Au Bénin, le business de la "green card" américain

Au Bénin, le business de la "green card" américaine est florissant
COTONOU, 12 jan (AFP)
Attroupée sur la place de l’Étoile Rouge, en plein coeur de Cotonou, la capitale du Bénin, une foule d’hommes et de femmes se pressent aux trois entrées d’une paillote de fortune.

A l’intérieur de ce hangar, peint aux couleurs des États Unis et portant l’enseigne "Gagnez les USA avec la loterie américaine!", deux ordinateurs connectés à Internet, un appareil photo numérique et une secrétaire qui enregistrent les inscriptions et ne cesse de faire coulisser son tiroir, enfournant les billets de banque.

"Vous avez fini votre inscription, passez chez le photographe pour une prise de vue", lance-t-elle à un postulant d’une quarantaine d’années.

Après la photo, on passe à l’inscription en ligne, vraissemblablement sur le site du gouvernement américain. A cette étape, le client n’assistera pas, "puisque toutes les informations sont déjà fournies", justifie la secrétaire.

"Vivre aux États Unis est pour moi un rêve, et je joue à cette loterie depuis plus de sept ans. Je crois que cette année sera la bonne !", confie Jean Luc Ayité, 35 ans, qui vient de finir son inscription.

Depuis novembre dernier, après que les Etats Unis d’Amérique ont lancé le programme de la Diversité Loterie Visa de 2006, des entreprises comme celle-ci se sont créées sur toutes les artères de Cotonou.

Les installations techniques sont presque toutes les mêmes: un ou deux ordinateurs connectés à internet, un appareil photo numérique et le tour est joué. Le prix de l’inscription, lui, varie de 5.000 à 10.000 CFA (15,24 euro).

Pourtant, le département d’Etat américain, via son ambassade à Cotonou, vient de dénoncer dans un communiqué parvenu à l’AFP les "imposteurs de la carte verte" et a appelé les candidats à l’immigration à la vigilance.

"Nous conseillons aux demandeurs de visa d’être vigilants avec les entreprises ou les organisations proposant de les assister pour l’obtention de visas d’entrée aux États Unis", indique le communiqué.

"Le gouvernement des Etats Unis ne cautionne, ne recommande, ni ne sponsorise les informations publiées sur tous autres sites web que le sien, quel que soit leur contenu", indique le communiqué du département d’Etat américain, qui souligne que seuls les sites se terminant par ".state.gov" sont officiels.

"C’est la misère ambiante qui pousse les gens à se ruer vers d’autres cieux en espérant trouver mieux", conclut un béninois résidant aux États Unis.

Quant à la loterie de la "Green Card", elle est organisée chaque année par l’Oncle Sam en vertue des dispositions de la loi sur l’immigration qui prévoit l’octroi chaque année de 50.000 visas de résident permanent à des personnes originaires de pays ayant eu une faible émigration à destination des Etats Unis.

Les visas sont répartis entre six régions, un maximum de 7% pouvant être octroyé aux demandeurs d’un même pays.

Pour l’édition 2004, le Bénin a obtenu 233 admissions à la loterie sur près de 100.000 personnes tirées au sort.

Durant l’entretien précédant tout octroi de visa d’immigrant, le demandeur principal devra être en mesure de prouver qu’il a reçu une éducation secondaire ou équivalente, ou bien qu’il possède une expérience professionnelle de deux ans, accumulée au cours des cinq dernières années, dans un métier qui exige au moins deux ans de formation ou d’expérience.

Ceux qui ont été choisis devront s’acquitter rapidement des formalités consulaires et suivre les instructions contenues dans leur lettre de notification.

Non loin de la place de l’"Etoile Rouge", une autre paillote installée à l’entrée d’un cyber-café grouille de monde. Ici la procédure reste la même et les frais d’inscription varient entre 8.000 et 20.000 CFA. Mais l’entreprise promet de participer aux frais de transport…

"Nous prévoyons pour nos clients gagnant une participation aux frais de billet d’avion ce qui fait que nous avons en moyenne par jour 120 inscriptions", jubile Charles Ahonon, patron de ce centre.

"La ruée des populations vers ces entreprises s’expliquent sûrement par le fait qu’elles ignorent que l’inscription est officiellement gratuite et que l’État ne veut rien faire pour informer les populations", explique à l’AFP Grégoire Houegbonou, sociologue à l’Université d’Abomey-Calavi.

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