Un Malien de 40 ans, dont 13 en France, menacé d’expulsion

Un Malien de 40 ans, dont 13 en France, menacé d’expulsion avec femme et enfants
–Par Cécile Brisson–
Source : NouvelObs – http://permanent.nouvelobs.com/
PARIS (AP) — Parti du Mali il y a 13 ans, M. vit dans un studio parisien de moins de 35m2 avec sa femme et leurs deux jeunes enfants, dont l’un va à l’école maternelle. Après avoir essuyé deux refus, la famille vient de déposer une nouvelle demande de régularisation. Leur espoir: des papiers, du travail, un appartement plus grand et, surtout, "être indépendants".
"Si tu n’es à la charge de personne, tu es bien dans ton corps, dans ton esprit", résume F., la mère, âgée de 33 ans, Malienne également. "Il faut toujours voler de ses propres ailes".
Arrivée en France en 2000, elle a épousé M. lors d’un mariage musulman. Le couple n’a pas osé convoler en mairie, par crainte de l’expulsion. Ensemble, ils ont deux enfants. L’aîné a quatre ans et demi, la cadette sept mois. Ils sont nés en France, mais n’ont pas la nationalité française.
"M. est expulsable avec femme et enfants parce qu’ils sont tous en situation irrégulière", s’inquiète la militante de la Cimade (service oecuménique d’entraide) qui aide la famille dans ses démarches administratives.
Dans la clandestinité, M., originaire de Kayes comme la majorité des Maliens vivant en France, a dû travailler au noir, en tant qu’homme de ménage ou laveur de vitres, entre autres. Certains employeurs profitent de la situation. "Les uns paient, les autres paient pas", raconte M., qui ne fait pas ses 40 ans.
La famille est hébergée par un ami malien dans un studio clair, au premier étage d’un immeuble du XXe arrondissement de Paris. En fonction de ses rentrées d’argent, irrégulières et incertaines, elle verse une partie du loyer -qui s’élève à 289 euros par mois- au locataire en titre, qui, lui, se débrouille pour dormir ailleurs.
Un lit double, un lit simple et un lit pour bébé sont disposés dans la pièce principale, propre et bien rangée.
M. souhaite obtenir une carte de résident pour décrocher un emploi déclaré, "nettoyage, plonge, poubelles". Comme la loi actuelle l’y autorise, M. a déposé deux demandes de régularisation depuis 2003, au terme de dix ans passés en France. Mais la préfecture, exigeant au moins deux justificatifs officiels pour chacune des dix années, a rejeté sa requête, jugeant insuffisantes les preuves produites pour 1996. Elle l’a également accusé d’avoir une autre épouse et un autre enfant au Mali.
Avec l’aide de la Cimade, la famille a déposé un nouveau dossier, cette fois-ci pour F. Lorsqu’elle a accouché de sa petite fille, les médecins lui ont diagnostiqué un dysfonctionnement de la thyroïde qui nécessitait une intervention chirurgicale. Deux semaines avant l’opération, réalisée début avril, la demande d’autorisation provisoire de séjour (APS) pour soins a été formulée. La réponse est attendue d’ici quatre mois. M. espère qu’elle sera positive. "Comme ça, là, c’est trop dur". AP

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