Depuis quelques semaines déjà, les Camerounais attendaient la concrétisation de l’instruction présidentielle du 10 février dernier, en d’autres termes, la publication de la liste des 25 000 jeunes recrutés à la Fonction publique. Sacrifiant à un devoir de transparence, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, président du Comité technique de ce recrutement spécial, a convié avant-hier la presse à la salle des Actes de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM), pour un éclairage sur les mobiles du non respect du calendrier préalablement établi.
Il ressort des échanges entre Emmanuel Bonde et les journalistes que seules des raisons techniques, liées notamment à l’acheminement des dossiers à Yaoundé et à la nécessaire vérification des pièces fournies par les candidats, sont à l’origine du retard enregistré par le Comité technique.
Pour bien comprendre pourquoi la publication des listes tant attendues n’a pas eu lieu comme prévu, il convient de rappeler que toute opération de recrutement à la Fonction publique dure un certain temps. Selon des sources bien informées, ce délai peut varier de sept à neuf mois, selon que l’on a trois, cinq, voire 10 000 candidats. Or rien que pour le recrutement spécial en cours, l’on a enregistré plus de 300 000 postulants. Par ailleurs, les lieux de résidence des candidats et les institutions ayant délivré les diplômes qu’ils ont présentés sont disséminés non seulement dans les dix régions du Cameroun, mais aussi aux quatre coins du monde.
Il était donc bon que le gouvernement, qui a attendu de longues semaines pour que la plupart des données soient acheminées à Yaoundé, prenne le temps de vérifier les pièces pour s’assurer que toutes celles et ceux qui seront retenus, remplissent bel et bien les conditions requises en termes de nationalité, d’âge et de diplôme. Une opération qui mérite d’autant plus qu’on lui accorde tout le temps qu’il faudra, que l’on connaît la propension de certains Camerounais à fabriquer de vrais faux.
Devant la difficulté objective à boucler cette opération complexe dans les délais, l’équipe conduite par Emmanuel Bonde avait le choix entre bâcler le travail en publiant une liste contenant de nombreux faussaires ou alors demander une prorogation des délais pour bien séparer le bon grain de l’ivraie. Et, ce faisant, ne retenir finalement que les postulants qui le méritent effectivement. Pour des raisons de transparence et d’équité, le Premier ministre, chef du gouvernement, Philemon Yang, qui suit le dossier de recrutement des 25 000 jeunes au jour le jour, a prorogé le délai de travail jusqu’au 31 décembre 2011. L’objectif étant que le Comité technique du recrutement spécial de 25 000 jeunes diplômés à la Fonction publique, sur qui des milliers de jeunes Camerounais et leurs familles fondent beaucoup d’espoirs, poursuive son travail dans la sérénité, afin d’atteindre les résultats escomptés. Le succès de cette opération, la plus vaste jamais réalisée au Cameroun, en dépend.
D’où l’importance de l’appel lancé par le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative à l’endroit de ses compatriotes, pour un peu plus de patience, afin que toutes les vérifications nécessaires soient faites, même si cela doit coûter un peu plus cher que prévu à l’Etat. C’est ainsi et c’est seulement ainsi que sera assuré le succès du processus en cours, qui devra servir de modèle à d’autres opérations d’envergure.
Monda Bakoa
30 juin 2011
http://www.cameroon-tribune.cm/