Spécial recrutement – Booster sa carrière grâce à l’international

Spécial recrutement – Booster sa carrière grâce à l’international

Partir… pour mieux revenir. Etudiants et jeunes cadres ne rêvent plus que de cela ! Petit tour d’horizon des bons plans…

Camille Lamotte

Dans un marché de l’emploi sous tension et déjà largement globalisé, l’expatriation et la mobilité sont désormais synonymes d’accélérateurs de carrière. Que ce soit pour trouver un premier job, développer de nouvelles compétences ou donner un sérieux coup de fouet à son salaire.

« J’observe le marché des cadres sur les cinq continents depuis plus de vingt ans, explique tranquillement Alain Tanugi, fondateur du cabinet de recrutement Transearch International. Aujourd’hui, nous sommes face à une guerre mondiale des talents. L’internationalisation du recrutement et la veille accrue sur la carrière des jeunes talents ont profondément modifié le marché de l’emploi et les critères d’embauche. Il n’y a plus de grande carrière sans un nécessaire passage à l’international. Pour la nouvelle génération des 25-30 ans, choisir de naviguer à contre-courant de cette nouvelle tendance et miser sur un développement strictement hexagonal peut constituer un handicap. Car plus on monte dans la hiérarchie et plus l’employabilité dépend d’une solide expérience à l’étranger. » Alain Tanugi en sait quelque chose. Son cabinet de recrutement fondé il y a vingt-six ans connaît un rayonnement international dans 34 pays et compte pas moins de 53 bureaux et 400 consultants dans le monde. « Le mieux pour un jeune en début de carrière est d’envisager d’emblée un séjour de trois ans minimum. Dans certaines carrières, une parenthèse d’une dizaine d’années s’impose même, dans deux ou trois zones distinctes du globe, avant de rentrer au bercail. Ces expériences permettent de faire un bond hiérarchique dans une nouvelle entreprise. »

Et pour gagner ses galons de cadre dirigeant capable d’assurer des fonctions à l’international, il existe une voie royale : le Master of Business Administration (MBA), sacré nouveau sésame. Etudiants bac + 4 et jeunes cadres, ingénieurs, juristes ou scientifiques ne jurent plus que par ce modèle souple made in USA, dont les cours sont dispensés en anglais. Résultat : la plupart des grandes écoles n’ont pas été longues à se doter de leur propre MBA maison. Essec, HEC, ESCP-EAP, mais aussi Sciences po…

Avec 80 MBA en France sur 2 000 dans le monde, on assiste à une véritable guerre de ces nouveaux programmes. « Il existe une forte compétition entre les écoles, le MBA est un marché qui grossit à vue d’oeil en Europe , explique Antonio Fatas, doyen du programme MBA de l’Insead à Paris. Nous accueillons quelque 900 étudiants par an, et ce chiffre ne cesse de grimper. La raison de cet engouement est simple. D’un côté, les entreprises se sont globalisées et cherchent donc davantage de personnes au profil international, capables de s’adapter à un certain environnement. De l’autre, on a observé un impact direct du MBA sur les carrières. Les détenteurs d’un MBA vont plus vite que les autres en valorisation de salaire et en hiérarchie, et, surtout, cette formation leur ouvre des portes qu’ils n’auraient jamais imaginé franchir. »

Du côté des entreprises, on suit avec intérêt l’apparition de ces formations spécialisées, idéales pour les jeunes cadres qui plafonnent après quatre à cinq ans d’expérience. Mais, face au risque de pénurie de talents, les boîtes misent aussi désormais sur leurs propres pouponnières internationales…

« La mobilité est dans notre ADN, qu’elle soit horizontale, verticale ou bien géographique , assure Sylvie Bernard-Curie, DRH chez KPMG Audit. Nous veillons donc à organiser une vraie gestion RH de cette mobilité. » A l’instar de grands groupes tels que Carrefour, Michelin ou Danone, KPMG envoie chaque année à l’étranger 50 salariés français triés sur le volet parmi ses meilleurs cadres. Une expérience de durée variable (de trois à vingt-quatre mois) et strictement réservée aux high performers, les hauts potentiels. Si « l’aspect financier n’est pas prioritaire », les candidats qui se bousculent au portillon de départ n’ignorent pas le retour sur investissement. La direction des ressources humaines non plus, consciente de la compétition acharnée entre les entreprises pour attirer les meilleurs éléments. Alors, pour éviter toute fuite des cerveaux à l’arrivée, Sylvie Bernard-Curie porte la plus grande attention à la gestion des retours, en commençant par garder un lien très fort pendant la mobilité. « On cherche en amont à connaître les nouvelles compétences acquises et comment les utiliser ici. Six mois avant le retour, on commence à faire des points réguliers pour un atterrissage en douceur. »

Si Londres et New York tiennent le haut du pavé, les jeunes cadres se tournent de plus en plus vers de nouvelles destinations : Dubai, Abu Dhabi, la Russie, l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. « La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui pratiquement n’importe qui peut partir travailler à l’étranger et ajouter une belle ligne sur son CV, en visant les pays moins cotés , explique Jean-Pierre Pont, l’infatigable directeur de la revue Vivre à l’étranger. Par exemple, les Français boudent beaucoup l’Afrique, alors que les grands groupes installés sur place manquent cruellement de cadres. Dans ce contexte, les candidatures spontanées peuvent permettre aux petits malins de tirer leur épingle du jeu à moindre coût concurrentiel… Par ailleurs, certains secteurs clés comme le BTP, la santé, l’éducation ou l’informatique accueillent à bras ouverts à l’étranger. Savez-vous qu’une infirmière instrumentaliste gagne environ 5 000 euros par mois en Suisse romande ?

Pour les étudiants et les jeunes diplômés, il y a toujours la formule simple et efficace du Volontariat international en entreprise ou en administration (VIE/VIA) ( voir p. 102 ), ou encore le programme Leonardo da Vinci pour ceux qui visent une mobilité européenne. Le tout étant de ne pas remplir son dossier à la dernière minute… Enfin, il existe des accords d’échange bilatéraux de jeunes professionnels âgés de 18 à 35 ans, visa garanti ! Et des portails d’offres d’emplois sérieux comme Eurès : 1 300 000 offres tous les jours ! Plus méconnus, les sites des consulats de France et des chambres de commerce dispensent des conseils et constituent un relais non négligeable pour ceux qui cherchent à s’implanter dans un pays en particulier. Pourquoi ne pas interroger aussi le Conseil du commerce extérieur, à la disposition des candidats au départ ? Il dispose d’un réseau extraordinaire. Tout comme l’Union des chambres de commerce à l’étranger ou les élus de l’Assemblée des Français de l’étranger.

Source
Publié le 12/06/2008 N°1865 Le Point

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