MBA ESSEC (France) – L’Essec installe un campus à Singapour

MBA ESSEC (France) – L’Essec installe un campus à Singapour
[09/06/06]
Source: Les Echos
Le groupe de Cergy va déployer à Singapour l’ensemble de ses activités d’enseignement et de recherche. Une étape clef pour son développement international.

Dans la course à l’international qui oppose les grandes business schools, l’Essec vient de franchir une étape majeure : le groupe de Cergy a inauguré, il y a quelques jours, un campus à Singapour. Avec l’ambition d’en faire une plate-forme pour rayonner en Asie, qui connaît un essor économique sans précédent, et qui affiche d’énormes besoins en matière de formation supérieure.

A Singapour, l’Essec Asian Center (EAC) dispose d’un étage entier au sein du bâtiment ultramoderne de la Bibliothèque nationale, au coeur du quartier des affaires. L’EAC est en outre installé à proximité de deux des trois universités locales. L’Essec prévoit d’y déployer l’ensemble de ses activités : enseignement initial, formation de cadres dirigeants, recherche. Le tout pour un budget annuel de 3 millions d’euros.

Depuis l’automne, le nouveau campus a déjà accueilli les étudiants de deux de ses masters et de son cycle « Management général international ». A compter de cet été, il recevra une quarantaine d’élèves du cursus initial (« Essec MBA »), venus de Cergy pour six mois dans le cadre de la filière Asie. Dès l’an prochain, l’effectif atteindra une centaine d’élèves. Les participants de l’Executive MBA Essec-Mannheim passeront également une semaine à Singapour. « Tous ces programmes comportent des enseignements spécifiques : comment faire du business en Asie, ou l’environnement social asiatique », précise Christian Koenig, le directeur du centre. Les élèves de la filière Asie suivront aussi des cours de mandarin, et pourront participer à des voyages d’études. Les cours sont dispensés par le corps professoral de l’Essec ou par des professeurs d’universités partenaires.

Pour la suite, l’Essec Asian Center nourrit de nombreux projets. Des formations destinées aux étudiants asiatiques vont voir le jour – par exemple dans le domaine du management de la santé. Des séminaires pour dirigeants sont aussi en gestation, comme le MaKS (« Management Korea Singapore »), destiné à un consortium de firmes coréennes. Enfin, cinq thèmes de recherche ont été choisis : les marques de luxe en Asie, le management urbain, l’éthique et les biotechs, innovation dans les services, gestion des risques et développement durable. « Autant de domaines dans lesquels nous pouvons apporter une expertise spécifique », souligne Christian Koenig. A l’horizon 2010, l’Essec table sur une dizaine d’enseignants permanents, une douzaine de chercheurs et des professeurs « visitants ».

L’ouverture du nouveau campus est l’aboutissement d’un projet initié il y a quatre ans. Désireuse de s’implanter en Asie, l’Essec hésite entre trois sites : Tokyo, Shanghai et Singapour. Plusieurs raisons motiveront le choix de cette dernière. « A la différence de métropoles comme Tokyo ou Shanghai, qui conservent un caractère national prononcé, Singapour offre un condensé des différentes sociétés asiatiques. C’est une plate-forme idéale pour l’ensemble de la zone Asie, en même temps qu’une porte d’entrée pour la Chine », explique Pierre Tapie, le directeur général du groupe. L’Inde, le Japon, la Corée, le Vietnam et même l’Australie font partie des pays que l’Essec peut espérer atteindre à partir de sa nouvelle base.

De plus, Singapour a choisi depuis longtemps d’investir dans l’enseignement supérieur. « Il s’agit pour nous d’une priorité, expose Jonathan Lim, responsable de l’Economic Development Board (EDB), une agence gouvernementale rattachée au ministère de l’Industrie et du Commerce. Depuis les années 1990, nous cherchons à attirer les écoles de premier plan, et nous les aidons financièrement. Nous partageons le risque avec elles. » Ce soutien financier des autorités locales a aussi pesé dans la balance. Sur place, l’Essec côtoiera l’Insead, qui a ouvert son campus en 2000, et l’université de Chicago.

Plusieurs autres arguments ont joué. D’abord, la stabilité politique et économique dont bénéficie Singapour. Ensuite, la facilité d’accès : une demi-heure suffit pour gagner le centre-ville depuis l’aéroport – un point appréciable pour les enseignants qui feront le voyage. S’ajoute à cela la qualité de vie, et le fait qu’il s’agisse d’un pays anglophone.

La nouvelle implantation asiatique s’articule avec la stratégie « tricontinentale » de l’Essec. Le groupe joue ainsi la carte européenne avec son alliance avec l’université de Mannheim, est présent sur le continent nord-américain au travers de partenariats avec des universités comme Kellog, Thunderbird, Berkeley, Harvard et Stanford, et surtout se renforce en Asie. L’objectif étant de maintenir le nombre d’étudiants issus des classes préparatoires et d’accroître celui des non-Européens. Parmi ceux-ci, les deux tiers viendraient d’Asie.

Le campus singapourien apparaît ainsi comme une pièce maîtresse dans le développement de l’Essec. Au point qu’il paraît de nature à faire évoluer le groupe. C’est en tout cas le pari du directeur général : « Singapour offre une fenêtre exceptionnelle pour observer ce qui se passe en Chine ou en Inde, affirme Pierre Tapie. En nous installant en Asie, nous allons apprendre à penser autrement. Nous allons mieux comprendre un monde qui change. » Dans ce contexte de mutation accélérée, l’Essec entend faire entendre sa voix, différente de celle d’autres écoles. « Le monde bouge, mais la tradition européenne a aussi son mot à dire sur ces changements, poursuit Pierre Tapie. Nous voulons participer à l’invention d’une nouvelle façon de former des dirigeants créatifs et responsables. » C’était d’ailleurs le thème du colloque qu’organisait l’Essec, avec les doyens de plusieurs chefs d’entreprise et doyens de business schools de premier plan, le jour de l’inauguration de l’EAC. Une façon pour l’école d’afficher ses ambitions.

Jean-Claude Lewandowski

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