Afrique du Sud : Appel aux doctorants (sans laptop)

Dans le but d’attirer davantage d’étudiants de deuxième cycle, il ne manquerait plus que certaines universités offrent à leurs étudiants des semestres gratuits en Jamaïque, pour siroter des cocktails en achevant leur mémoire de recherche.

Les étudiants de deuxième cycle sont de véritable vaches à lait, qui rapportent d’importantes subventions aux universités, plus encore que les étudiants de premier cycle. En effet, chaque diplômé de Master est subventionné à hauteur de 130.000 Rand. Pour un détenteur de doctorat, l’université reçoit environ 270.000 R. De plus, les frais universitaires pour les étudiants en Master et en PhD sont nettement moins élevés, entre 10.000 et 25.000 R.

L’université reçoit également des subventions annuelles proportionnelles au nombre d’admissions et au dynamisme de ses chercheurs – selon le nombre d’articles publiés et le nombre d’étudiants formés. La publication d’un article dans un journal agrée est subventionnée à hauteur de 90.000 R.

On remarque ainsi une multiplication des efforts déployés par les universités, pour améliorer le statut des étudiants de deuxième cycle, notamment à travers des réductions de frais universitaires ajoutées à des offres substantielles de bourses et des remboursements des frais payés, afin d’attirer les étudiants intéressés.

Le Mail & Guardian rapporte que l’Université du KwaZulu-Natal (UKZN) réduit les frais universitaires cette année pour les étudiants du monde entier, inscrits à plein temps dans les programmes de recherche en Master et en PhD. L’unique exigence est qu’ils achèvent leur programme d’étude dans les délais ordinaires.

Durban University of Technology annonce que ses étudiants en Master recevront 60.000 R, payés en tranches, avec un laptop en option. Selon Raveen Naidoo, directeur par intérim chargé du développement et du soutien aux programmes de deuxième cycle « 100.000 R sont alloués aux étudiants de doctorat dont les propositions de recherche sont approuvées, plus en laptop, » qui peut être échangé pour de l’argent.

Un master de recherche d’un an à l’Université North West coûte 4.000 R au lieu de 12.000 R. Le recteur, Theuns Eloff, annonce, en plus, une bourse de 35.000 R pour un PhD.

L’enseignement supérieur est l’univers des étudiants du premier cycle, qui représentent 85% (630.000) des étudiants inscrits en 2006, selon les statistiques du Département de l’éducation. Sur un total de 124. 671 diplômés, seulement 7.879 détiennent un Master et 1.100 un PhD.

Le recteur de l’UKZN, Malegapuru Makgoba, déclare que l’objectif de ces formules incitatives est d’apporter une meilleure contribution aux bourses d’études, sur les plans national et international, car l’apport de l’Afrique du Sud à la recherche dans le monde est en baisse aux niveaux quantitatif et qualitatif. »

Cette politique de la carotte et du bâton impose des pénalités financière aux étudiants de l’UKZN et des autres universités : les étudiants de master doivent achever leur programme en un an et ceux de PhD en trois ans. Chaque semestre supplémentaire est sanctionné par des frais de prolongement. « Cette stratégie permettra d’améliorer l’éthique et la qualité de travail des étudiants. Nous ne voulons pas les voir tourner en rond pendant huit ans », affirme Makgoba.

Qualifiant l’initiative de l’UKZN de « courageuse et fantastique », le directeur de la recherche de l’UJ, Adam Habib, annonce que son établissement envisage de rembourser les frais encourus par les diplômés de PhD et de Master cette année, s’ils achèvent leur programme à temps.

« Les remboursements concerneront les étudiants qui ne bénéficient pas d’une bourse du gouvernement. Nous voulons augmenter l’effectif de nos étudiants de deuxième cycle et mieux satisfaire la demande nationale en termes de recherche » confie Habib. « Il ne s’agit pas d’accroître les recettes, mais de répondre aux exigences nationales et de réinvestir dans la recherche universitaire. »

Pour Rolf Stumps, ancien recteur de l’Université Nelson Mandela Metropolitan, « c’est l’attitude typique adoptée dans un contexte de survie, vous cherchez un moyen d’optimiser les recettes. Vous avez besoin d’argent pour démarrer le processus et les bénéfices n’arriveront que plus tard. Il s’agit donc de survivre entre temps. Les universités à très faible revenu doivent réfléchir à deux fois avant de s’y engager. Elle doivent également disposer d’excellents systèmes de gestion de l’information afin de contrôler le nombre d’étudiants entrants et sortants. »

Selon Eloff, « ces initiatives pourraient affermir certaines universités. Seulement, lorsque des étudiants envisagent de suivrent des études de deuxième cycle, ils optent pour les universités où leurs spécialités sont enseignées par les meilleurs professeurs du domaine. Si vous avez de bons enseignants, les étudiants iront vers vous. »

Source : Mail & Guardian Online, 02/10/2009

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