DJIBOUTI – Bilan sur la Réforme de l’Ecole

Discours du ministre de l’Education
" Le bilan de ces cinq ans est jugé globalement positif "

Source : http://www.lanation.dj
Mercredi 09 Février 2005

Allocution du Ministre de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur à la cérémonie de clôture du Forum- Bilan sur la Réforme de l’Ecole, le 6 février dernier.

Le forum est une suite logique dans le processus que nous suivons pour se donner le maximum de chances de réussir la Réforme de notre Système Educatif entreprise depuis 1999. Vous vous rappelez sûrement qu’au lendemain de l’élection de M. le Président Ismaïl Omar Guelleh à la magistrature suprême nous avions organisé, sous son impulsion, les Etats Généraux de l’Education qui s’étaient déroulés ici même du 2 au 7 décembre 1999 après trois mois de débats dans toutes les écoles de la République.
Le Diagnostic dressé par les participants a montré que notre système éducatif était en crise et ses performances très médiocres. Voici quelques -uns des maux dont il souffrait : Seuls 39% des enfants en âge scolaire allaient à l’école, seuls 8% des enfants admis en première année pouvaient espérer arriver au niveau du Baccalauréat, la qualité de l’enseignement était très faible et l’encadrement pédagogique des enseignants très insuffisant, les enseignants étaient démotivés par les retards et les baisses successives des salaires, pratiquement toutes les classes de la capitale fonctionnaient en double vacation, et les élèves ne disposaient même pas d’un livre pour quatre, le budget alloué à l’éducation régressait d’une année à l’autre et les infrastructures se dégradaient d’année en année. Etc.
Le Peuple avait perdu la confiance en son école et il fallait le reconstruire sur la base d’un large consensus de toutes les couches de la nation. Les Etats Généraux de l’Education de 1999 ont réussi à bâtir ce consensus puisque les 180 participants se sont mis d’accord sur un constat et ont formulé une série de recommandations qui devaient servir de fondations à la nouvelle école djiboutienne. Cinq ans après cet événement capital dans l’histoire du pays et dans celui de son système éducatif, nous avons voulu rendre compte des réalisations dans un livre intitulé " la Réforme de l’Ecole " et le soumettre à la critique des acteurs et des usagers de l’école. Nous avions dès juillet 2000 traduit les recommandations en projet de loi adopté par l’Assemblée Nationale puis nous avions élaboré un Schéma Directeur décennal et un Plan d’Action Quinquennal 2001-2005. Nous avions tenu deux tables rondes de bailleurs de fonds pour rechercher le financement des 63 projets que nous avions identifiés.
Aujourd’hui, comme mentionné dans l’exposé sans complaisance des résultats des travaux du Forum, nous avons pu, en cinq ans : grâce au soutien d’une forte volonté politique exprimée en maintes occasions par le Président de la République lui-même, qui a permis de porter la part du budget de l’éducation dans le budget de l’Etat de 14 à 28%, grâce à l’appui de nos partenaires techniques et financiers qui ont approuvé notre plan d’action et l’ont soutenu en le finançant à plus de 80%, grâce à la confiance retrouvée des enseignants et des parents d’élèves, redresser la situation et replacer notre système éducatif dans une dynamique de succès.
Le bilan de ces cinq ans vient d’être jugé globalement positif par les participants du Forum puisque : le taux de scolarisation dans l’Enseignement Primaire a gagné plus de 13 points en passant de 39 à 52%, le parc des salles de classes a augmenté de plus 40% passant de 570 à plus de 800 salles et la plupart des classes fonctionnent aujourd’hui à plein temps ; nous avons mis fin au recrutement des instituteurs suppléants et tous nos instituteurs reçoivent une formation initiale de qualité avant de commencer à enseigner, nous avons introduit une vaste réforme des programmes de l’enseignement Fondamental qui touche aussi bien les contenus des enseignements que les méthodes pédagogiques, les effectifs scolarisés ont augmenté au total de plus 42% alors que l’enseignement secondaire a plus que doublé avec la création du lycée de Balbala et des classes secondaires dans les districts, nous avons dépassé de chiffre du millier de bacheliers en 2004, nous avons freiné la fuite de nos élites en créant un Enseignement Supérieur qui accueille aujourd’hui plus de 1600 étudiants au Pôle Universitaire de Djibouti.
D’autres projets prévus dans notre plan d’Action 2001-2005 sont actuellement en cours de réalisations : deux grands collèges d’enseignement moyen sont en construction l’un à Djibouti -ville et l’autre à Balbala et nous venons de lancer les appels d’offres pour la construction : de trois lycées Polyvalents à Ali-Sabieh, Dikhil et Tadjourah, d’un grand lycée d’Enseignement Général à Gabode, de cinq Centres d’Apprentissage Professionnel à Obock, Tadjourah, Dikhil, Ali-Sabieh et à Djibouti, une dizaine d’écoles primaires dans l’ensemble des districts du pays, trois inspections et des trois centres de ressources pour la formation décentralisée des enseignants.
Certes, " il reste encore beaucoup à faire " comme le disait le Président de la république dans sa préface au livre " la Réforme de l’Ecole " et nous avons bien prit bonne note des nombreuses suggestions faites au cours des débats de ce mois de janvier : la couverture universelle de la scolarisation n’est encore atteinte et vous avez signalé qu’il existe encore des zones d’habitation sans école ou trop loin des écoles et des enfants ayant des besoins spéciaux non encore couverts par l’offre d’éducation, les effectifs des classes sont souvent trop chargés aussi bien dans l’enseignement fondamental que dans l’enseignement secondaire, les enseignants les moins expérimentés sont affectés dans les postes les plus difficiles, les goulots d’étranglements entre les différents niveaux d’enseignement n’ont pas encore complètement disparus, les orientations dans les différentes filières de l’enseignement secondaire et technique et de l’enseignement supérieur paraissent injustes et non transparentes, la décentralisation administrative prévue dans le nouvel organigramme n’est pas encore effective sur le terrain, le partenariat avec les communautés locales et les parents d’élèves n’a pas encore produit les effets bénéfiques escomptés.
Toutes les insuffisances, les critiques et les suggestions contenus dans la synthèse des travaux du Forum ainsi que ceux formulées par les participants aux débats seront compilés et serviront de base à la définition des orientations et à l’élaboration des futurs projets et du prochain Plan d’Action 2006-2008.
Nos actions seront bien sûr limitées par le cadrage économique que nous sommes obligés de faire pour ajuster nos ambitions aux ressources allouées au secteur éducatif qui sont déjà considérables et qu’il conviendra de mieux rationaliser car nos coûts unitaires de formation sont jugés trop élevés par nos partenaires techniques et financiers par rapport aux pays ayant le même niveau de développement que le nôtre.

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