“J’ai enlevé vos filles”, a déclaré le chef du groupe extrémiste Abubakar Shekau dans une vidéo de 57 minutes obtenue par l’AFP.
Il évoque les 276 lycéennes âgées entre 12 et 17 ans, enlevées le 14 avril dans leur établissement scolaire de Chibok (nord-est), dans l’Etat de Borno. Parmi elles, 223 sont toujours en captivité, 53 ayant réussi à s’enfuir, selon la police.
“Je vais les vendre sur le marché, au nom d’Allah”, a déclaré Abubakar Shekau, alors que des informations circulent sur le possible transfert des adolescentes au Tchad et au Cameroun voisins, où elles auraient été vendues pour 12 dollars chacune.
“J’ai dit que l’éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter [l’école] et vous marier” a ajouté Shekau, qui a précisé garder “des gens comme esclaves”.
Dans cette nouvelle vidéo, Shekau est habillé en treillis militaire et se tient debout devant un véhicule de transport blindé et deux pick-up sur lesquels sont installées des mitrailleuses. Six hommes armés se tiennent des deux côtés de Shekau, le visage dissimulé.
L’image est floue, mais on aperçoit assez clairement le visage du chef islamiste, qui s’exprime en haoussa, en arabe et en anglais, quand la caméra zoome sur son visage.
Pendant les 14 premières minutes, Shekau critique la démocratie, l’éducation occidentale, et ceux qui ne croient pas en l’Islam.
Interdire toute éducation émancipatrice et égalitaire
Boko Haram, dont le nom signifie “l’éducation occidentale est un péché” en langue haoussa, revendique la création d’un Etat islamique dans le nord du Nigeria. Cibler les établissements scolaires et interdire toute instruction aux filles est au centre de la stratégie de ce groupe selon lequel toute éducation émancipatrice et égalitaire doit être interdite.
Les écoles constituent donc, depuis plusieurs mois déjà, l’un des objectifs prioritaires du groupe qui n’hésite pas à les attaquer ou les incendier en faisant plusieurs jeunes victimes.
Le groupe extrémiste a déjà fait plusieurs milliers de morts depuis le début de son insurrection en 2009, au cours d’attaques visant des écoles, des églises, des mosquées et des symboles de l’Etat et des forces de l’ordre.
Mais cet enlèvement de masse, visant particulièrement des filles, n’a pas de précédent. Il constitue l’attaque la plus choquante depuis l’existence de ce mouvement qui a déjà fait 1.500 morts depuis le début de l’année.
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