AFRIQUE – Notes sexuellement transmissibles : La victime a toujours tort

Si les notes sexuellement transmissibles sont devenues une monnaie d’échange dans les milieux académiques et si elles apparaissent comme quelque chose de normal, toujours est-il que c’est la société qui lui a donné tant d’ampleur. Ainsi, la plupart du temps, ce sont les victimes qui sont mal vues, critiquées et même rejetées.

Les parents – Les victimes ne s’adressent pas le plus souvent à leurs géniteurs car la plupart du temps, c’est parce qu’ils ne prennent pas leurs responsabilités. Dans ce cas de figure, Elvira affirme « une fois que je suis entrée à l’université, mes tuteurs m’ont carrément dit de me débrouiller, que vouliez-vous que je fasse ». Aussi, il n’est pas rare de voir les parents monnayer pour qu’on améliore les notes de leur enfant, ou les voir encourager une relation entre un professeur et son étudiante car cela présente de grands avantages sur le plan académique. S’il arrive que le parent de la victime est une personnalité dans le pays, il étouffera l’affaire de peur que cela ne ternisse son image ou sa carrière.

Les camarades – Quand ceux-ci ont une amie qui se plaint d’être harcelée ou d’être victime d’un chantage, la réponse parait parfois très simple et naturelle « mais pourquoi tu joues les dures, si tu donnes une fois ça ne va pas te tuer. Es-ce que tu es la seule à le faire ? Ça ne va pas caller sur toi ». La victime ira demander de l’aide à deux ou trois amies et une fois qu’elle constate que les mêmes réponses reviennent, elle aura quatre options : arrêter l’école, changer d’établissement, accepter de reprendre la classe autant de fois, céder ou se plaindre à l’administration. Pour ce dernier choix aussi ce ne sera pas facile.

Les structures en charge – Quelques fois, il arrive que la personne dont vous vous plaignez est celle qui est censée vous écouter dans ce genre de cas, comme le témoigne Elizabeth, étudiante à Ngoa-Ekelle (Université de Yaoundé), « Quand j’ai été victime d’harcèlement, je n’ai pas su à qui m’adresser car celui qui me harcelait était un membre de la cellule d’écoute à qui les étudiantes font part de leurs difficultés ». Aussi quand cela arrive que le bourreau soit un membre influent de l’institution, ces collègues demanderont à la plaignante de « trouver un arrangement avec lui » ou ne bougeront pas pour lui venir en aide.

Dans tous ces cas, la société rejette le plus souvent la faute sur la plaignante et trouve des raisons au bourreau. On peut alors entendre « Elle s’habille d’abord comment ? », «Elle gesticule trop », «Elle aime se faire voir », «C’est elle-même qui a cherché », etc.

Même s’il existe des structures ouvertes pour ces problèmes en ce qui concerne les filles et les femmes telles que : la cellule d’écoute et de conseil présentent dans la plupart des universités, l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes (Alvf) ; la commission diocésaine justice et paix de l’archidiocèse de Yaoundé, l’Association camerounaise des femmes juristes (Acafej), très peu sont celles qui les connaissent et ont le courage de dénoncer.

Le choix du thème de la 28ème édition de la célébration de la journée internationale de la femme au Cameroun « Elimination et prévention de toutes formes de violence envers les femmes et les jeunes filles » sied bien à ce contexte. Un thème qui embrasse le phénomène de notes sexuellement transmissibles comme une violence morale qui ne tarde pas à devenir physique pour les étudiantes chaque année dans les universités, qu’elles soient nouvelles ou anciennes étudiantes, elles n’y échappent pas.

Salma Amadore pour ExcelAfrica
15/03/2013

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