GUINEE – Crise universitaire. La racine du mal

Crise universitaire. La racine du mal
Source : http://www.boubah.com
Posté le 1/4/2005 3:21:29 PM
L’université guinéenne est confrontée à une grave crise. Une crise qui, à force d’être résolue au fond, est devenue chronique, une véritable gangrène. Les autorités universitaires en particulier et le gouvernement en général semblent toujours avoir opté pour la radicalisation et refusent obstinément à accéder aux demandes des étudiants. Dire que cette crise perdure depuis une quinzaine d’années.

Le récent mouvement lancé à l’université de Conakry suffit pour illustrer cette position figée et caduque des autorités de tutelles qui font fi aux revendications des étudiants grévistes qui ne demandent qu’une simple amélioration de conditions de vie et d’études pouvant leur permettre de suivre une formation académique correspondant aux normes internationales. Ces jeunes gens qu’on sacrifie aujourd’hui sur l’autel des intérêts personnels sont l’avenir du pays. Certes, les dirigeants qui leur privent ces droits élémentaires ont leurs enfants à l’extérieur dans les universités les plus huppées au frais du contribuable guinéen. Et le rêve que caressent ces parents est de voir leurs enfants les succéder à leur fonction actuelle pour pérenniser la dynastie. Mais, ils ne sont pas sans savoir que leurs enfants ne suffiront pas pour servir toute la nation guinéenne jusqu’au coin le plus reculés du pays. Demain, la Guinée aura besoin des agents de santé pour soigner les malades , des enseignants pour former des générations futures, des ingénieurs pour piloter des projets, manœuvrer des usines et faire d’autres gros ou petits ouvrages, etc..

Une telle situation pourrait suffire pour interpeller leur conscience afin qu’ils limitent au moins leur gâchis, et laisser un minimum de bon héritage aux générations futures. Mais loin s’en faut.

Il suffit que les étudiants s’agitent pour la hausse d’un maigre pécule, ou le remplacement d’un enseignant incompétent, ou la construction d’une bibliothèque, d’un amphi théâtre, etc.… pour que le rectorat fasse intervenir des forces de l’ordre. Celles-ci leur distribuent des coups de gaz lacrymogène, de matraque ou des balles réelles. Chaque revendication universitaire fait l’objet de bastonnade, d’interpellation entraînant des blessés voire des morts. Et tout finit par un procès des meneurs dont certains seront radiés à vie de l’effectif estudiantin du pays. Ces radiés ont deux choix : rester et perdre tout espoir de réussir ou prendre le chemin de l’exil.

Chaque grève estudiantine est perçue par le pouvoir comme une manipulation de l’opposition dans le but de déstabiliser le régime. C’est le disque qu’on tourne depuis 15 ans.

La présente crise qui frappe l’université de Conakry depuis le 26 novembre reste non résolue. Les étudiants chassés de l’université par les forces de l’ordre après la casse de leurs dortoirs, sont conduits à des congés anticipés. Pendant ces temps, les bacheliers qui sont au nombre de 27.500 ayant fait le concours à l’université ne sont pas fixés sur leur sort. Un sort dépendant de résultats de cet examen hors norme, qui dit –on, fait l’objet de marchandage. D’où le refus systématique de supprimer ce concours qui n’a pas raison d’exister pour le titulaire d’un baccalauréat Seconde partie.

Pour la solution à ce problème, les autorités doivent dialoguer avec les grévistes, définir et exécuter un programme de solution à la crise à court et à long terme. Des observateurs avertis pensent qu’il est temps de faire de profondes réflexions sur l’enseignement guinéen, et poser des actes concrets dans le but de mettre la Guinée dans le train de l’avenir. N’est ce pas là une tâche du nouveau premier ministre qui doit en faire une de ses priorités gouvernementales ?

Oumar Yacine Bah

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