Chine – Cadre de village, un métier prisé des jeunes diplômés chinois

Cadre de village, un métier prisé des jeunes diplômés chinois

Que faire après la fac ? Telle est l’angoisse qui saisit bon nombre d’étudiants chinois à l’heure où la moitié des 7 millions de diplômés chinois ne trouve pas de travail en ville. Conséquence, le travail à la campagne, encouragé par l’Etat, n’a jamais été aussi populaire.

Ils ont Bac+4, parfois Bac+6 et ont choisi de partager pendant trois ans la vie quotidienne des paysans. Au terme d’une sélection draconienne parmi 20 000 candidats, 1874 jeunes diplômés de la ville Pékin ont obtenu cette année le titre de "cadre de village", et travaillent aujourd’hui comme assistant du chef de village dans des localités de la banlieue de Pékin.

L’initiative de ce programme remonte à 2006. Pour stimuler le développement économique de ses banlieues, Pékin a décidé à l’époque d’encourager le mouvement des jeunes diplômés en direction des campagnes. En échange, ces derniers obtenaient le permis de résidence de Pékin, le fameux hukou, qui fait rêver beaucoup d’étudiants venus des provinces.

Aujourd’hui plus besoin de moyen de persuasion, les emplois à la campagne s’arrachent. Car en dépit d’un salaire mensuel de 1500 à 2000 yuans (150-200 euros) et de conditions de vie médiocres, les étudiants arrivés au terme de leur mandat bénéficient d’une aide pour trouver un autre emploi. Un précieux atout à l’heure où le marché de l’emploi n’a jamais été aussi étroit.

Un horizon limité mais rassurant

Le travail de tous les jours consiste surtout à taper et à ranger des dossiers, ou à régler des différends entre les habitants.

« On m’avait dit que le travail dans le village était compliqué. Faute d’expérience, on ne me confie pas de tâches importantes. Maintenant mon travail c’est de prendre des notes dans les réunions, comme un secrétaire», constate Xiao Chen, étudiant en tourisme et depuis un an assistant du chef de village.

Selon une enquête, 70% des étudiants se plaignent de leurs conditions de travail et rares sont ceux qui comptent rester à long terme. Ce n’est pas avec un salaire de 2000 yuans qu’ils pourront acheter un appartement à Pékin.

Mais ce genre d’emploi dispose d’un autre intérêt : une fois terminé l’exercice de leur mandat, 20 à 30 % des jeunes cadres peuvent devenir fonctionnaires. Les deux tiers restant devront retourner sur le marché de l’emploi.

Et si la municipalité de Pékin encourage les entreprises à embaucher des cadres de village, cela ne permet pas de calmer toutes les angoisses. Dans les villages, beaucoup se plaignent de ne pas apprendre de choses utiles et de faire un travail qui n’a rien à voir avec leur spécialité. Au final, ils redoutent que ce genre d’expérience ne les écarte des opportunités de travail en ville.

Mais tout le monde n’est pas de cet avis, à l’image du vieux responsable d’un village à l’Est de Pékin. « Cette expérience solide de travail n’est pas donnée à tous, cela les aidera, quoi qu’ils fassent dans l’avenir». La preuve, 13% ont décidé de rester à ce poste, et pour longtemps.

Par Carole Hamont (Aujourd’hui la Chine)
06/08/2009
Source: http://www.aujourdhuilachine.com

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