L’ADEA pour un changement dans la scolarisation en Afrique

Paris, France (PANA) – Le secrétaire exécutif de l ‘Association
pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), Mamadou
Ndoye, a estimé “urgent”, lundi à Paris, de renouveler le
paradigme en matière de scolarisation sur le continent africain
afin d’assurer une meilleure équité entre les milieux rural et
urbain.

“L’école africaine demeure aujourd’hui une institution à deux
vitesses. Nous ne devons plus nous accommoder d’une situation qui
crée une véritable injustice”, a-t-il déclaré lors d’un entretien
accordé à la PANA.

Présentant les faiblesses du paradigme actuel de scolarisation en
Afrique, M. Ndoye a démontré qu’il repose sur l’erreur de
vouloir faire “la même école pour tous et partout”.

“Alors que la demande en matière de scolarisation est entièrement
satisfaite dans le milieu urbain, les populations rurales
continuent d’être absentes du système scolaire. Alors que les
résultats scolaires s’améliorent dans les villes, les écoles
rurales continuent d’afficher des taux d’échecs préoccupants”, a
dit le secrétaire exécutif de l’ADEA.

Selon lui, un élève qui échoue à l’école en milieu urbain a plus
de chances de se voir offrir “une deuxième chance” qu’un autre
élève vivant dans le milieu rural.

“Nous devons donc bâtir désormais une école adaptée aux besoins
spécifiques des populations. Il est déraisonnable de penser que
l’on peut mettre en œuvre partout des écoles de six classes avec
un enseignant par classe”, a averti l’ancien ministre de
l’Education de base du Sénégal.

Pour lui, l’abolition des frais scolaires représente une
évolution qui pourrait être fondatrice du nouveau paradigme de la
scolarisation en Afrique, assurant aux populations rurales et
urbaines en Afrique les mêmes chances à l’école.

“Je considère l’abolition des frais scolaires comme un élément
essentiel dans la mesure où elle peut susciter la demande de
scolarisation chez les populations rurales. D’autres perspectives
très importantes ont été retenues lors de l’atelier que nous
venons d’organiser conjointement avec la FAO à Rome”, a assuré M.
Ndoye.

Il a souhaité que dans le milieu rural, les classes soient
organisées de façon spécifique, en intégrant à la fois le souci de
rapprocher l’école des populations et d’autres préoccupations
telles que l’existence d’une cantine scolaire.

“Nous devons également envisager une nouvelle école qui valorise
la langue maternelle de l’apprenant. Il est établi, de façon
indiscutable, qu’on donne plus de chances de réussite à l’élève
en assurant une partie de l’enseignement dans sa langue
maternelle et l’autre partie en français, anglais ou portugais,
selon le cas”, a souligné le secrétaire exécutif de l’ADEA.

Souhaitant une école qui colle au plus près des réalités des
populations, il a plaidé pour l’inscription des savoirs locaux
dans les curricula scolaires.

“Les savoirs locaux sont un trésor de connaissance. L’école ne
peut plus continuer à faire l’impasse sur eux. Ce changement est
un pilier essentiel du nouveau paradigme que nous appelons de nos
vœux”, a encore dit M. Ndoye.

Plusieurs points de son plaidoyer ont été retenus lors d’un
atelier organisé du 28 au 29 novembre derniers à Rome,
conjointement par l’Organisation des Nations unies pour
l’agriculture et l’alimentation (FAO) et l’ADEA.

Des cadres des ministères de l’Education et de l’Agriculture de
11 pays africains, des experts internationaux, des représentants
de la Banque mondiale, de l’Union africaine présents à cette
rencontre ont appelé les intervenants du système scolaire
africain à fédérer leur énergie afin de relever les défis d’une
éducation de qualité pour les populations rurales.

Ils ont, par ailleurs, plaidé pour la création de coalitions
internationales, techniques et financières, tout en rappelant que
70% d’Africains vivent encore dans le milieu rural.

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