FRANCE – Consulats de France en Afrique et pb de visas

Lu sur le net….
CAMEROUN
Consulat de France – Le parcours de l’humiliation
Jean-Célestin EDJANGUE
19 mai 2004
Chaudes explications entre les demandeurs de visa et les éléments des forces de l’ordre au consulat de France à Douala.

Consulat de France, à Douala, mardi 18 mai 2004, 10h15. Plusieurs dizaines de personnes s’entassent de part et d’autre de la porte d’entrée, le long de la rue des Cocotiers. Les forces de l’ordre qui assurent généralement la sécurité des lieux, sont rapidement débordées. Le Gmi est appelé en renfort, matraque à la main. La bousculade tourne à l’échauffourée. D’un côté les demandeurs de visa, de l’autre les représentants de la force de l’ordre. Le tout sous les yeux des centaines de curieux, médusés : “Reculez ! Derrière !”, crient les éléments du Gmi, qui n’hésitent pas à se servir de la matraque pour les personnes les plus lentes à obtempérer. C’est que même pour ces Zoro, réputés pour leur brutalité, la situation est loin d’être une simple affaire de formalité à remplir : “le consulat nous a appelés pour rétablir l’ordre qui semblait être fortement menacé sur les abords du bâtiment. Il nous accuse souvent d’entretenir le trafic avec les demandeurs de visa. Pourquoi font-ils encore appel à nos services quand ils se rendent compte que la situation est grave ? La représentation française se comporte comme si elle n’avait aucun égard pour les Camerounais en général et les forces de l’ordre camerounaises en particulier”, confie un agent du Gmi, tout aussi désolé de la situation au consulat de France, à Douala. Un de ses collègues va encore plus loin : “Ça me fait très mal de frapper de la sorte sur mes propres frères et soeurs. C’est inadmissible que des êtres humains soient maltraités ainsi”.

Comme des animaux
Pour comprendre le bordel organisé qui a cours depuis plusieurs mois aux abords et à l’intérieur du consulat de France, à Douala, il faut remonter à la fin de l’année 2002 : “L’ancien système de demande et de retrait des visas, à l’époque de Madame Noëlle, prévenait tout cafouillage, réduisait considérablement les embouteillages”, se souvient Albert Ngassam, homme d’affaires qui voyage régulièrement depuis 1999 pour l’Europe. A l’époque, seules les personnes qui avaient rendez-vous se pointaient pour déposer le dossier ou retirer le précieux sésame.
Mais avec l’arrivée des nouvelles autorités consulaires, les choses se sont complètement détériorées de ce côté-là, les demandeurs de visas, les démarcheurs de places (qui passent souvent la nuit pour revendre la place à un demandeur de visa) qu’ils soient représentants de la force de l’ordre ou pas, se confondant avec les badauds. Un désordre que le chanteur camerounais, Papillon, venu aider Nguéa La Route, sa soeur, à obtenir le visa pour la France, met sur le compte du manque de civisme des Camerounais : “C’est l’indiscipline et l’incivisme des gens qui font qu’on se retrouve dans un tel blocage. Normalement, il y a des jours précis pour les travailleurs des sociétés et des jours pour les autres. C’est le matin que se font les dépôts de dossiers, alors que les retraits doivent avoir lieu l’après-midi. Si les gens respectaient cette programmation, il y aurait moins de problèmes”.

Un nid à trafics
“Je suis du quartier New-Bell. J’ai 26 ans et je dors ici [à l’entrée du consulat de France à Douala, ndlr] depuis 1 an, au profit des personnes qui n’ont pas le temps pour s’aligner et attendre d’avoir accès afin de déposer leur dossier. Par personne, je peux recevoir entre 10.000 F cfa (dix mille) et 40.000 F cfa. Tout dépend du délai dont dispose le demandeur avant le voyage”, raconte Gaétan. Pour ce jeune homme, il ne fait l’ombre d’aucun doute que ce sont les “fameuses” personnes dites “recommandées” [envoyées par une personnalité publique ou privée, un ministre, un “ami” de la France, un homme ou une femme influente ndlr] qui sont à l’origine des débordements observés depuis plusieurs mois à l’entrée du consulat de France, à Douala”. Son camarade Parfait, 22 ans, du quartier Haoussa ne dit pas autre chose : “Je passe souvent la nuit pour aider les gens du quartier qui veulent voyager. C’est une aide bénévole, à charge à chacun de me payer un jus. En revanche, j’ai vu des hommes en tenue (policiers surtout) prendre beaucoup d’argent pour introduire une demande de visa”.

Parfois, témoigne une femme qui a remis une forte somme à un inspecteur de police pour avoir accès à déposer son dossier, “cette somme ne sert à rien, sinon à enrichir l’intermédiaire”. La preuve ? “Trois mois après cette mésaventure, je n’ai toujours pas pu déposer ma demande de visa”, lance-t-elle, impuissante.
Ces trafics ne se limitent pas seulement à l’entrée du consulat de France, à Douala. Ils franchissent allègrement le seuil d’entrée pour se poursuivre à l’intérieur : “Chaque jour, note un représentant des forces de l’ordre, ce sont pratiquement les mêmes personnes qui se présentent comme étant des gens recommandés. Ils glissent un bout de papier accompagné d’une enveloppe aux policiers et agents qui travaillent à l’intérieur. Or pendant que ces demandes particulières sont honorées, des centaines d’autres Camerounais dont certains sont sur les lieux depuis 2 ou 3 heures du matin, attendent en vain à l’extérieur que leur tour arrive”.
Trafics de toute sorte, usurpation de titre pour se présenter comme une personne “recommandée” et laxisme général des autorités consulaires françaises, qui semblent curieusement se complaire dans ce bordel… organisé. Alors qu’en France, tout est fait pour que ce genre de démarches se fassent dans le respect des droits et la dignité humaine.
Source : http://www.wagne.net/messager/

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