La rentrée des classes est effective depuis le 1 er octobre 2011. Si certaines écoles ont démarré les cours, ce n’est pas encore le cas pour d’autres. Notamment en campagne où non seulement des enseignants refusent d’aller, et quand ils y vont, c’est avec beaucoup de retard. La preuve, est qu’actuellement, tout le monde se bat pour rester en ville. En tout cas, ils sont très peu d’enseignants qui demandent à aller en campagne. Alors qu’avant de s’engager dans ce noble métier qui est l’enseignement, ils ont bel et bien signé un engagement à servir en milieu rural. Si bien que de nos jours, alors qu’on a des écoles où ils sont deux enseignants, voire trois par classe, dans certaines, notamment en campagne, on est à la recherche d’un seul enseignant pour tenir à la fois une classe de CM1 et de CM2 ; ou de CE2 et CE1.
Est-ce avec la complicité des Directions provinciales de l’enseignement de base et de l’alphabétisation ? On est tenté de le croire. Sinon comment comprendre que les enseignants soient concentrés seulement en ville alors qu’en campagne, il en manque.
En effet, ils sont si concentrés en ville que certains ne font rien. En tout cas, on peut dire qu’ils font tout, sauf le métier pour lequel ils sont rentrés dans la fonction publique. Mieux, certains d’entre eux sont en ville depuis le début de leur carrière et n’ont jamais fait le moindre tour en campagne. Où nos enfants les attendent pour qu’ils leur dispensent le savoir. Si des enseignants sont devenus des hommes d’affaires (dans tout le sens du terme) ou politiques pour justifier leur maintien en ville, des enseignantes ne vendent que des pagnes de bureau en bureau, ou des pommades de maison en maison. Naturellement, l’encadrement des enfants n’est plus un souci pour cette catégorie d’enseignants. Ils sont enseignants juste pour percevoir leur salaire à la fin du mois. C’est pourquoi, il faut que les autorités chargées de la question prennent entièrement leurs responsabilités en affectant les enseignants qu’il faut là où il le faut.
Il est connu de tous que dans « le bon vieux temps » comme on dit, des parents résidant en ville étaient obligés d’envoyer leurs enfants en campagne pour qu’ils réussissent. Tout simplement parce que le meilleur enseignement, on l’avait en campagne. Mais depuis un certain temps, c’est tout à fait le contraire. C’est de la campagne qu’arrivent les enfants parce que les enseignants sont en ville. Les parents préfèrent donc y envoyer leurs progénitures, quel que soit la qualité de l’enseignement. C’est ainsi qu’on se retrouve avec des effectifs pléthoriques de plus de 150 à 200 élèves dans des classes. C’est une question tout de même assez importante qu’il va falloir nécessairement résoudre. S’il y a des textes qui régissent les affectations des enseignants dans les campagnes et les villes, il faut les appliquer pour que tous les enfants du Burkina puissent bénéficier du même enseignement. C’est un droit pour eux.
Chaque enseignant a signé au moins un engagement à servir en milieu rural à la fin de sa formation. Pourquoi donc refuser de s’y rendre une fois la formation terminée ? C’est sans doute une question de conscience professionnelle. Si c’est le cas, il faut faire appliquer les textes. Car, ne vient à l’enseignement qui veut, mais qui peut. C’est un métier à la fois noble et ingrat qu’il faut aimer pour l’embrasser. Dans tous les cas, les parents d’élèves qui paient des frais pour la scolarisation de leurs enfants ne vont sans doute pas regarder cette situation comme cela pendant longtemps. Aussi, à l’endroit des enseignants, des autorités, il est encore mieux et temps de prendre le taureau pour les cornes. Avant qu’à leur place, d’autres ne le prennent. Chacun veut que son enfant connaisse quelque chose. Du côté du gouvernement, le Premier ministre a indiqué devant les députés que désormais, il prendra toutes ses responsabilités pour assurer aux Burkinabé leurs droits. A condition que chacun obéisse à ses devoirs.
Dabaoué Audrianne KANI
L’Express du Faso
19 octobre 2011