La scolarisation tant bien que mal assurée chez les rebelles

La scolarisation tant bien que mal assurée chez les rebelles ivoiriens

ABIDJAN (AFP) – samedi 22 janvier 2005 – 11h06 – La scolarisation est tant bien que mal assurée dans le nord de la Côte d’Ivoire, privé d’une partie de ses enseignants et des financements de l’Etat, depuis que les rebelles des Forces Nouvelles (FN) en ont pris le contrôle en septembre 2002.
Craignant pour leur sécurité, un grand nombre de fonctionnaires, en particulier ceux des hôpitaux et de l’éducation, ont fui la région et gagné le sud après le coup d’Etat raté des rebelles contre le régime du président Laurent Gbagbo le 19 septembre 2002.

Après quelques mois de flottement, les écoles ont rouvert en 2003 et se gèrent grâce à 4.000 volontaires bénévoles, souvent des étudiants ou des enseignants à la retraite, mais sans moyens réels, selon les indications fournies par des ONG implantées dans cette région.

"80% des 600.000 élèves du nord ont été scolarisés en 2004. 130.000 ont été accueillis dans des établissements au sud", assure le ministre de l’Education nationale, Michel Amani N’Guessan, membre du Front Populaire Ivoirien (FPI, le parti de M. Gbagbo).

Les bénévoles qui ont permis, vaille que vaille, d’assurer une certaine continuité dans l’enseignement du nord sont payés entre 15.000 et 20.000 FCFA (de 22 à 30 euros) par mois en ville.

En brousse, ils sont nourris par les seuls parents d’élèves.

Leur rémunération provient de "cotisations" allant de 200 à 500 FCFA (30 à 75 centimes d’euros), demandées chaque mois aux parents d’élèves, affirme Sékou Touré, responsable de l’ONG "Ecole pour tous" qui coordonne les actions éducatives dans le nord.

Pour inciter les fonctionnaires à regagner leur poste au nord, l’Etat a proposé des primes. Cependant, la majorité des enseignants refusent de regagner leur poste en objectant le manque de sécurité.

Les autorités d’Abidjan reconnaissent d’ailleurs que, depuis l’offensive ratée des forces loyalistes début novembre contre les positions rebelles, la sécurité "s’est détériorée".

Les raids aériens, du 4 au 6 novembre, ont notamment empêché le déroulement des examens dans le nord, dont la tenue, prévue le même mois, s’était pourtant négociée entre la rébellion et le gouvernement. Ils ont dû être "reportés sine die".

Ce report, notamment ceux concernant les passages en 6ème et en seconde, a empêché la validation de l’année scolaire et remis à une date indéterminée la rentrée scolaire prévue début janvier.

Il laisse planer le spectre d’une année blanche dans le nord, alors que l’année 2003 avait été sauvée in extremis avec la "sécurisation" des examens par le contingent militaire français de Licorne, présent dans cette région.

M. N’Guessan considère que les conditions minimales de sécurité ne sont d’ailleurs "plus remplies". Il exige que les ministres FN du gouvernement de réconciliation nationale reviennent siéger au conseil des ministres pour débattre de cette question sensible mettant en cause l’avenir des jeunes du nord.

Les neuf ministres FN n’assistent plus au conseil des ministres depuis le 3 novembre estimant que leur sécurité n’est pas assurée à Abidjan.

Le chef de la rébellion Guillaume Soro a indiqué toutefois récemment qu’il avait la volonté de remettre à flot le système scolaire en créant dans le nord "nos académies", chargées d’organiser les examens sanctionnés par des "diplômes".

Cette démarche, qui "relève de l’autonomie", inquiète des responsables de cette région, notamment le président du conseil général de Mankono (nord-ouest) Youssouf Fofana qui condamne aussi l’attitude du gouvernement: celui-ci "prend l’école en otage", estime-t-il.

Pour M. Fofana, le parti présidentiel espère qu’en l’absence d’examens "les parents vont se révolter contre les Forces Nouvelles" et "réduire ainsi la rébellion".

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