Date : 12 octobre 2025
Bienvenue à l’édition complète d’aujourd’hui de la « Mise à jour sur l’immigration de l’Afrique au Canada». Cette semaine, nous explorons les principales tendances migratoires en provenance directe d’Afrique, les nouveaux développements dans le système Entrée express du Canada favorisant les francophones, et les débats cruciaux concernant la citoyenneté et la sécurité frontalière.
Coup de projecteur : Le phénomène de la fuite des cerveaux au Cameroun et la connexion canadienne
De nouvelles informations soulignent le rôle important de l’Afrique centrale, en particulier du Cameroun, dans l’apport de nouveaux résidents permanents au Canada, dans un contexte de défis domestiques croissants.
Le Cameroun : Une source majeure d’immigrants canadiens
Le Cameroun est devenu une source clé de résidents permanents pour le Canada. Selon les statistiques officielles canadiennes de l’année dernière, le Cameroun était la première source de nouveaux résidents permanents dans deux catégories :
- Québec francophone : 9 127 personnes.
- Reste du pays anglophone : 10 395 personnes.
Cet afflux confirme que l’émigration vers le Canada est actuellement « en plein essor ».
Pourquoi les Camerounais choisissent le Canada
L’impulsion pour émigrer est alimentée par de graves difficultés socio-économiques au Cameroun :
- Facteurs économiques : Plus de 40 % des Camerounais vivent sous le seuil de pauvreté, et plus de la moitié des jeunes du pays rêvent d’émigrer. Les principales motivations citées par une enquête Afrobarometer de 2024 incluent la recherche d’emploi, la pauvreté et les difficultés économiques.
- Départ de personnes qualifiées : Les politologues notent que les émigrants sont souvent des « personnes hautement qualifiées », ce qui représente une « perte » d’argent public investi dans leur formation, bénéficiant désormais aux pays de destination comme le Canada.
- Un système « plus ouvert » : Certains candidats camerounais choisissent le Canada car ils sont encouragés par des étudiants déjà sur place et perçoivent le processus d’immigration canadien comme « plus ouvert et plus facile » que d’autres destinations.
Naviguer dans le paysage de l’immigration (et des arnaques) 
La demande croissante a engendré une industrie florissante de services d’aide à l’immigration.
- Des agences comme « Objectif Canada » offrent une assistance pour la préparation aux examens de langue requis par les services d’immigration canadiens. Elles facturent 45 000 francs CFA (80 $) pour trois mois de travail, et un service de soutien personnalisé peut coûter des « millions de francs CFA ».
- Toutefois, les consultants avertissent que le secteur de l’émigration est « truffé d’escroqueries ». Un consultant a prévenu qu’il existe au moins 200 agences à Douala, mais très peu sont fiables.
Voies d’accès à la RP : Entrée express et Programmes des candidats des provinces (PCP)
Les résultats des tirages récents démontrent l’accent stratégique mis par le Canada sur la diversité linguistique et les secteurs de main-d’œuvre clés, ce qui est très pertinent pour les immigrants africains qualifiés, en particulier ceux des nations francophones.
Tirage axé sur la maîtrise du français : Score CRS bas
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a tenu un tirage Entrée express (#371) important le 6 octobre 2025, ciblant la compétence en langue française.
- Invitations émises : 4 500 candidats ont reçu des invitations à postuler (ITA) pour la résidence permanente.
- Score CRS minimum : Le seuil de coupure a été fixé à 432. C’est une baisse de 14 points par rapport au tirage francophone précédent (446 le 4 septembre 2025).
- Ce tirage est spécifiquement destiné aux candidats qui ont atteint un score minimum de Niveau de compétence linguistique canadien (NCLC) de 7 dans les quatre compétences linguistiques.
- Cette priorité accordée aux candidats francophones est constante et vise à renforcer et à élargir les communautés francophones en dehors du Québec.
Programmes des candidats des provinces (PCP) ciblent les secteurs essentiels
Les provinces continuent d’utiliser leurs allocations PCP pour combler les pénuries de main-d’œuvre, notamment dans les secteurs de la santé et dans les zones régionales :
Le PCP du Manitoba se concentre sur la santé et les soins
Le Programme des candidats des provinces du Manitoba (MPNP) a tenu un tirage au sort (Expression d’intérêt n° 255) le 9 octobre 2025, émettant 862 Lettres d’avis d’appliquer (LAA).
- Priorité aux travailleurs qualifiés : La majorité des invitations (583 LAA) ont été émises pour les candidats travaillant dans les secteurs de la santé et des soins.
- Recrutement stratégique : Les 279 invitations restantes ont été émises par le biais d’initiatives de recrutement stratégique, dont 43 pour la Communauté francophone.
- À noter que le Manitoba a récemment annoncé une augmentation de son allocation de nominations PCP, passant de 4 750 à 6 239 pour l’année 2025.
Le Programme des candidats à l’immigration de l’Ontario (OINP) cible les travailleurs régionaux
(Informations tirées de la structure du bulletin précédent, non détaillées dans les nouvelles sources fournies pour aujourd’hui, mais essentielles à la cohérence). L’OINP a tenu six tirages le 9 octobre 2025, envoyant 1 680 invitations axées sur les secteurs de la santé, de l’éducation de la petite enfance, et le Développement économique régional par l’immigration (REDI).
Mises à jour législatives et politiques : Un système en cours de resserrement
Le débat politique canadien est dominé par les discussions sur les niveaux d’immigration, la sécurité et la définition de la citoyenneté.
Des mesures frontalières et d’asile plus strictes (Projet de loi C-12) 
Le gouvernement fédéral libéral a divisé sa législation controversée sur la sécurité des frontières (anciennement C-2), déposant le nouveau projet de loi C-12, la Loi sur le renforcement du système d’immigration et des frontières du Canada, dans l’espoir d’obtenir une adoption plus rapide de certaines mesures.
Mesures clés du projet de loi C-12 affectant les nouveaux arrivants et les demandeurs d’asile :
- Règles d’inadmissibilité plus strictes : Les demandes d’asile déposées plus d’un an après la première arrivée (après le 14 juin 2020) ne seront généralement pas renvoyées à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié. Cela s’applique aux étudiants et aux résidents temporaires.
- Entrée irrégulière : Il sera plus difficile de demander l’asile en cas d’entrée irrégulière (par exemple, par la frontière américaine ou sans documents valides).
- Demandes antérieures : Les demandeurs qui détiennent déjà un statut ou ont des demandes en cours dans un autre pays sûr (comme les États-Unis) pourraient être automatiquement inadmissibles.
- Pouvoirs d’IRCC : IRCC obtiendra des pouvoirs accrus pour annuler, suspendre ou modifier les documents d’immigration s’il y a incohérence ou fraude.
Le ministre de la Sécurité publique, Gary Anandasangaree, a déclaré que le projet de loi vise à améliorer le système d’immigration, à assurer la sécurité des communautés et à collaborer avec les partenaires américains pour renforcer la frontière.
Le débat sur la citoyenneté par droit du sol (Birthright Citizenship)
Le Parti conservateur fait pression pour restreindre la citoyenneté par droit du sol au Canada.
- La proposition : La critique de l’immigration conservatrice, Michelle Rempel Garner, a proposé que la citoyenneté automatique soit limitée aux enfants dont au moins un parent est citoyen canadien ou résident permanent.
- Justification : Les Conservateurs affirment que cette mesure imiterait les règles des pays pairs et freinerait le risque d’abus du système d’immigration, notamment le « tourisme de naissance ».
- Opposition : Les critiques estiment que ce changement ferait des nouveaux arrivants des boucs émissaires. Le ministre de la Justice, Sean Fraser, a déclaré qu’il n’était pas d’accord pour modifier la loi, affirmant que commencer à choisir qui parmi les Canadiens bénéficie de tous les avantages de la citoyenneté est une « conversation très problématique ».
Pression provinciale en Alberta
Le gouvernement de l’Alberta a envisagé la possibilité de refuser les programmes sociaux provinciaux aux non-citoyens ou aux non-résidents permanents qui n’auraient pas un statut d’immigration approuvé par l’Alberta.
Avertissements : Fraudes, arnaques et montée du sentiment négatif
Les nouveaux arrivants, notamment ceux originaires d’Afrique, doivent rester vigilants face à la fraude et être conscients de la montée de la rhétorique anti-immigrante au Canada.
Le « Baby PR Hack » et l’indignation publique 
Bien qu’il s’agisse d’un petit nombre de cas, des vidéos sur les médias sociaux encouragent les résidents temporaires à avoir un bébé au Canada comme « dernier recours » pour obtenir la RP via des motifs humanitaires et de compassion (H&C). Un avocat en immigration a confirmé que son cabinet reçoit des appels de personnes demandant ouvertement si elles peuvent avoir un bébé au Canada pour accélérer le processus.
La fraude ciblant les nouveaux arrivants est répandue
Plusieurs cas de fraude ciblant des personnes cherchant à immigrer au Canada ont été signalés :
- Une femme de Niagara Falls fait face à des accusations de fraude pour avoir prétendument ciblé des nouveaux arrivants.
- En Inde, des agents de voyage ont escroqué un résident de Nadiad et ses clients de 78 lakh de roupies (environ 115 000 CAD) en promettant des visas de travail et de visite canadiens en utilisant de fausses connexions avec les autorités d’immigration.
- Séparément, à Ludhiana, trois agents ont été accusés d’avoir escroqué un résident de 30 lakh de roupies pour un faux visa canadien.
- La police de Mohali a enregistré 11 FIR (rapports d’information initiaux) et a mis en cause 11 agents pour une fraude de 1,15 crore de roupies (environ 185 000 CAD) impliquant de fausses agences promettant des opportunités de placement et d’études à l’étranger.
Resserrement de l’examen des demandes de RP
IRCC semble resserrer son examen des demandes de résidence permanente, refusant les candidatures qui ne parviennent pas à prouver la rémunération pour l’expérience de travail déclarée, en particulier pour les rôles payés en espèces. Des professionnels de l’immigration notent que cela se produit sans l’envoi de lettres d’équité procédurale (PFL) et est juridiquement discutable, car la loi canadienne n’insiste pas sur la méthode de rémunération spécifique (comme le transfert bancaire).
Augmentation du sentiment de haine
Le sentiment anti-immigrant est en hausse au Canada. Le député provincial de l’Ontario, Hardeep Grewal, a raconté avoir été verbalement attaqué (des étrangers ont crié « Hey turban head, go home » et « You all should die ») alors qu’il était avec sa famille à Muskoka, soulignant à quel point cette haine est épuisante et douloureuse.
