MBA – Jouer la carte Harvard, un véritable atout pour accélérer sa carrière

Avec ses professeurs stars et son campus, l’université américaine attire quelque 130 nationalités.
Des cadres en quête d’accélération viennent y préparer leur virage professionnel. Témoignages.

Harvard… Que l’on soit à Paris, Bombay ou Shanghai, c’est la même image made in America. Temple de l’enseignement supérieur, la plus riche université du monde – avec un budget annuel de 2 milliards de dollars – et plus ancienne des Etats-Unis est une marque qui fascine et attire quelque 130 nationalités. Avec ses MBA, sur un an ou deux ans, et plus encore avec ses « executive education programs », la Harvard Business School (HBS) capte de nombreux cadres tricolores en quête d’accélération ou de virage professionnel, une vingtaine par an pour les MBA.

Pour attirer les « executive » de tous secteurs dans l’Etat du Massachusetts, la Harvard University Graduate School of Business Administration a segmenté son offre. Deux programmes déroulés sur huit semaines réparties sur trois mois constituent ses enseignements phares : le General Management Program (GMP) et l’Advanced Management Program (AMP). Le premier est destiné aux cadres qui ont récemment accru – ou vont accroître – leurs responsabilités managériales.

L’AMP cible principalement des dirigeants, déjà membres de conseils de direction, généralement rémunérés plus de 250.000 dollars par an. A ces deux cursus s’ajoute le PLD, Program for Leadership Development, à destination de trentenaires cumulant environ dix ans d’expérience professionnelle.
Management Program, le virage de la quarantaine

Antoine de Saint-Affrique, président d’Unilever Foods depuis 2011, est passé par le General Management Program en 2002, peu avant la quarantaine. « C’était juste avant de prendre mon premier poste de chairman, explique-t-il. Un bon moment pour faire le point, et me rouvrir au monde après une dizaine d’années dans mon entreprise. »

Pour Laurent Develle, la situation était autre. Directeur juridique d’Areva T & D quand la maison mère décide de vendre sa filiale, il veut « accompagner la fin de [son] cycle professionnel » et cherche un programme de « business school » « renommée et en immersion totale » pour parfaire son expérience d’avocat d’affaires. Ce diplômé de Sciences po Paris, spécialiste en droit des affaires et ancien partenaire de cabinets anglo-saxons, fera un « advanced management program », financé par son entreprise et réalisé pendant un préavis dispensé d’activité.

Elisabeth Shemtov était, elle, numéro deux de l’Apec quand elle a ressenti le besoin de faire un point. Son frère qui vit aux Etats-Unis encourage cette diplômée de l’ESCP Europe, passée par la direction financière de JCDecaux, à tenter Harvard. Le programme est coûteux, environ 60.000 dollars pour la scolarité, les repas et l’hébergement, mais Elisabeth Shemtov obtient, elle aussi, un financement de son employeur. Le cas n’est pas rare. « Dans ma promotion, il y avait quatre directeurs présents au Comex envoyés par Henkel », rapporte Laurent Develle.

« Ces profils sont ceux sur lesquels la société veut investir », souligne Antoine de Saint-Affrique. De retour à Paris, Elisabeth Shemtov a, elle, négocié son départ. « Jusqu’à l’AMP, je m’étais laissée porter. J’ai repris la main. Je travaille aujourd’hui dans l’art, ma passion, et j’ai une vie d’entrepreneur palpitante », confie celle qui, pour l’instant, a accepté de considérablement réduire son salaire.
MBA, le break de la trentaine

Il y a aussi ceux qui décident de faire un MBA plus tôt dans leur itinéraire. Nicolas Landrin, aujourd’hui associé et membre du directoire de iSource Gestion, société de capital-risque en France, est de ceux-là. En 1999, jeune ingénieur du secteur des télécoms, il n’a pas trente ans et affiche quelque six années d’expérience professionnelle quand il décide de faire un MBA à la HBS. Pour cette expérience tentée avec femme et enfant, il prend un congé sabbatique, obtient une prise en charge des frais de scolarité par son entreprise contre l’engagement d’y revenir travailler quelques années, et décroche deux bourses, l’une de la fondation Arthur Sachs et l’autre du Harvard Club of France. « Nous avons cassé notre tirelire et vécu comme des étudiants dans un de ces appartements réservés aux familles sur le campus », explique-t-il. « Certains font un tour du monde. Un MBA à Harvard est un projet en soi. »

Emmanuel Cassimatis, lui, était consultant chez Deloitte à Londres. « Pour faire ce MBA, j’étais prêt à m’endetter jusqu’au cou », explique cet ancien de l’Edhec. Comme 65 % des étudiants du MBA, il a finalement reçu une aide financière.

Tous sont unanimes : l’aspect financier ne doit pas être un frein, une bonne partie des frais de scolarité pouvant être pris en charge par des bourses de l’université ou d’anciens de Harvard (c’est le cas pour 50 % des élèves). « Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas d’une formation réservée aux plus nantis mais aux meilleurs et aux plus motivés », souligne Nicolas Landrin. Les « meilleurs » ?… Les cabinets de chasseur de têtes de l’Hexagone se penchent sur « le lustre de Harvard ». Igor Quézel-Perron, associé chez Eric Salmon, rappelle l’importance du diplôme initial et des débuts professionnels. Chez Heidrick & Struggles, Alain Deniau voit en Harvard, au-delà des acquisitions théoriques, la « dimension humaine » du cursus, avec son flot de contraintes, de remises en question et de nécessaire ouverture.

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Valérie Landrieu, Les Echos
26/11/2012

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