Mali – Scolarisation au Mali : quand la pauvreté sert de prétexte

Mali – Scolarisation au Mali : quand la pauvreté sert de prétexte
Soir de Bamako – [03/03/05]
Au Mali, comme dans beaucoup d’autres pays africains, la pauvreté est un prétexte pour justifier le manque d’initiative. Les dépenses exponentielles à l’occasion de certaines cérémonies, démontrent pourtant que tout ne se résume pas à la pauvreté.

A entendre certains parents dire qu’ils n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école, et à les voir célébrer avec faste certaines cérémonies de baptême, de mariage, d’anniversaire etc. il y a de quoi réfléchir sérieusement.

On a la richesse matérielle, comme l’affirment certains, mais ce qui manque aux Africains, c’est la richesse spirituelle. Combien sont-ils aujourd’hui qui préfèrent se faire coudre un bazin brodé que d’acheter un livre pour son enfant ?

Combien sont-ils qui trouveront plaisir à distribuer de billets de banque à des griots pour qu’ils chantent leurs louanges à l’occasion de certaines cérémonies alors que les frais de scolarité de leurs enfants ne sont pas payés ? Et combien de parents optent pour d’autres activités lucratives que d’envoyer leurs enfants à l’école ? Ce sont là des questions qui reflètent bien la réalité dans notre milieu social.

L’école, il faut le dire, est moins perçue comme un "bon investissement", un centre d’éducation. Etudier consiste à mettre l’enfant en retard aux yeux de nombreux parents. Par ailleurs, si l’obligation pèse sur certains d’envoyer leurs enfants à l’école, il n’en est pas de même pour leur suivi.

Pire, certains parents ne cherchent même pas à savoir les causes du renvoi de leurs enfants. La réalité est qu’à son retour à la maison, l’enfant est abandonné à lui-même. Et dire que c’est la pauvreté qui est à la base de l’échec de l’enfant ? C’est moins sûr.

Mais une chose est certaine, c’est que les Africains se sont longtemps abrités derrière la pauvreté pour justifier leur manque d’initiative. Pourquoi dit-on alors que le sous-sol africain est riche, et en conséquence les Africains riches ? Ces richesses, à notre avis, ne sont pas utilisées à bon escient.

A cela s’ajoute la réticence de certaines couches sociales, en raison de culture ou de leur religion, d’envoyer leurs enfants à l’école. Donc ce n’est pas une question de moyens seulement qui explique la non scolarisation des enfants.

Et que dire d’un parent d’élève qui achète une moto ou un vélo pour son enfant ou qui l’envoie en vacances à l’extérieur, mais qui éprouvent de la peine à acheter un livre, un crayon etc. pour ce même enfant ? La réalité est que ces familles comptent beaucoup plus sur leurs "relations" personnelles pour faire "avancer" leurs progénitures que sur le bagage intellectuel de celles-ci.

Aimé Rodrigue

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