LIBYE – L’inquiétude grandit pour les populations noires en Libye

Le Conseil national pour le changement et la démocratie (CNCD), coalition de partis d'opposition et mouvements rebelles tchadiens, lance, mercredi 7 septembre, un "appel à la cessation immédiate du massacre des Tchadiens et des populations noires en Libye".

"Le CNCD exprime son indignation devant le massacre et les traitements inhumains et dégradants perpétrés actuellement à l'encontre des Tchadiens et des populations noires en général", indique le communiqué de la coalition basée en France et envoyé à l'AFP à Libreville.

"Les témoignages et rapports des différentes associations des droits humains, dont Human Rights Watch et Amnesty International, font état de centaines de civils tués ou torturés en raison de leur couleur de peau", rappelle la coalition, qui regroupe des représentants des principaux partis d'opposition et de la plupart des rébellions, dont celle du général Mahamat Nouri.

Amnesty International a récemment fait état "de mauvais traitements par les forces anti-Kadhafi" à l'encontre des Africains subsahariens, estimant que ces populations étaient effectivement en situation de "grand risque".

En France, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) et le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) ont demandé que les populations noires de Libye victimes d'"exactions" soient protégées et ont réclamé l'ouverture d'une enquête internationale, avec le soutien de la France.

LE MERCENARIAT, "FONDS DE COMMERCE DU TCHAD"

Pour le CNCD, les Tchadiens en Libye sont "doublement victimes. D'une part, de l'incurie du régime d'Idriss Deby Itno, qui, faisant du mercenariat son fonds de commerce, a livré comme chair à canon en Libye (…) des centaines de jeunes Tchadiens désœuvrés par une absence de perspectives sérieuses dans leur pays, et d'autre part, victimes de la vindicte et du lynchage des insurgés du Conseil national de transition (CNT) au mépris de toutes les règles de droit international en matière de protection des prisonniers de guerre".

Le CNCD réclame des nouvelles autorités libyennes "qu'elles prennent toutes les mesures garantissant la sécurité des prisonniers", qu'elles autorisent la Croix-Rouge à porter assistance aux "populations terrorisées" ou encore qu'elles diligentent "une enquête indépendante sur les exactions commises".

Par ailleurs, la coalition demande aux responsables de l'OTAN et "notamment à la France" qu'ils protègent "toutes ces populations civiles au nom desquelles, faut-il lerappeler, une résolution fut votée aux Nations unies" ; au "Conseil de Sécurité des Nations unies (de) voter une résolution condamnant clairement ces exactions et exigeant la poursuite des responsables devant les juridictions internationales" ; à l'Union africaine et au Tchad d'organiser "le rapatriement" des populations.

Des dizaine de milliers d'Africains subsahariens travaillaient comme ouvriers en Libye depuis des années ou avaient rejoint les côtes pour embarquer illégalement vers l'Europe. Beaucoup sont soupçonnés par les rebelles d'avoir combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi.
Des médias ont fait état à plusieurs reprises de la présence de mercenaires tchadiens, puis d'éléments de la garde républicaine, combattant aux côtés des forces de Kadhafi, ce que le Tchad a toujours démenti.

L'UNION AFRICAINE APPELLE LE CNT À SE DÉSOLIDARISER

L'Union africaine appelle les autorités libyennes de transition à se "désolidariser" des exactions. "On tue des Noirs, on égorge des Noirs, on accuse les Noirs d'être des mercenaires. Vous trouvez ça normal qu'un pays qui compte un tiers de Noirs confonde Noirs et mercenaires ?" a demandé le président de la commission de l'UA , Jean Ping, lors d'une conférence de presse.

Par ailleurs, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM), plus de mille sept cents immigrants originaires d'Afrique subsaharienne ont trouvé refuge dans l'oasis de Sebha, l'un des derniers bastions des partisans de Mouammar Kadhafi, où ils craignent d'être pris dans des combats en cas d'offensive. "Nous envisageons la possibilité de les évacuer par voie aérienne ou par la route, peut-être vers la frontière tchadienne. Nous aurons alors besoin d'une escorte pourassurer leur sécurité", a déclaré mercredi à Reuters Jean-Philippe Chauzy, porte-parole de l'OIM.

http://www.lemonde.fr
07/09/2011

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *