains clichés sur les filles. Pour prendre à bras le corps ce phénomène de la violence à l’école en général et particulièrement des agressions sexuelles, Marie Siby estime que la famille et l’école ont un grand rôle à jouer notamment en mettant en exergue les notions d’égalité et de respect de l’autre. De plus, elle est d’avis qu’il faut davantage ‘responsabiliser les chefs d’établissements et les Inspections d’académie pour la prise en charge des cas d’agressions sexuelles’. Toutefois, la chargée des questions genre du ministère de l’Education a fustigé l’attitude de certains directeurs d’école qui sont prompts à jouer au médiateur entre l’enseignant et la famille de la victime.Marie Siby a déclaré également qu’on doit partager le règlement intérieur et le code de déontologie entre les enseignants et les élèves pour que nul n’en ignore le contenu.
A noter que le Fawe qui lutte pour la scolarisation et le maintien des filles à l’école s’engage à lever tous les obstacles à cet objectif par la sensibilisation et le plaidoyer. Mame Bousso Samb Diack qui a été reconduite à la tête de l’antenne Fawe Sénégal pour un nouveau mandat de trois ans a promis que la question des agressions sexuelles contre les filles à l’école sera prise en charge dans le programme stratégique 2008-2012.
Mamadou Sarr
4 Mai 2009
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