77 millions d’enfants n’ont pas acces a l’ecole en Afrique

Bamako, Mali (PANA) – Au moins 77 millions d’enfan ts n’ont pas
accès à l’école notamment en Afrique “où le taux d’achèvement de
l’enseignement primaire est trois fois inférieur chez les enfants
des plus pauvres que chez ceux des plus riches”, a révélé, jeudi
à Bamako, le secrétaire exécutif de l’Association pour le
développement en Afrique (ADEA), M. Mamadou N’Doye.

“Cette situation représente aujourd’hui le plus grand défi posé
aux Etats et à la communauté internationale au regard de leurs
engagements solennels pris au Forum de Dakar pour l’éducation de
tous et au sommet de Monterrey pour les objectifs de
développement du millénaire (ODM)”, a-t-il souligné.

S’exprimant lors de l’ouverture de la seconde partie de la
conférence internationale de Bamako sur l’abolition de frais
scolaires, M. N’Doye a dit que l’effectivité du droit à
l’éducation doit être considérée autant comme un droit, un
élément inséparable de la dignité humaine, que comme un impératif
démocratique.

Il faut “créer un contexte où aucun enfant ne sera exclu de
l’accès à l’éducation pour des raisons financières”, a suggéré
l’ancien ministre sénégalais de l’Alphabétisation et des Langues
nationales.

“Le processus d’abolition des frais scolaires représente une
opportunité de réflexion et d’action sur les facteurs multiples
et multiformes d’exclusion qui font le lit de l’analphabétisme,
de la misère, des épidémies”, a dit le secrétaire exécutif de
l’ADEA.

Ce sont là “des choses choquantes et insupportables à un moment
où les formidables progrès de l’humanité offrent des solutions et
des ressources extraordinaires pour faire face à ces défis”, a-t-
il dit, en suggérant l’abolition des frais scolaires comme
alternative à l’exclusion des pauvres.

La stratégie d’abolition des frais scolaires a permis une
progression des effectifs de 100% en Tanzanie, de 75% au Lesotho,
de 68% au Malawi et en Ouganda, de 22% au Kenya, a fait remarquer
M. N’Doye.

Rendant compte aux ministres africains de l’Education et des
Finances de la réunion la partie technique de la conférence de
Bamako, il a estimé que le débat n’est plus de savoir s’il faut
abolir les frais scolaires mais comment y arriver et à quel
rythme.

“Il faut veiller ici à éviter de jeter le bébé avec l’eau du
bain. Autrement dit, l’abolition des frais scolaires ne doit pas
affaiblir et encore moins étouffer la dynamique participative en
faveur de l’école, qu’elle soit communautaire, associative ou
autre”, a martelé le secrétaire exécutif de l’ADEA.

Pour les experts réunis mardi et mercredi, “le processus
d’abolition des frais scolaires est avant tout l’expression d’une
forte volonté politique qui place au premier plan des priorités
de l’agenda gouvernemental à la fois l’éducation et l’équité dans
l’éducation”.

“Cette volonté politique ne saurait se réduire à un effet
d’annonce mais se traduit concrètement par la formulation d’une
politique déterminée, le lancement effectif des réformes et des
arbitrages budgétaires conséquents à la mise en œuvre”, ont
affirmé les participants à la réunion technique cités par M.
N’Doye.

Ils ont, par ailleurs, indiqué “qu’autant la planification est
indispensable, autant la balance doit être équilibrée entre la
planification et l’action afin que l’obsession de la première
n’entraîne pas la paralysie de la seconde”.

Près de 150 participants prennent part depuis mardi à la
conférence internationale sur l’abolition des frais scolaires,
espérant, au terme de leurs travaux, “l’établissement et le
renforcement des partenariats efficaces internes et externes
favorables à des accords et à des appuis décisifs des
compréhensions partagées des défis de l’abolition”.

La conférence, co-organisée par la Banque mondiale, l’ADEA et
l’UNICEF, entend également favoriser l’élaboration “de plans pour
l’échange et l’apprentissage entre pays et le renforcement de la
coopération Sud-Sud”.