« Dans un CV, il ne faut ni tout dire, ni mentir »

« Dans un CV, il ne faut ni tout dire, ni mentir »

L’intérêt n’est pas tant non plus d’avoir un joli produit qu’un document efficace. Entretien avec Dominique Perez, auteur de l’ouvrage Le guide du CV et de la lettre de motivation (édition L’Express Emploi, 2008).

Quelles sont les nouvelles tendances en matière de CV ?
Il n’y a pas de véritables nouvelles tendances en matière de CV, après les modes du CV par compétences ou de l’originalité à tout crin, on en revient à des candidatures plus simples. Ce qui a changé est plutôt le moyen de transmettre les candidatures, ce qui peut évidemment avoir des conséquences sur la forme et sur le fond.
Sur la forme ? La tendance des recruteurs, au début de l’utilisation d’internet, était d’imprimer les CV pour les consulter et les faire passer éventuellement à d’autres personnes de l’entreprise après les avoir annotés. Internet était ainsi plus un moyen de transmission, un vecteur. Aujourd’hui il est devenu un outil au service de l’emploi, et les recruteurs, en particulier les consultants en recrutement, sélectionnent de plus en plus les candidatures sans passer par l’impression. Il est donc nécessaire de veiller à la mise en page… un CV de deux pages pour un cadre expérimenté n’était pas rare ni même toujours déconseillé. Par internet, une page doit suffire. Sur le fond ? Les recruteurs n’ont pas changé aussi vite que les nouvelles technologies. Ils attendent toujours les mêmes informations : détail des expériences en lien avec le poste proposé…

La rubrique "divers" ou "autres" est-elle vraiment pertinente ?
Les avis des recruteurs sont partagés sur cette question, mais quand il s’agit de cadres expérimentés et de managers, tout le monde s’accorde pour reconnaître qu’elle est de peu d’importance. A moins d’apporter une information véritablement en lien avec le poste recherché : participation au bureau d’une association sportive ou autre si l’entreprise visée est dans ce secteur ou semble impliquée dans une cause en particulier, voyages fréquents dans une zone géographique dans laquelle l’entreprise est implantée (avec une idée d’expatriation à la clef…), etc…

Faut-il enjoliver ou non la réalité au risque d’être "coincé" lors d’un entretien plus approfondi ?
Il y a enjoliver et enjoliver… on n’est pas obligé de tout dire dans un CV, on n’est pas non plus obligé de mentir. De toute façon, un oeil exercé saura tout de suite déceler le mensonge par omission, le flou, la faille…et si le recruteur vous convoque pour l’entretien de recrutement, il tentera de creuser là où éventuellement ça fait mal. Un exemple très classique est celle d’une expérience professionnelle, qui ne s’est pas très bien déroulée, et/ou terminée. Le candidat a souvent tendance, surtout quand il s’agit d’une histoire récente, à ne pas trop s’étaler, à résumer même en deux phrases quelque chose qui a parfois duré plusieurs années. C’est souvent un véritable signe au recruteur, qui va longuement s’arrêter sur cette épisode qui dénote un problème. Quel que soit votre choix et ce que vous décidez de présenter ou d’omettre, préparez-vous de toutes façons à l’assumer. Vous pourrez aller plus loin lors de l’entretien, pour expliquer un élément problématique de votre vie professionnelle. Mais tâchez de ne pas donner trop de prise au recruteur avant la rencontre.

Faut-il passer par un designer graphique pour booster son CV ? A-t-on intérêt à exploiter les ressources du numérique pour bâtir un joli produit ?
L’intérêt n’est pas d’avoir un joli produit, mais un document efficace. Une bonne utilisation de Word peut suffire… Les ressources du numérique sont intéressantes quand elles vous permettent de faire des liens avec des éléments pouvant intéresser les recruteurs. Exemple : un renvoi sur le site d’une entreprise quand elle est peu connue, sur un matériel ou un produit dont vous avez participé à la conception , production ou commercialisation, votre blog s’il contient des éléments signifiants pour votre vie professionnelle (par exemple, post sur votre domaine de compétences).

Et la lettre de motivation ? A-t-elle toujours un sens ?
La question du sens de la lettre de motivation est vieille comme la lettre de motivation elle-même… et la réponse l’est tout autant : tous les recruteurs ne la lisent pas, mais tous remarquent, voire regrettent son absence lorsqu’elle n’est pas là. Donc dans le doute, il est préférable de la joindre au CV. Très souvent, les recruteurs commencent par lire le CV , et tentent d’y détecter les mots qui les concernent, eux et surtout le poste qu’ils ont à pourvoir : niveau et nature du diplôme, longueur de l’expérience, noms des entreprises dans lesquelles vous avez travaillées, type de responsabilités exercées..; le premier tri se fera toujours sur ces critères. Ensuite, le recruteur va se pencher sur vos motivations. Si la lettre peut l’aider à comprendre votre démarche, ce sera plus simple pour lui. Il est vrai cependant que le mail a sans doute failli la tuer, mais bien des recruteurs ont protesté. On peut aussi , avec les recruteurs plus jeunes sans doute, et/ou habitués de longue date au langage texto, voire MSN, se contenter de quelques lignes en accompagnement du CV envoyer par mail. Mais avec du sens : indiquez par exemple votre diplôme, le nombre d’années d’expérience, le nom de votre fonction…

Propos recueillis par Guillaume Evin – 14/04/2008 18:19 – L’Expansion.com

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