BURKINA-FASO: L’école Colma « B », fait courir tous les parents d’élèves

L’Ecole Colma « B » dans l’arrondissement de Do à Bobo-Dioulasso a offert en 2011 au Burkina le meilleur élève au Certificat d’études primaires (CEP). Cette performance a attiré de nombreux parents d’élèves vers cette école, amenant ainsi la classe de CP1 à se retrouver en début d’année, avec 250 élèves alors que la moyenne nationale était de 140. Cet effectif pléthorique avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Mais les responsables de l’école avaient en son temps pris des mesures pour résoudre ce problème en scindant la classe en deux.

Colma est un quartier populaire de l’arrondissement de Do dans la commune de Bobo-Dioulasso. L’offre des deux écoles du secteur absorbe difficilement, en temps normal, la demande d’éducation des habitants. Depuis la loi d’orientation de l’éducation adoptée par l’Assemblée nationale le 30 juin 2007, laquelle rend l’école obligatoire, la pression s’est faite davantagee jour. Aussi, la crise en Côte d’Ivoire a entraîné un retour massif des immigrés burkinabè dont il a fallu scolariser les enfants. Des deux écoles du quartier, Colma « B » est celle qui ploie le plus sous le poids de cette importante demande.

Cette école a une histoire particulière qui explique aussi ses d’accueil actuels. Colma « B » est l’école de la communauté, parce que construite en 1983 par les parents d’élèves, en réponse au mot d’ordre de la période révolutionnaire. C’est bien sûr une école publique, puisque gérée par l’Etat. Colma « B » a également eu l’extrême chance d’avoir un corps enseignant dévoué, d’où ses résultats scolaires plus que flatteurs. Elle fait régulièrement plus de 65% de réussite au CEP. En 2011 spécialement, elle a été classée « meilleure école de la province » et a produit « le meilleur élève au CEP » au plan national. Colma « B » est donc une exception qui fait courir tous les parents. Chacun veut y inscrire son enfant. Les effectifs du CP1 ont commencé alors à gonfler pour atteindre un record de 250 élèves à la rentrée scolaire 2011-2012. Pour Joël Ouattara, le directeur de l’école, la pression des parents est devenue très forte, en plus du fait qu’ « une décision du gouvernement nous demande de ne pas refuser d’élève en âge d’aller à l’école ». La conjoncture née du retour massif des immigrés burkinabè en Côte d’Ivoire conjuguée avec la bonne réputation de Colma « B » ont agi donc comme un appel d’air qui a fait exploser les effectifs du CP1.

Après le recrutement, il fallait trouver les moyens de créer un environnement propice à l’apprentissage. Le corps enseignant a trouvé le soutien qu’il fallait auprès des parents d’élèves. Une solution à la hauteur des moyens de l’APE et de l’AME a été rapidement mise en œuvre. Avec le concours de ces parents d’élèves, le directeur de l’école a scindé l’effectif en deux classes de CP1 avec chacune 125 élèves. Un premier groupe est resté dans la classe et le second a été casé sous une paillotte. Yacouba Sanou, secrétaire général de l’APE, triste de n’avoir pas pu faire mieux, affirme : « Nous avons accepté la construction de la paillote parce que les fonds dont nous disposions ne permettaient pas de construire une classe normale ». Il a saisi l’opportunité de notre présence pour lancer un cri du cœur aux bonnes volontés : « Nous demandons aux autorités compétentes de nous aider ». Un appel qui a tout son sens.

Pour cette année, la solution palliative a permis de faire face au pléthore des effectifs, à la grande satisfaction de la maîtresse de la classe, Mariam Berthé : « scinder la classe en deux nous a beaucoup soulagé parce qu’il était difficile de tenir la classe, avec l’effectif initial de 250 élèves ». Ce qui a permis, explique le directeur, « de dispenser normalement les cours jusqu’à ce jour. Le problème d’effectif élevé au CP1 ne s’est plus posé à Colma « B ». Alors que les vacances approchent, le directeur est déjà dans les préparatifs de la rentrée 2012-2013. Il ne veut plus être pris de court. C’est pourquoi, il joint sa voix à celle de l’APE pour demander un accompagnement avec de nouvelles classes : « nous avons de l’espace dans notre école. Nous voulons une autre école pour décongestionner la nôtre ». Avec les performances de Colma « B » et la mobilisation des parents d’élèves, l’autorité de tutelle ne peut que s’investir pour les accompagner. Pour la rentrée prochaine, certaines doléances devraient être satisfaites : « Des mesures sont en cours pour résoudre le problème d’effectif à Colma « B » , a rassuré Lamissa Traoré, directeur provincial de l’Education de base du Houet.

Le directeur provincial annonce la normalisation de Colma I, qui se trouve dans le même bloc que Colma « B ». Il est aussi envisagé des mesures pour résoudre les problèmes de tables-bancs dans les écoles de la province du Houet. Un projet appuie le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA). Il a déjà réalisé 18 écoles dans la province. Le MENA et la commune de Bobo-Dioulasso ont aussi offert environ 2000 tables-bancs à la province. Lamissa Traoré a témoigné sa gratitude aux enseignants de la province pour le travail abattu et les a encouragés pour les préparatifs des examens de fin d’année scolaire.

Adaman DRABO

Sidwaya

11/6/2012

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