Harry Belafonte exhorte tous les pays à abolir les frais de scolarité
UNICEF – [18/02/04]
L’Ambassadeur de l’UNICEF affirme que la communauté internationale doit s’investir davantage pour aider les nations qui n’offrent pas encore une éducation universelle gratuite
NAIROBI, 18 février 2004 – L’Ambassadeur itinérant de l’UNICEF Harry Belafonte a demandé aujourd’hui à tous les pays en développement de suivre l’exemple du Kenya et d’abolir les frais de scolarité à l’école primaire.
Depuis que l’école est devenue gratuite au Kenya en janvier 2003, plus de 1,3 million d’enfants sont entrés à l’école pour la première fois, faisant passer de 5,9 millions à 7,2 millions le nombre d’enfants scolarisés dans le pays.
« Ces enfants et leurs parents savent que l’éducation est non seulement leur droit mais également le passeport pour un avenir meilleur – pour les enfants et pour le pays », a déclaré M. Belafonte aujourd’hui. « En décidant d’abolir ces frais de scolarité, le Kenya montre ce que l’on peut accomplir dans le monde en développement par la simple volonté politique ».
M. Belafonte visite le Kenya pour évaluer le succès de la gratuité de l’éducation primaire un an après la suppression des frais de scolarité. Nommé Ambassadeur itinérant en 1987, M. Belafonte a participé au nom de l’UNICEF à des centaines de manifestations diverses et effectué de nombreux voyages un peu partout dans le monde.
Avant l’adoption de la Loi sur la gratuité de l’enseignement primaire, les élèves devaient acquitter des frais de scolarité pour aller à l’école primaire. Pour de nombreux enfants, en particulier les orphelins dont les parents sont morts du SIDA et les filles, ces frais bloquaient complètement l’accès à l’éducation.
Lorsque l’argent manque, les familles envoient plus facilement les garçons que les filles à l’école. En Afrique, plus de la moitié des 45 millions d’enfants qui ne vont pas en ce moment à l’école primaire sont des filles. Ne pas bénéficier de l’éducation, c’est bien sûr une calamité pour tous les enfants, mais les conséquences pour les filles sont particulièrement dramatiques. Les filles qui n’ont pas été scolarisées risquent davantage de contracter le VIH/SIDA, de tomber aux mains de trafiquants, d’être exploitées sexuellement. Elles ont moins de chances d’avoir des enfants en bonne santé et d’envoyer à leur tour leurs enfants à l’école.
L’éducation est indispensable pour les orphelins du SIDA
Eliminer les frais de scolarité peut avoir des retombées bénéfiques considérables pour les enfants dont les parents sont morts du VIH/SIDA, a rappelé M. Belafonte. Ces enfants, au nombre de 892 000 au Kenya, ne sont pas en mesure d’aller à l’école et doivent abandonner les cours pour s’occuper des membres de leur famille qui sont malades ou pour subvenir à leurs besoins ou à ceux de leur famille.
«Les enfants dont les parents sont morts du SIDA méritent d’être scolarisés tout autant que les autres, ils en ont encore peut-être plus besoin, a dit M. Belafonte. La scolarisation les préparera à l’avenir et contribuera à combattre la discrimination et l’ostracisme social qui restent malheureusement associés au SIDA. »
M. Belafonte a demandé à la communauté internationale d’honorer l’engagement qu’elle pris d’aider les pays à remplacer les fonds dont ils se privent en éliminant les frais de scolarité. Il a fait valoir que le financement bilatéral pour l’éducation dans les pays en développement a diminué de 30 pour cent de 1990 à 2000. Dans la plupart des pays africains où les frais de scolarité ont été supprimés, les gouvernements ont encore besoin de cinq fois plus d’aide à l’éducation de base pour atteindre d’ici à 2015 l’objectif de l’éducation primaire universelle que s’est fixé la communauté internationale.
L’UNICEF estime qu’il y a quelque 121 millions d’enfants non scolarisés dans le monde. La majorité de ces enfants sont des filles et des millions d’entre eux sont affectés par le VIH/SIDA. Epaulé par une équipe d’institutions de l’ONU et diverses ONG, l’UNICEF a lancé sur plusieurs fronts une campagne vigoureuse visant à accélérer la scolarisation des filles, à conduire tous les enfants à l’école et à offrir à tous les garçons et à toutes les filles l’éducation de qualité à laquelle ils ont droit.
Au Kenya, par exemple, la campagne « Allons à l’école » est une façon originale de faire participer les enfants en leur demandant de s’assurer que tous les enfants de leur communauté vont bien à l’école. Dans le cadre de cette campagne, les élèves recenseront les enfants qui ne vont pas à l’école, débattront des raisons de cette absence et proposeront des solutions qui leur permettront d’être scolarisés.
L’initiative, qui sera également menée dans d’autres pays et régions du monde, commence par une période de mise en route initiale en février et mars et culminera le 16 juin 2004 par une proclamation à l’échelle du pays entier, à l’occasion de la Journée de l’enfant africain, le 16 juin 2004.
D’autres pays que le Kenya ont éliminé les frais de scolarité, et remporté le même succès. En Ouganda, après l’abolition de ces frais en 1997, le nombre d’enfants inscrits à l’école est passé de 2,5 millions cette année-là à 6,5 millions en 2000. La Tanzanie a aboli ces frais en 2000, et le nombre d’enfants à l’école est monté en flèche, de 1,4 million à 3 millions.
M. Belafonte a toutefois insisté sur les problèmes considérables que représente l’élimination de ces frais de scolarité.
Au Kenya, l’augmentation du nombre d’enfants inscrits dans les écoles s’est traduit par des classes tellement surpeuplées que les administrateurs ont dû ajourner des admissions d’élèves faute de place. Dans de nombreuses écoles, des salles de classes où il y avait 40 élèves en accueillent 70. On manque de pupitres, de fournitures scolaires et autres. La pénurie d’enseignants qualifiés est encore plus sévère.
En outre, beaucoup d’élèves ne peuvent toujours pas se payer l’école à cause des frais “non officiels”, tels que les uniformes ou le transport. L’UNICEF exhorte les pays à éliminer tous ces obstacles à l’éducation.