L’ESA Beyrouth, vitrine française en Orient

L’ESA Beyrouth, vitrine française en Orient
Source : http://www.lesechos.fr
06 juillet 2006
L’Ecole supérieure des affaires fête son dixième anniversaire. Elle compte aujourd’hui parmi les « business schools » les plus en vue au Proche-Orient.

« Marseillaise » et hymne libanais, discours solennels et ambiance bon enfant… Sous les ficus géants du campus Clemenceau, autrefois siège de la chancellerie diplomatique française, l’Ecole supérieure des affaires (ESA) de Beyrouth fêtait en grande pompe, il y a quelques jours, ses dix ans d’existence, en même temps qu’elle remettait leurs diplômes à ses étudiants.

Plus qu’une simple « business school », l’ESA fait figure de symbole : celui de la présence française dans cette région. Sa création ne doit d’ailleurs rien au hasard : elle est le fruit d’un accord entre les gouvernements des deux pays, le pilotage de l’école étant confié à la CCI de Paris, en liaison avec le ministère des Affaires étrangères français et la Banque centrale du Liban. « Nous voulions créer ici une école de référence pour notre modèle de formation à la gestion, avec un enseignement en français », explique Bernard Emié, l’ambassadeur de France. Un pari ambitieux, dans un Liban meurtri par la guerre, et où la concurrence ne manque pas – on y dénombre une bonne quarantaine d’universités.

Or malgré les difficultés, en une dizaine d’années, l’ESA a su trouver sa place au Proche-Orient. Elle compte aujourd’hui plus de 1.500 diplômés, et accueille cette année 430 étudiants. A son catalogue, six cursus diplômants, tous enseignés en français et sanctionnés par un double diplôme : un MBA « full time » et un « executive MBA », qui en sont respectivement à leurs neuvième et septième promotions, deux mastères spécialisés en finance et en marketing, ainsi qu’un master en management, en deux ans ; enfin, un cycle dédié au management de la santé. Chacun de ces programmes est proposé en partenariat avec une université ou une grande école, à commencer par l’ESCP-EAP, dont l’ESA est un pôle associé. L’IAE de Poitiers, l’ESC Reims, l’ESC Rouen ou la Bocconi de Milan figurent ainsi parmi ses partenaires. L’ESA développe en outre des activités de formation continue, de conseil aux entreprises, de recherche et de promotion de la francophonie. « L’ESA a remis le français à la mode dans le monde des affaires », observe Riad Salame, le gouverneur de la Banque centrale, qui emploie une vingtaine de ses diplômés.

Quant au budget annuel (3 millions d’euros), il est désormais quasiment à l’équilibre, les frais de scolarité (autour de 17.000 euros pour l’EMBA) couvrant 95 % du total. « Nous sommes moins chers que les grandes universités américaines, indique Roger Ourset, le directeur général. Nous voulons rester accessibles pour les familles libanaises. »

Une antenne à Bahreïn
Un système d’aides et de bourses a été mis en place, dont bénéficient 15 à 20 % des étudiants. « Nous ne cherchons pas à former de gros effectifs, mais à mettre sur pied des "laboratoires pédagogiques", adaptés à la réalité du pays, et travaillant avec des partenaires locaux. », souligne pour sa part Anne Stefanini, directeur de l’enseignement à la CCIP. Résultat, l’ESA est devenue l’une des institutions les plus cotées du Proche-Orient. Et si la plupart des inscrits sont libanais, l’ESA commence aussi à attirer des étudiants des pays du Golfe, d’Egypte ou de Jordanie, voire de jeunes ingénieurs français en quête d’un MBA francophone, pour les « réexporter » ensuite. L’école se positionne ainsi comme une sorte de « hub » pour la formation au management sur l’ensemble du Proche-Orient.

De leur côté, les entreprises françaises apprécient de trouver sur place des diplômés bien formés, et parlant au moins trois langues (français, arabe et anglais). « Nous commençons même à envoyer à l’étranger des jeunes issus de l’ESA que nous avons embauchés ici », note Marco Fabien, directeur général de L’Oréal Liban. « Nous recrutons uniquement des diplômés de l’ESA, parce qu’ils répondent bien à nos besoins », assure de son côté Jean-François Rolland, délégué régional d’Air France. Quant à Société Générale, qui emploie une cinquantaine de diplômés de l’ESA, elle a signé un partenariat avec l’école pour le recrutement, l’accueil de stagiaires, la formation et les prêts étudiants.

Aujourd’hui, l’école affiche de nouvelles ambitions. Elle envisage d’enrichir sa gamme de programmes. Mais surtout, l’ESA va disposer d’un nouvel outil. Elle vient d’annoncer la création d’une antenne à Bahreïn. Pour l’ambassadeur de France, Bernard Emié, l’ESA est bien placée pour bénéficier d’une embellie au Liban : « Ce pays est en train de redémarrer, affirme le diplomate. Si le contexte local s’améliore, le Liban peut afficher une croissance très forte, et devenir demain l’équivalent de Singapour dans la région. Et dans ce contexte, l’ESA aura une carte majeure à jouer. »

JEAN-CLAUDE LEWANDOWSKI

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