Les étudiants découragés
Fonction publique. En pleine préparation des examens, ils doutent de la sincérité du gouvernement.
C’est à 22h30, alors qu’il se trouve à l’amphi 300 de l’université de Yaoundé 1, que Narcisse, étudiant en Master géographie à l’université de Yaoundé 1 va apprendre le report officiel de la publication de la liste des 25 000 recrutés dans la fonction publique. Il raconte : « Nous étions en salle pour réviser comme d’habitude. C’est alors qu’un étudiant a crié dehors, 25 000 dans l’eau. Certaines personnes n’ont pas cru au départ. C’est alors qu’un autre étudiant, qui était dans l’amphi, a dit qu’il avait aussi suivi cela à la télé ».
Au campus de Ngoa-Ekellé, ce jeudi, les étudiants sont plus préoccupés par les examens qui pointent dans une semaine. Mais, sur le campus, l’information s’est répandue comme une trainée de poudre. Certains ne cachent pas leur amertume. « Pendant une semaine, je suis sorti tous les jours à 4h pour déposer mon dossier à la préfecture. Je rentrais parfois dans la nuit. S’il faut qu’aujourd’hui on nous demande encore d’attendre, c’est que c’est du n’importe quoi », s’écrie Justin, étudiant en physique. Clarisse n’y croit même plus. « C’était prévisible de part le désordre dans l’organisation. Moi je ne veux même plus en entendre parler ».
En effet, ils sont des milliers d’étudiants qui ont postulé pour être recruté dans la fonction publique. Un agent du courrier de la faculté des lettres explique que « pendant cette période, nous avons été assaillis par des étudiants et anciens étudiants qui voulaient faire signer leurs diplômes ».
«Je regrette d’avoir dépensé près de 10 000 Fcfa pour constituer ce dossier. J’aurais pu les réserver pour postuler pour l’école normale », fulmine cet étudiant en chimie. Près de lui, des étudiants jouent au scrabble. L’un d’eux s’immisce dans la discussion et lance, en riant : «On vous avait bien dit que cette affaire était impossible. Paul Biya pense à la présidentielle».
Boris Bertolt
01/07/2011
