Cameroun – Université de Yaoundé I : Les francophones snobent l’anglais

Université de Yaoundé I : Les francophones snobent l’anglais

Dans la plupart des facultés de cette institution, les étudiants parlant le français vident les amphis lorsqu’un cours en langue de Shakespeare est annoncé.

A l’université de Yaoundé I, selon des sources proches de l’institution, environ 85% d’étudiants sont d’obédience francophone avec près de 60% d’enseignants pratiquant le français. Dans les amphis en effet, les cours sont dispensés en français ou en anglais selon la langue de l’enseignant. Chose qui n’est pas très partagée par les apprenants, surtout ceux de la fraction francophone qui transforment très souvent ces espaces en heures de permanence. Alors, dans ce contexte, certains préfère rentrer pendant que d’autres restent dans les amphis. Pas pour suivre le cours, mais pour troubler. "Moi, je ne peux pas suivre un tel cours, puis que je ne peux rien retenir, mieux je rentre faire autres choses à la maison", explique Jacques étudiant en 3ème année histoire à l’université de Yaoundé I. Seulement, malgré la désinvolture qu’affichent ces étudiants, une fois les examens annoncés, ils se battent comme de beaux diables pour rattraper les cours perdus. Jacques confirme, "nous nous rapprochons des étudiants anglophones qui nous fournissent la version française du cours en question le moment venu".

Industrie
D’autres par contre, achètent les cours déjà traduits par des particuliers (étudiants anglophones), qui en font tout une industrie pendants ces périodes. A en croire Eric Mambou Tankou, photocopieur et ancien étudiant à Ngoa-Ekélé, "des groupes d’étudiants sortent des documents de tous les cours annuels, qu’ils vendent. Nous avons souvent des copies que nous vendons à un prix abordable".
Mais aux heures de cours dispensés en langue de Shakespeare, d’autres étudiants comme Zouléka étudiante en 2ème année géographie, préfèrent plutôt s’assoir auprès de leurs camarades qui maîtrisent cette langue. Ils suivent le cours en demandant à ces derniers les explications des mots qui les échappent. En plus de cela, Zouléka "profite pour acquérir davantage le bilinguisme. Je compte m’inscrire plus tard dans un centre de formation spécialisé", affirme-t-elle.

Les étudiants francophones qui troublent pendant les cours dispensés en anglais, ne veulent cependant pas sentir une mouche voler lorsque la leçon est faite en français : " tout le monde est obligé de suivre. Aucun ne peut tenter de parler", lance Ernest, étudiant anglophone. Ils sont donc tenus de garder leur calme ; "Mais après tout, nous sortons gagnant, puisqu’ils nous imposent le français tout en nous permettant de bien l’assimiler. Et c’est comme ça que nous parvenons à parfaire notre bilinguisme", explique Ingrid Shey Muta de la faculté des sciences physiques. Selon cette dernière, " il y a un certain nombre d’enseignants qui font de plus en plus des efforts pour faciliter la compréhension des deux parties, mais ils sont très peu nombreux ".
Dans certaines facultés, ceci n’est plus considéré comme un handicape. C’est le cas de la faculté des lettres bilingues par exemple : "Tous ceux qui se retrouvent dans notre faculté, sont sensés être bilingue au départ. Donc, que le cours soit dispensé en français ou en anglais, cela ne pose aucun problème", nous explique un couple d’étudiant.

Iliassou Kpoumié (Stagiaire)
Source: http://www.quotidienmutations.info
15 juin 09

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