Education nationale : Un budget multiplié par trois en l’espace de sept ans
Pourquoi les 40 % du budget alloués à l’Education n’ont-ils pas d’incidence sur la qualité de l’enseignement ? C’est sur des questions du genre que le directeur de la Planification et de la Réforme de l’éducation (Dpre), Mbaye Ndoumbé Guèye, était attendu hier, lors de l’atelier de relance des activités du Réseau des journalistes pour l’éducation, la formation et la recherche (Rejef) organisé en collaboration avec l’Ong Aide et Action.
‘Les 40 % alloués au secteur de l’Education ne représentent pas le budget de l’Etat. Parce que quand le budget de l’Etat s’élève à 1 400 milliards de francs, les 40 % seraient environ de 600 milliards ou même plus. Or le budget de l’Education s’élève à environ 250 milliards de francs. En fait, ces 40 %, c’est par rapport au budget de fonctionnement de l’Etat hors dépenses communes, hors service de la dette.
‘Il faut savoir que deux grandes parties composent le budget de l’Etat. Nous avons le budget de fonctionnement et le Budget consolidé d’investissement (Bci). Le Bci est un budget aussi important au niveau de l’éducation et a connu évolution rapide entre 2000 et 2007. Nous sommes passés de quelques 5 à 6 milliards de francs à 26 milliards aujourd’hui. Quant au budget de fonctionnement, nous sommes passés environ de 80 à 90 milliards entre 1999 et 2000 à aujourd’hui plus de 250 milliards. C’est-à-dire que le budget de l’Education a été multiplié par trois en l’espace de sept ans. C’est considérable.
‘Mais avec les problèmes que nous rencontrons, les gens se posent des questions du genre : Pourquoi l’Etat consacre 40 % de son budget à l’Education et malgré cela, nous avons encore des problèmes. Il faut savoir que sur ce budget, les 70 % servent à payer les salaires des enseignants et les 30 % restants font fonctionner l’ensemble des structures du secteur (de la petite enfance à l’enseignement supérieur). Ces 30 % sont destinés au fonctionnement des écoles, des inspections d’académie, des inspections départementales, du cabinet ministériel, de l’ensemble des directions et services centraux.
‘En fait, la progression fulgurante du budget de l’Education se justifie par le recrutement important d’enseignants que nous faisons depuis 2000. Dans la deuxième phase du Programme décennal de l’éducation et de la formation (Pdef), nous devons recruter en moyenne 3 500 volontaires par année. Nous devons recruter environ 150 vacataires par année pour l’enseignement secondaire. Cela signifie que la majeure partie du budget est consacrée au paiement des salaires des enseignants nouvellement recrutés.
‘Il s’y ajoute qu’au milieu des années 1990, l’Etat avait mis en place le système de volontariat qui visait à pallier l’insuffisance des enseignants.
Mais l’objectif n’était pas d’intégrer progressivement ces enseignants dans la fonction publique. Or depuis l’an 2000, l’Etat a pris l’option d’intégrer progressivement les volontaires de l’éducation dans la fonction publique de même que les professeurs contractuels. Ainsi, chaque année, nous avons environ mille maîtres contractuels et professeurs contractuels qui sont intégrés dans la fonction publique. Cela influe sur le budget.
L’augmentation des salaires dans le secteur depuis l’an 2000, influe également sur le budget. Et le budget de Pdef qui varie entre 300 à 400 milliards pour l’année 2006 est pris en charge jusqu’à hauteur d’environ 75 % par l’Etat’.
Une portion congrue à la qualité
‘C’est une faible part du budget de l’Etat qui est consacrée à la qualité de l’enseignement. C’est vrai que des efforts importants sont consentis. Rien que pour cette année, 2 milliards ont été dégagés sur le budget de l’Etat pour acheter des manuels scolaires. Mais les besoins sont tellement importants que l’Etat à lui seul ne peut pas y subvenir. C’est la raison pour laquelle le Pdef a beaucoup de partenaires. Si nous parvenons à financer la qualité de l’éducation, c’est grâce à l’appui des partenaires techniques et financiers.
‘Le maître joue un rôle central dans la qualité de notre système éducatif.
C’est la raison pour laquelle nous voulons renforcer la formation initiale des enseignants ainsi que leur formation continue. Mais cela ne suffit pas. Parce que l’enseignant peut avoir la meilleure formation, mais seul dans sa classe, il peut faire ce qu’il veut. Et il faut distinguer le temps passé dans la classe du temps effectif d’apprentissage. Un maître peut enseigner pendant deux heures et les élèves n’apprennent que 15 minutes (…)
‘Entre la mise à niveau des écoles et la prise en charge de tous les enfants qui frappent à la porte de l’école, il faut faire un choix. C’est un choix difficile parce que les effectifs sont très élevés. Nous sommes à environ 1 million 700 mille enfants rien que dans l’enseignement élémentaire. Et beaucoup d’enfants arrivent au niveau de l’enseignement moyen. Le taux de transition du Cm2 à la sixième a fortement augmenté. Par conséquent, il faut construire beaucoup de collèges. C’est toute la difficulté de la planification’.
Double flux
‘Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas faire de la qualité avec les classes à double flux. Mais nous avons mis en place ces classes à double flux pour prendre en charge les enfants. Si nous avons mille classes à double flux, pour les supprimer, il faut construire mille salles de classe et recruter mille enseignants. Et chaque classe coûte environ 5 millions de francs’.
Besoins spéciaux
‘Nous avons un programme qui est financé par le Fonds nordique pour l’éducation spéciale intégratrice, destiné aux enfants. En 2001-2002, nous avons fait une étude de faisabilité et élaboré un plan d’action. Ce qui retarde ce programme, c’est la non mise à disposition d’assistants techniques qui viendraient des pays qui ont une grande expérience de l’éducation intégratrice. Même la Banque mondiale et les autres bailleurs de fonds commencent à s’intéresser à ce programme’.
Propos recueillis par Ndakhté M. GAYE
Source: http://www.walf.sn
